Introduction
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Une entrevue judiciaireNote de bas de page 1, parfois appelée entrevue d’enquête, est un processus au cours duquel une personne (par exemple un agent de police) recueille des informations auprès d’une victime présumée, d’un témoin ou d’une personne concernée par un crime (adulte ou enfant) afin d’obtenir des éléments de preuve concernant le crime en question. Au Canada, la police et les intervenants du système de justice pénale ont recours à différentes méthodes pour réaliser des entrevues judiciaires. Les entrevues peuvent être menées par un agent de police ou un civil formé. Dans certains cas, une équipe pluridisciplinaire comprenant des représentants des services d’aide aux victimes (qui peuvent faire appel aux services d’un animal de soutien), des services de santé mentale ou des services de protection de l’enfance peut être présente avant ou après l’entrevue. Les techniques d’entrevue judiciaire sont souvent utilisées avec des victimes qui ont été traumatisées par l’incident faisant l’objet de l’enquête, ou avec des victimes qui sont vulnérables pour d’autres raisons. Elles sont souvent mises en œuvre lors d’entrevues avec des victimes de violences sexuelles, de traite de personnes, de maltraitance d’enfants et d’autres formes graves de victimisation.
Les techniques d’entrevue judiciaire visent à trouver un équilibre entre la nécessité de recueillir suffisamment d’informations pour mener à bien les poursuites et la nécessité de protéger la sécurité psychologique de la victime et d’éviter de la revictimiser. Les auteurs Hunley et O’Donohue (2022) affirment qu’un protocole pour les entrevues judiciaires en cas d’agression sexuelle doit répondre à quatre objectifs principaux. Premièrement, l’entrevue ne doit pas porter préjudice à la personne interrogée, ni l’offenser ou la dissuader de coopérer davantage avec les responsables de l’application de la loi; deuxièmement, le protocole doit permettre d’obtenir autant d’informations et de détails pertinents que possible sur l’incident afin de déterminer si un crime a été commis; ensuite, le protocole doit permettre de recueillir des renseignements d’une qualité et d’une quantité suffisante sur les détails de l’incident, tout en évitant de recueillir trop d’informations non pertinentes; enfin, la personne chargée de l’entrevue doit être en mesure de reconnaître les besoins médicaux, les besoins en matière de sécurité ou les besoins psychologiques urgents de la victime afin de s’assurer qu’elle est orientée sans délai vers les services ou les soutiens appropriés.
Historiquement, dans les entrevues, les services de police avaient recours à l’approche du rappel libre pour encourager une personne à relater des informations sans interruption, mais la compréhension des effets des traumatismes sur la mémoire a poussé la police à s’éloigner de cette approche générique et à adopter des techniques plus adaptées. Le présent document a pour but d’examiner plusieurs méthodes d’entrevue judiciaire couramment utilisées pour les entrevues avec les victimes vulnérables. L’objectif est de mieux comprendre les techniques d’entrevue, les données disponibles concernant les différents types d’entrevues et les pratiques exemplaires permettant de recueillir des informations utiles tout en protégeant la sécurité physique et le bien-être mental des victimes. L’examen commence par une discussion générale sur les victimes vulnérables et sur la manière dont les traumatismes peuvent affecter la capacité d’une victime à raconter les événements, suivie d’une discussion sur les méthodes particulières d’entrevue judiciaire employées pour les adultes et pour les enfants. L’examen se penche également sur les pratiques exemplaires et les considérations relatives à la collaboration avec les groupes en quête d’équité.
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