Coordonnatrice du Programme, Tyndale St-Georges Community Centre : Le Youth Internship Program, c'est vraiment un programme de prévention des gangs de rue.
Je crois que lors du premier projet pilote, entre 15 et 20 jeunes ayant eu des démêlés avec le système de justice pénale avaient été choisis. En gros, l'objectif est simplement d'offrir une possibilité de réadaptation à une vie autre.
Cette communauté est la plus grande des communautés de logement social de Montréal. La communauté entière de ces jeunes connaît la vie des gangs de rue, les drogues et la violence.
Je suis convaincue que le stage est très novateur justement parce qu'il est basé sur leurs intérêts.
Un des plus grands défis est de trouver des stages. Je pense que beaucoup de compagnies sont intéressées parce que c'est gratuit; ça ne leur coûte pas un sou. Dans l'ensemble, j'ouvre le bottin et je trouve tout ce que je peux. Le stage est comme un emploi. Ils doivent y être à un moment bien précis, ils doivent y rester tant d'heures, ça demande beaucoup de responsabilités et de prise en charge de leur part et ça exige qu'ils soient très proactifs.
C'est certain qu'une catégorie de ces jeunes ne peut tout simplement pas s'y engager. Nous avons réalisé qu'il était très difficile pour eux de rester engagés dans le stage; l'argent se fait bien plus vite dans la vie criminelle. Alors c'est l'un ou l'autre: je fais 200$ en une heure ou je m'assois avec toi.
C'est fâcheux que le programme exige autant de responsabilités de leur part et une bonne partie d'entre eux ne sont malheureusement pas prêts pour ça.
En travaillant avec ces jeunes, j'ai réalisé que ceux-ci ne viennent pas à nous, qu'on doit simplement aller vers eux, là où ils sont. En fait, je les suis 24 heures sur 24; alors je dois utiliser tous les médias comme les messages textos, Facebook et Twitter seulement pour me tenir au courant de leurs faits et gestes. Et ils me racontent l'incidence que ça a eu sur eux; donc, si vous êtes sur le point de faire une transaction de drogue et que vous recevez un texto de votre travailleur communautaire vous disant à quel point il pense à vous, qu'il tient à vous, ça devient très difficile de poursuivre cette transaction.
Beaucoup de jeunes ont sans aucun doute apprécié le soutien individuel. Mais on a réalisé que ce n'était tout simplement pas possible pour un travailleur, tout particulièrement pour un seul travailleur, que les jeunes impliqués dans le système de justice pénale avaient tout simplement besoin de plus.
Qu'ils avaient besoin plus qu'un stage de trente heures et plus que les 200$ qu'ils recevaient en bout de ligne et qui n'équivalaient même pas au salaire minimum, qu'ils avaient besoin plus que six ateliers et plus qu'un seul travailleur. Lorsque je suis arrivée, le programme est devenu axé sur les jeunes à risque et pas à très grand risque.
Mais selon les résultats du projet-pilote et selon mes propres expériences ici, s'il n'y avait pas de possibilités créées pour autre chose, les jeunes ne pourraient pas voir qu'ils pourraient être plus que cela. Qu'ils pourraient aller à l'école, qu'ils pourraient avoir un vrai emploi et faire vraiment de l'argent.