« Créer un cadre de sagesse communautaire » : examen des services aux victimes dans les territoires du Nunavut, du Nord-Ouest et du Yukon
3.0 Territoires du Nord-Ouest (suite)
3.0 Territoires du Nord-Ouest (suite)
3.2 Services offerts dans les collectivités des Territoires du Nord-Ouest (suite)
3.2.2 Constatations du recensement (suite)
Défis en matière de prestation de services aux victimes
Bien que la prestation de services aux victimes ait remporté un certain succès, les répondants ont fait état de difficultés dans ce domaine qui doivent encore fait l'objet d'une attention. Cette description des difficultés et lacunes dans les services offerts aux victimes de crime a été établie à partir des sources suivantes :
- fournisseurs de services, victimes de crime, administrateurs de programme et bailleurs de fonds interrogés pendant les travaux de recherche pour la présente étude (avril et mai 2002) figurant à l'annexe A (sans les noms des victimes interrogées);
- résultats de la Conférence sur l'aide aux victimes dans les T.N.-O. (mars 2001);
- publication du Conseil sur la condition de la femme des T.N.-O « Untold Stories of Battered Women » (mai 2002);
- compte rendu de la Social Agenda Conference des T.N.-O. (juillet 2001).
Des difficultés permanentes ont été relevées dans presque tous les domaines, notamment en ce qui concerne les victimes et les fournisseurs de services, le soutien et la compréhension des dirigeants, l'infrastructure nécessaire, les ressources et les services et la disponibilité de l'information, la difficulté de travailler avec les victimes de violence. En outre, même si les peines sont plus sévères, il est encore difficile de collaborer avec les systèmes judiciaire et correctionnel. Des renseignements détaillés sur chacun de ces domaines font l'objet d'un examen ci-dessous.
Manque de soutien des victimes et des fournisseurs de services
« Il n'y a pas de sentiment de responsabilité personnelle. »
« L'un des problèmes est l'endoctrinement pastoral des Aînés catholiques, par l'Église, selon lequel les personnes qui défendent les victimes des actes de violence subis dans les pensionnats sont "contre le peuple de Dieu" … les Aînés nient la violence et l'Église renforcent cette conviction. »
« Nous devons nous assurer que la collectivité sait en quoi consiste l'aide aux victimes »
« Il est difficile de renoncer aux idées et aux modes de pensée anciens au sujet de la violence … des années de comportements dysfonctionnels sont difficiles à changer … en raison de la revictimisation continue et du blâme jeté aux travailleurs de soutien dans les petites collectivités, il est très difficile de changer les choses. »
« Vos proches vous critiquent et vous tournent le dos … vous êtes considéré comme une mauvaise personne si vous essayez d'aider la victime. »
« Dans les petites collectivités, tout le monde connaît les affaires des autres et il n'y a pas de vie privée … tous sont parents et pleins de secrets … les gens craignent le stigmatisme du fait d'être « victime » ainsi que l'étiquetage et les ragots. »
« Personne, pas même la police, la famille ou les amis, ne reconnaît qu'il y a une victime. »
« Les gens utilisent la sorcellerie indienne pour intimider la victime … les victimes témoins s'enfuient et se cachent lorsque le tribunal siège dans la ville. »
Presque tous les répondants ont décrit le manque constant de soutien de la collectivité et des familles à l'égard des victimes et des fournisseurs de soins et(ou) de services qui cherchent à les aider. Ils estiment que cette approche est devenue une norme sociale acceptée. Certains croient que cette attitude s'est développée par suite de la violence généralisée subie dans les pensionnats par des générations entières d'Autochtones qui ont été brutalisés et traumatisés dans les T.N.-O. D'autres disent que ces attitudes ont toujours existé dans les cultures autochtones traditionnelles du Nord canadien. Cependant, quelle que soit leur origine, ces attitudes ont débouché sur un manque de soutien, le blâme, l'intimidation, la mortification et l'évitement des victimes et de ceux qui pourraient s'en occuper. Les victimes craignent que si elles parlent, demandent de l'aide ou essaient de partir, il n'en résulte des répercussions sur elles-mêmes, leurs enfants et leurs familles. On ne les croit pas; on les appuie ou les aide encore moins.
