« Créer un cadre de sagesse communautaire » : examen des services aux victimes dans les territoires du Nunavut, du Nord-Ouest et du Yukon

2. Nunavut (suite)

2. Nunavut (suite)

2.3 Services officiels offerts dans les collectivités du Nunavut

2.3.1 Portée et méthodologie

Au début de la présente étude, comme il a été mentionné plus haut, nous avons décidé d'inclure la gamme la plus étendue possible de fournisseurs de services à la personne dans le recensement des services aux victimes de crime. Comme il existe peu de services d'aide aux victimes et qu'il y a un grand nombre de résidents qui ont été victimes de crime, il est réaliste de supposer que tous les fournisseurs de services à la personne au Nunavut aident les victimes de crime à un titre ou un autre. Par conséquent, nous avons décidé de contacter les services suivants dans chaque collectivité du Nunavut : écoles, centres d'amitié, centres de santé, Églises, programmes d'aide aux toxicomanes, centres de mieux-être, refuges pour femmes battues, centres de programmes pour les enfants et les familles et centres d'orientation. Ces services ne sont pas universels au Nunavut et, en fait, la plupart des collectivités offrent très peu de services à la personne, encore moins des services ayant pour but précis d'aider les victimes de crime. Nous avons contacté les services universels, comme la GRC, par l'entremise de leur administration centrale à Iqaluit au Nunavut[21].

Il y a trois régions comptant vingt-huit collectivités au Nunavut. Le recensement des services a été effectué en fonction de ces régions, à savoir Qikiqtaaluk (auparavant Baffin), Kitikmeot et Kivalliq (anciennement Keewatin). Au total, 148 fournisseurs de services communautaires et sept fournisseurs de services universels ont été recensés dans les 28 collectivités.

Le recensement a été complété par des entrevues personnelles sur place à Rankin Inlet et Iqaluit, et un sondage téléphonique a été mené à partir de Yellowknife dans les Territoires du Nord-Ouest[22]. Les numéros de téléphone ont été obtenus par l'entremise du ministère de la Justice du Nunavut, au moyen de l'annuaire téléphonique et par le bouche-à-oreille des fournisseurs de services de la même collectivité ou région.

Au total, les 148 fournisseurs de services communautaires recensés ont rempli 91 questionnaires. Les sept fournisseurs de services universels ont rempli un questionnaire. On a téléphoné à cinq occasions différentes aux 57 autres fournisseurs de services communautaires qui n'avaient pas rempli le questionnaire, mais ils n'ont pas répondu, leur ligne téléphonique venait d'être débranchée et(ou) le service avait été interrompu ou ils ont indiqué qu'ils n'offraient pas de services aux victimes. Les fournisseurs de services qui avaient mis fin à leur programme, mais qui avaient l'intention de recommencer à l'offrir, ont été inclus dans le recensement.

2.3.2 Constatations du recensement

La plupart des fournisseurs de services désiraient participer au recensement des services et ils ont formulé des recommandations en matière de services aux victimes et fourni des données sur leur propre service. Les 91 fournisseurs de services communautaires et les sept fournisseurs de services universels se classent en dix-huit catégories. Les fournisseurs de services universels sont les suivants :

Voici les fournisseurs de services communautaires :

Chacune de ces catégories fait l'objet d'un examen ci-dessous. Une description complète des évaluations par les répondants des services aux victimes et de la victimisation dans leur collectivité figure à la partie suivante de la présente section, à savoir « Obstacles au travail des fournisseurs de services au Nunavut ». Leurs recommandations concernant l'amélioration des services aux victimes figurent à la section « Recommandations sur les services aux victimes au Nunavut »[23].

Nous avons contacté les organismes de services universels offerts aux victimes de crime dans l'ensemble du Nunavut par l'entremise de leur administration centrale à Iqaluit. Ce sont : la GRC, les conseils de hameau municipaux[24], le ministère de la Santé et des Services sociaux du Nunavut (les centres de santé sont décrits par collectivité); les centres d'apprentissage communautaires du Collège de l'Arctique du Nunavut (présents dans 13 collectivités) et deux lignes sans frais, « Échec au crime » et « Ligne d'écoute téléphonique Qikiqtaaluk (Baffin) », accessibles dans toutes les collectivités. De plus, le ministère de la Justice Canada, bureau du Procureur de la Couronne de la région du Nunavut, offre un programme d'aide aux victimes et aux témoins à Iqaluit. Trois membres du personnel de ce programme accompagnent les juges de la Cour de circuit au Nunavut. Un résumé de ces services universels figure ci-dessous.

En résumé, selon le recensement des services, comme il a été mentionné plus haut, il n'y a actuellement qu'un service au Nunavut réellement appelé « Programme d'aide aux victimes ». Il est parrainé par le Centre d'amitié de Rankin Inlet. Il y avait un autre programme d'aide aux victimes offert par le passé par l'entremise de la Qikiqtaaluk (Baffin) Regional Aggvik Society à Iqaluit, qui parraine également le refuge pour femmes battues à Iqaluit. Ce programme de services aux victimes est suspendu indéfiniment en raison de difficultés financières. Hormis les six refuges pour femmes battues au Nunavut, et le Programme d'aide aux témoins et aux victimes du bureau du procureur de la Couronne associé à la Cour de circuit, il n'y a pas d'autres services au Nunavut dont le seul mandat est d'aider les victimes de crime [25].

Comme il a été mentionné plus haut, la plupart des fournisseurs de services à la personne au Nunavut connaissent bien le fait qu'ils assurent des services à des victimes de violence, et l'on peut s'en rendre compte par les commentaires qu'ils ont faits pendant les entrevues. Il importe de noter ici que l'impression générale qui se dégage des observations formulées par les répondants pendant le sondage est le stress, la tristesse, l'intense frustration et même la colère que suscite ce qu'ils décrivent comme un manque presque complet de sécurité et de programmes de rétablissement offerts aux personnes victimes de violence. Le mandat de certains services peut comprendre des services aux victimes, mais en raison d'un manque de fonds, de l'épuisement professionnel et du roulement du personnel, du manque de personnel formé, de l'attitude de la collectivité et d'autres obstacles décrits dans la section qui suit, la plupart des fournisseurs de services à la personne au Nunavut se trouvent dans l'incapacité d'offrir plus que ce qu'ils considèrent comme des solutions symboliques à un problème qu'ils décrivent comme « monumental ».