Et la vie continue : expansion du réseau familial après la séparation des parents

2004-FCY-9F

RÉSUMÉ

Contexte

Voici le troisième de trois rapports commandés par l'Équipe sur les pensions alimentaires pour enfants du ministère de la Justice du Canada. Ces rapports s'appuient sur les antécédents relatifs à la famille recueillis au cours de l'Enquête longitudinale nationale sur les enfants et les jeunes[1] (ELNEJ) afin de déterminer l'incidence des relations conjugales des parents sur l'environnement familial et le bien-être économique des enfants. Le rapport précédent portait sur la première transition que les enfants vivent le plus souvent, soit la séparation de leurs parents. Ici, nous allons plus loin dans l'avenir en nous attardant à l'expansion du réseau familial des enfants qui survient lorsque les parents séparés poursuivent leur parcours parental et conjugal en établissant une nouvelle union et en fondant une nouvelle famille.

Le présent rapport est divisé en deux grandes parties. La première traite essentiellement de l'arrivée de nouveaux parents et de demi-frères ou de demi-sœurs de sang ou non; elle met en relief toute la complexité et la diversité de ce qu'est devenue la vie de famille pour les enfants canadiens. Dans la deuxième, nous abordons la façon dont les enfants perçoivent leur relation avec leurs parents et leurs figures parentales, puis nous tentons de découvrir comment le parcours familial influe sur ces relations.

Méthodologie

La partie rétrospective « Antécédents relatifs à la famille et à la garde légale des enfants » de l'ELNEJ renferme des renseignements détaillés concernant les antécédents relatifs à la vie conjugale et parentale des deux parents biologiques des enfants, qu'ils vivent sous un même toit ou non. Il est donc possible non seulement de reconstituer le parcours familial des enfants, mais aussi d'étendre notre étude aux réseaux familiaux constitués de personnes qui n'habitent pas au même endroit : étant donné qu'il y a de plus en plus d'enfants qui passent de moins en moins d'années au sein d'une famille formée de leurs deux parents biologiques, les proches qui jouent un rôle important dans la vie de l'enfant ne vivent pas nécessairement avec lui.

L'analyse des parcours familiaux que contient la première partie de notre rapport se fonde sur des renseignements recueillis auprès de l'échantillon longitudinal d'environ 15 000 enfants qui faisaient partie des deux premiers cycles d'enquête et avaient entre 2 et 13 ans lors du cycle 2 (1996-1997). L'analyse des perceptions des enfants face à leurs « parents » découle des données colligées durant le troisième cycle, soit en 1998-1999, auprès des enfants âgés de 10 à 15 ans qui ont rempli eux-mêmes un questionnaire fait à leur intention.

Faits saillants

Répercussions

Peut-être que la contribution la plus importante sur le plan stratégique de l'analyse des parcours familiaux tient au fait qu'elle met en lumière la fluidité et la diversité grandissantes de la vie de famille au Canada. Afin d'éviter le recours à des solutions simplistes face à des situations complexes, il est essentiel de bien comprendre la nature mouvante de la situation familiale après la séparation. Dans bien des cas, par exemple, les dispositions prises lors de la séparation au chapitre de la garde, des droits de visite et de la pension alimentaire devront être modifiées en réponse à l'évolution de la situation conjugale ou parentale du père ou de la mère.

Étant donné que les parents sont plus nombreux à assumer la responsabilité d'enfants issus de plus d'une union, ils doivent aussi de plus en plus souvent répondre aux besoins de tous ces enfants, besoins qui ne sont pas nécessairement compatibles. De même, la question des droits et des responsabilités des beaux-parents s'applique désormais à une proportion croissante de familles. Déjà, la majorité de parents séparés sont confrontés à ces questions : avec un nombre qui ne cesse d'augmenter d'adultes et d'enfants vivant dans une famille qui compte un beau-père ou une belle-mère, ces nouvelles relations risquent de gagner en importance, et non pas le contraire.