Selon les répondants, ces attitudes sont généralement plus fréquentes dans les petites collectivités éloignées. (Comme il est mentionné ailleurs dans le présent document, les répondants ont l'impression que cette approche négative de la victimisation change dans les grands centres.) Toutefois, lorsqu'elle existait, cette attitude a contribué à réduire au silence les victimes, à perpétuer le cycle de violence et de traumatisation de chaque génération et à entraîner un manque perpétuel de services pour les victimes de violence. On a reproché à certaines institutions, en particulier l'Église, de perpétuer une attitude consistant à « blâmer la victime » chez ses membres.
Manque de soutien et de compréhension des dirigeants
« Les dirigeants doivent être équilibrés … bon nombre d'entre eux ne sont pas en bonne santé et doivent maintenant prendre des décisions importantes qui influeront sur l'ensemble des T.N.-O. … mais ils semblent mettre l'accent sur l'acquisition facile et rapide d'argent et ne semblent pas pouvoir adopter une vision à long terme saine. »
« Les dirigeants acceptent les problèmes comme s'il s'agissait d'une façon d'agir normale. »
« Que pouvons-nous faire dans notre collectivité lorsque les dirigeants de notre bande se livrent à des actes de violence … lorsque l'agresseur est une personne respectée et puissante, c'est très difficile. »
« Il existe des inégalités dans notre collectivité en raison du pouvoir politique. »
« Les dirigeants doivent considérer les questions sociales et les questions relatives aux femmes comme des priorités par rapport aux questions économiques. »
« Il y a un manque de soutien du chef et du conseil … ce sont les personnes qui devraient connaître la différence, mais qui hésitent à apporter leur aide. »
« Bien des dirigeants sèment la division et font la promotion du racisme et de la fragmentation; ils ne peuvent pas partager leur pouvoir, travailler ensemble ou s'entraider. »
La plupart des répondants ont fait état du manque de connaissance, chez les dirigeants à tous les niveaux des administrations publiques et des Premières nations, de la prévalence de la victimisation et de ses effets généraux sur les individus et les familles et sur le tissu social du territoire. Certains répondants croient que des dirigeants qui sont au courant des effets dévastateurs de la violence intergénérationnelle, mais qu'ils n'en tiennent pas compte. Ces répondants ont indiqué que les victimes de violence constituent des boucs émissaires idéals pour les problèmes de la collectivité et empêchent les gens de mettre en question le déséquilibre du pouvoir dans la collectivité et les inégalités sociales qui en résultent. Plusieurs répondants ont signalé que certains de ces dirigeants sont eux-mêmes des agresseurs. Certains ont été reconnus coupables de voies de fait et sont quand même souvent réélus par la suite.
Les répondants ont indiqué que la violence familiale et la violence et les voies de fait à l'endroit des enfants ne sont pas des priorités politiques aux yeux de la plupart des dirigeants du territoire, de la région, du gouvernement autonome ou de la municipalité. Ils constatent que la plupart des dirigeants se concentrent sur le développement économique (comme le récent boom dans les secteurs du diamant, du pétrole et du gaz) à l'exclusion de la justice sociale et de services sociaux et de santé adéquats.
En outre, très peu de femmes occupent des postes de commande sur le plan politique dans le territoire. Les répondants ont signalé que les hommes au niveau de la collectivité, de la région et du territoire dissuadent activement les femmes de présenter leur candidature et qu'ils travaillent contre elles si elles sont élues. Plusieurs femmes des Premières nations ont dit qu'elles avaient été élues à des postes politiques dans leur collectivité mais que les hommes élus leur avaient dit qu'il n'y avait pas de place pour elles en politique et qu'elles devraient retourner chez elles.
