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Surreprésentation des Autochtones - Devon

Transcription

  • Cette vidéo est une histoire vraie, racontée par les personnes qui l’ont vécue, dans leurs propres mots.
  • Elle contient des thèmes qui peuvent être troublants pour certaines personnes.

Devon

Je m'appelle Devon « Lucky » Napope. Je suis un survivant de la pauvreté, des dysfonctionnements, des dépendances et de la vie dans la rue.

Ma vie est le résultat des pensionnats autochtones, mon environnement. Beaucoup de dépendances se sont propagées dans toute ma famille depuis ma mère, ma grand-mère, mes tantes, mes oncles. Il semblait donc que j'étais destiné à devenir toxicomane et alcoolique, et que ma vie se résumerait juste à la prison et aux gangs, pour ensuite retourner vivre dans la rue, sans espoir.

Mes activités criminelles ont commencé lorsque notre oncle nous a utilisés pour voler de la nourriture dans une épicerie. Cela a donc commencé avec des objets matériels; nourriture, bonbons, vêtements. Bref, tout ce dont nous étions privés et c'était à un jeune âge, huit, neuf ans. Chaque jour, allez voler un vélo, vous savez, prendre ce que vous n'avez pas. J’ai commencé à être incarcéré un mois après être devenu légalement assez vieux, c’est-à-dire à 12 ans. Mon frère et moi voulions juste des chaussures, des shorts... ces petites choses dont nous étions privés. Ça s’est transformé en d’autres vols, en violence, en introductions par effraction, en consommation de drogues et d'alcool. C'est un effet boule de neige. Au cours des six années suivantes, j'ai passé plus de quatre ans dans des prisons pour jeunes. Ça m’a complètement désensibilisé. Comment ne pas pleurer, ne pas ressentir. J'ai essayé de ne pas montrer mes émotions alors j'ai tout gardé à l’intérieur. Je n'ai pas confronté mon passé. Tous les abus, les dysfonctionnements, je n'ai rien dit. Au fil du temps, je n’arrêtais pas d’aller en prison et d’en sortir, d’y retourner, c'était la folie. Je sortais dans le même état que j’étais entré. Vous savez, c’est comme si on pesait sur pause lorsque j’entrais, c'est vraiment ce qu'est la prison.

Le système actuel est conçu pour seulement punir les gens. Jetez les gens en prison, avec des peines de plus en plus sévères, que ce soit pour les jeunes ou pour les adultes. Cela a un énorme effet d'entraînement. Cela ne règle rien, car il n'y a pas de guérison. Il n'y a pas de traitement. S'il y avait eu un moyen de m'aider à voir les conséquences que mes gestes avaient, cela m’aurait aidé à prendre aussi conscience de mes propres difficultés, puisque je ne voyais pas le combat que je devais moi-même mener.

J’entrevois le système comme étant conçu pour vous ramener en arrière. Conçu en fonction de, pour la division parmi les peuples autochtones et leur culture. Cet environnement qui crée des gangs, qui crée plus d'amitiés dans un mode de vie dysfonctionnel. Si STR8 UP n'était pas là pour moi, je serais définitivement de retour en prison.

STR8 UP est un organisme communautaire basé à Saskatoon qui aide les individus à devenir maîtres de leur propre destinée en se libérant de leur mode de vie criminel et des gangs de rue.

Travailleur de première ligne de STR8 UP

Lorsqu’ils se joignent à STR8 UP, nous leur demandons quatre ans de leur vie parce que nous savons que cela leur prendra beaucoup de temps pour inverser les, les tragédies du passé. Ils ont besoin de sortir d'un gang. Ce n'est pas négociable. Ils doivent confronter leur dépendance parce que s'ils ne parviennent pas à vaincre cela, cette maladie, il n'y aura pas de succès.

Devon

STR8 UP était là quand personne d'autre ne l'était et m'a conduit vers cette source de lumière. Vous savez, ils ont créé des occasions. Ils m'ont remis sur le chemin.

Quand je raconte mon histoire, il y a mille voix derrière la mienne parce que ce n'est pas seulement moi qui traverse ça, c'est toute la communauté dans laquelle j'ai grandi.