Transcription
Cette vidéo est une histoire vraie, racontée par les personnes qui l’ont vécue, dans leurs propres mots
Elle contient des thèmes qui peuvent être troublants pour certaines personnes.
Jorgina Sunn
Je m’appelle Jorgina Sunn et je suis une rescapée du système de justice pénale canadien ainsi qu’une rescapée du système de protection de l’enfance.
Mes parents étaient tous les deux des survivants des pensionnats autochtones et en raison de leur expérience dans ces pensionnats, et comment ça a affecté leurs vies, ça a eu un impact sur ma propre vie et celle de mes frères et de mes sœurs. Nous avons vécu dans différentes familles d’accueil, où nous avons enduré tous les types d’abus; des abus sexuels, physiques et émotionnels. J’ai donc été privée d’amour, de bien-être et de sécurité. Et parce que j’ai été privée de ces choses, ça s’est manifesté par un manque d’estime de soi, une absence de sentiment d’appartenance et d’identité et ultimement, par une crainte constante des adultes qui m’entouraient. Je me suis donc retrouvée aux prises avec une dépendance à la cocaïne, et avec l’alcoolisme. Je me suis retrouvée, vous savez, toujours prise dans des relations abusives et j’ai fini par purger des peines, pour finalement me retrouver dans un pénitencier fédéral pour le trafic de cocaïne.
FAIT : Les adultes autochtones représentent 4,1 % de l’ensemble de la population adulte canadienne, mais 26 % des adultes en centre de détention fédéral.
La solution c’est, c’est juste d’enfermer les Autochtones. C’est la solution pour les gens qui sont brisés aujourd’hui, c’est de les mettre, les mettre en prison.
Être Autochtone veut dire valoir moins qu’une personne. Et donc, dans ces institutions, tu es traité comme si tu valais moins qu’une personne. Même si ce que je fais n’est pas bien, ultimement, il y a une raison qui explique pourquoi je fais ces choses et donc, dans ces endroits, vous savez, il n’y avait jamais d’espace ou d’occasion ou de sécurité qui permette de découvrir pourquoi.
FAIT : Les jeunes autochtones constituent 39 % des jeunes en prison provinciale ou territoriale.
Les services correctionnels, la police, les officiers qui m’ont arrêté, les juges, les avocats qui ne voulaient pas comprendre pourquoi je faisais les choses que je faisais, la haine et la rancœur que j’ai portées pendant plusieurs années envers tous les systèmes qui m’ont laissé tomber depuis que je suis…
Punir ne fonctionne pas. Il nous faut plus de lieux de guérison. Il nous faut une meilleure compréhension de, de ce à quoi ressemblent le traumatisme et le dysfonctionnement.
Père André, fondateur de STR8 UP
Toutes les prisons devraient être transformées en centre de réhabilitation et si les gens ne veulent pas en profiter, c’est leur choix. Mais beaucoup de gens le feraient.
STR8 UP est un organisme communautaire basé à Saskatoon qui aide les individus à devenir maîtres de leur propre destinée en se libérant de leur mode de vie criminel et des gangs de rue.
Jorgina Sunn
Les gens sont enfin en train d’avoir des conversations sur le fait qu’il y a cette surreprésentation des Autochtones dans le système judiciaire. Alors, qu’est-ce qu’on va faire pour changer ça? Qu’est-ce que vous allez faire pour toutes les personnes qui ont vécu les choses que j’ai vécues, pas par choix, lorsqu’elles étaient jeunes. Comment arrête-t-on ces cycles? La prison n’est pas la solution.
Fin
Faits Cités Dans la Vidéo
- Les adultes autochtones représentent 4,1 % de l’ensemble de la population adulte canadienne, mais 26 % des adultes en centre de détention fédéral. (Source : Sécurité publique. 2017. 2016 Aperçu statistique : Le système correctionnel et la mise en liberté sous condition).
- Les jeunes autochtones constituent 39 % des jeunes en prison provinciale ou territoriale. (Source: Statistique Canada. 2017. Statistiques sur les services correctionnels pour les jeunes au Canada, 2015-2016)