Enquête auprès des femmes qui ont survécu à une agression sexuelle

12. Remarques finales

Les résultats de l’enquête font ressortir toute une gamme de facteurs susceptibles d’influencer la décision des femmes de signaler ou non à la police la ou les expérience(s) d’agression sexuelle dont elles ont été victimes. Parmi ceux-ci, on trouve les expériences des femmes avec le système de justice pénale et les croyances qu’elles entretiennent sur la manière dont ce système traite l’agression sexuelle, l’interprétation qu’elles donnent à ce qui leur est arrivé et les réactions de leur entourage.

Les femmes qui reconnaissent que l’acte commis à leur endroit est une agression semblent plus enclines à porter plainte que celles qui minimisent ce qui est arrivé, qui en ont honte ou qui se le reprochent. On remarque aussi qu’il est plus probable qu’une femme porte plainte si elle est crue et soutenue par son conjoint, sa famille, ses amis ou par le personnel de la justice pénale que si ce n’est pas le cas.

Les femmes qui ont survécu à une agression sexuelle et qui ont eu affaire à la police ou aux tribunaux en tant que victimes ou témoins condamnent bien des aspects du processus pénal, notamment la production possible de leurs dossiers personnels, parce qu’elles y voient une forme de nouvelle victimisation. Même s’il est possible que celle-ci ne suffise pas à les empêcher de porter plainte, elle ne leur facilite certainement pas les choses.

Les participantes à l’enquête ont proposé un certain nombre de mesures en vue d’améliorer les réponses que le système de justice pénale offre actuellement à l’agression sexuelle. La description des quelques rares expériences positives vécues par certaines femmes qui ont signalé l’agression à la police montrent qu’une plus grande sensibilisation et un plus grand respect de la part du personnel de la justice pénale pourraient fortement contribuer à réduire les mauvaises expériences des survivantes.

Certaines femmes ont aussi insisté sur la nécessité de regarder au-delà du système de justice pénale pour se pencher sur les causes fondamentales de l’agression sexuelle et ont indiqué qu’il fallait que la société encourage davantage la dénonciation de ce crime. Pour reprendre les termes utilisés par une participante:

«Quand il s’agit de crimes d’ordre sexuel, c’est moins dérangeant pour tout le monde de nier».

Enfin, les résultats de l’enquête confirment à quel point il est important, dans le cadre de recherches, de continuer à consulter les survivantes d’agression en tant que sources d’information avant d’élaborer une politique et de la mettre en application. Une participante s’est exprimée ainsi: «les gens qui font les lois auraient avantage à s’asseoir avec ceux que les lois touchent et à leur parler».