Comprendre la violence familiale et les agressions sexuelles dans les territoires, les Premières Nations, les Métis et les Inuits
4. Victimes
Même si la violence du délinquant est enracinée, au moins en partie, dans le fait qu’il a été lui-même une victime, c’est la victime de l’infraction actuelle qui supporte la gravité et les conséquences de celle-ci. Les 1 474 cas de violence familiale et d’agression sexuelle ont fait 1 646 victimes, soit 647 victimes d’agressions sexuelles et 999 victimes de violence familiale.
Les femmes constituaient la grande majorité des victimes d’agressions sexuelles et de violence familiale dans les trois territoires : plus de 90 % des victimes d’agressions sexuelles et plus de 85 % des victimes de violence familiale.
L’âge moyen des victimes d’agressions sexuelles était bien inférieur (environ 19 ans) à celui des accusés (environ 32 ans). Alors que l’âge des individus accusés d’une agression sexuelle allait de 13 à 85, celui des victimes allait de 1 à 86 ans.
Nunavut | T.N.-O. | Yukon | |
---|---|---|---|
Le plus jeune | 1 | 2 | 1 |
Le plus vieux | 76 | 86 | 47 |
Âge moyen | 18 | 22 | 18 |
Âge médian | 16 | 18 | 15 |
Là encore, les victimes d’infractions de violence familiale étaiet en moyenne un peu plus jeunes (29 ans) que les accusés (32 ans). Cependant, comme dans le cas des agressions sexuelles, on relève une différence importante dans les gammes d’âge des victimes de violence familiale par comparaison avec l’âge des accusés. L’âge des accusés d’infractions de violence familiale allait de 16 à 75; l’âge des victimes allait de 1 an à 73 ans.
Nunavut | T.N.-O. | Yukon | |
---|---|---|---|
Le plus jeune | 1 | 2 | 1 |
Le plus vieux | 70 | 55 | 73 |
Âge moyen | 29 | 30 | 31 |
Âge médian | 28 | 29 | 31 |
Comme on s’y attendrait, la grande majorité des victimes de violence familiale étaient les épouses ou conjointes actuelles (72 %), dans 4 % des cas, il s’agissait d’épouses ou de conjointes précédentes et dans 7 % des cas d’une personne que l’accusé fréquentait au moment de l’incident. Quatre pour cent (4 %) des victimes étaient les enfants de l’accusé ou ceux de sa conjointe.
Dans le cas des agressions sexuelles, les victimes étaient par ordre décroissant, une connaissance (25 %), une amie (10 %), une étrangère (8 %), une nièce ou un neveu (6 %), l’enfant de la conjointe (4 %), l’épouse ou la conjointe actuelle (4 %), un petit-fils ou une petite-fille (2 %), un frère ou une sœur (2 %), un(e) voisin(e) (2 %). D’après les données, les victimes d’agressions sexuelles étaient des étrangères dans 20 % des cas pour l’ensemble du Canada et dans 8 % des cas dans les territoires. Cette différence est vraisemblablement due au fait que, dans le Nord, les collectivités ne sont pas très grandes. Au Nunavut, les collectivités comptent généralement de 1 000 à 1 300 habitants; certaines peuvent avoir aussi peu que 270 habitants.
On a recueilli des données sur la gravité des blessures infligées aux victimes. Les blessures physiques ont été définies comme mineures ou majeures. Les blessures « mineures » n’ont pas besoin de traitement médical; les premiers secours suffisent, car il s’agit d’éraflures, de contusions, de coupures et d’écorchures. Les blessures physiques « majeures » sont les blessures qui nécessitent un traitement médical sur place ou à l’hôpital, par exemple, pour des sutures ou le traitement de fractures. Comme l’indique le tableau 18, la proportion de victimes ayant subi une blessure majeure ou mineure varie largement. La majorité des victimes de violence familiale dans les territoires ont signalé une blessure : 67 % une blessure mineure et 17 % une blessure majeure[7].
Un pourcentage inférieur de victimes d’agressions sexuelles ont déclaré avoir été blessées. Un quart environ (23 %) ont déclaré avoir subi une blessure physique ou psychologique : 21 % une blessure mineure et 2 % une blessure majeure.
La majorité des victimes des deux types de violence ont présenté une déclaration de la victime[8] : 76 % des victimes d’agressions sexuelles et 88 % des victimes d’infractions de violence familiale. Au Nunavut, 85 % des victimes d’agressions sexuelles ont présenté une déclaration de la victime ainsi que 62 % au Yukon et 61 % dans les T.N.-O. Pour ce qui est des infractions de violence familiale, c’est encore au Nunavut que le taux de victimes ayant présenté une déclaration de la victime est le plus élevé (95 %), viennent ensuite les T.N.-O. (87 %) et le Yukon (82 %)[9].
En décrivant les effets des voies de fait subies par les victimes, les déclarations de celles-ci mettent en lumière un autre type de dommages distinct des blessures déclarées à la police ou au procureur au moment de l’infraction. Dans la majorité des déclarations présentées, les séquelles qu’enduraient le plus souvent les victimes avaient trait à l’incapacité de dormir, à des sentiments de peur, de dégoût, de honte, de colère et de confusion, à la perte de confiance, à l’impossibilité de retourner à l’endroit où s’était produit l’incident – lieu de travail etc. – à des souvenirs récurrents. Ces répercussions signalées par les victimes de violence dans les territoires sont semblables à celles relevées dans le cadre des enquêtes sur la victimisation pour l’ensemble du Canada : les sentiments de confusion et de frustration et les troubles du sommeil étaient parmi les effets les plus courants (AuCoin et Beauchamp, 2007). De plus, plusieurs des victimes signalées dans les territoires avaient mentionné des idées suicidaires. Bon nombre des victimes d’agressions sexuelles dans les territoires étant assez jeunes, leur âge se reflète dans le nombre de celles qui ont mentionné l’incapacité d’aller à l’école à cause du sentiment de confusion qui les envahissait et des souvenirs de l’agression qui revenaient les hanter.
Voici des extraits de déclarations des victimes présentées dans les territoires et décrivant les expériences que celles-ci ont subies :
Les victimes de violence familiale signalent des troubles du sommeil, de la confusion, de la crainte, l’impression d’avoir été trahies et la perte de tout sentiment de confiance ou de sécurité. Elles expriment également des sentiments de crainte pour leurs enfants et d’incapacité de les protéger. Voici quelques extraits de déclarations de victimes d’infractions de violence familiale :
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