Manque d'infrastructure, de ressources et de services
« On a enseigné aux gens à rester dans leur coin, et personne ne se concerte … le défi des organismes communautaires consiste à conjuguer leurs efforts de concert avec les victimes et les délinquants. »
« La réponse du gouvernement a consisté à aller de l'avant en ce qui concerne les questions économiques, mais non dans le domaine des questions sociales … les mines de diamant rapportent des milliards de dollars alors qu'on manque de fonds pour les programmes … nous avons un terrain de stationnement pavé et isolé pour l'Assemblée législative, et les écoles de nos enfants tombent en ruine … nos enfants victimes du syndrome d'alcoolisation fœtale se trouvent dans les rues. »
« Des propositions ont été rédigées pour répondre aux besoins des politiques, et non aux besoins de la collectivité. »
« Nous devons utiliser les fonds et les ressources jusqu'à la limite pour couvrir les coûts des évaluations, de l'aiguillage, de l'éducation et des activités … Les intervenants dans le domaine de l'alcool et des drogues doivent organiser des bingos pour obtenir de l'argent afin de financer leurs programmes … vivre de la toxicomanie pour faire face à la toxicomanie … il s'agit d'une triste indication de l'état de l'enveloppe sociale lorsque les écoles, les hôpitaux et les programmes de lutte contre l'alcool et les drogues doivent organiser des campagnes de financement pour offrir des services. »
« Il est stressant de dépendre d'un contrat annuel … cela nous donne l'impression que notre travail n'est pas apprécié à sa juste valeur … travailler avec les enfants et les familles constitue le travail le plus important, mais malgré tout nous ne sommes pas appréciés … essayer d'obtenir de l'aide pour les femmes et les familles est un véritable labyrinthe. »
« Il y a des défis sur le plan éthique … les victimes ne veulent pas faire appel aux fournisseurs de soins de la collectivité parce qu'ils sont parents … elles voudraient consulter quelqu'un qu'elles ne connaissent pas. »
« La situation du logement est devenue dramatique … au moins 30 femmes dorment chaque nuit sur le plancher de notre centre. »
« Le système de soutien du revenu est très punitif … on ne donne pas assez d'argent aux femmes et aux enfants pour qu'ils puissent se nourrir, encore moins répondre à d'autres besoins. »
« Lorsque le programme sera terminé, le défi consistera à trouver un soutien pour la femme dans sa collectivité afin qu'elle puisse rester dans le droit chemin … parfois les femmes ne peuvent pas désigner une seule personne saine et digne de confiance qui peut les aider dans leur collectivité. »
Le défi mentionné le plus souvent par les répondants était le manque général de ressources et de services dans les T.N.-O. La plupart ont fait une liste détaillée des services dont on avait le plus besoin, mais qui n'étaient pas offerts. Ce manque de ressources et de services se fait sentir le plus cruellement dans les petites collectivités. Toutes les collectivités, grandes et petites, aimeraient bénéficier de plus de services. Mais les répondants des petites collectivités estiment que cette lacune a créé une crise grave, car les tragédies et les injustices subies pendant des centaines d'années se font sentir durement chez les générations actuelles.
Ces nombreuses lacunes sur le plan des services sont les suivantes :
- services axés sur les victimes :
- la réponse de la GRC aux victimes de violence n'est pas toujours appropriée ou présente;
- il n'y a pas de services d'intervention ou de protection d'urgence, ni aucun lieu sûr ou refuge pour les victimes de violence dans la plupart des villes[96];
- il n'y a pas de services de soutien pour les victimes comme le counseling ou les groupes de guérison, en particulier dans les petites villes;
- les services de rétablissement actuels, comme les programmes de guérison et de traitement, sont insuffisants pour répondre aux besoins;
- il n'y a pas assez de programmes de services aux victimes;
- les systèmes actuels d'intervention et de soutien sont complexes et ne répondent pas aux besoins des individus, des familles et des collectivités.
- personnel professionnel :
- la police, les juges, les avocats ainsi que les ministères et organismes qui travaillent avec les victimes de violence ont besoin de plus de formation;
- les programmes actuels manquent de personnel et les travailleurs de première ligne sont surchargés, ils manquent de formation et ne sont peut-être pas en bonne santé;
- le népotisme (engager des amis et des parents) et les autres piètres pratiques en matière d'embauche sont courants;
- les salaires et les avantages sociaux des personnes qui travaillent avec les victimes des organismes non gouvernementaux sont insuffisants.
- ressources territoriales :
- il y a trop d'approches « descendantes » et trop de structures gouvernementales, de conseils communautaires et de comités, qui fragmentent les ressources, créent de la concurrence et limitent l'adoption d'approches concertées et holistiques;
- il y a une pénurie de logement dans le territoire; par conséquent, même si une femme veut quitter le foyer, il n'y a pas de logement disponible;
- les niveaux de soutien du revenu sont inadéquats;
- il faut trouver des solutions au problème de la prestation de services à des endroits éloignés avec peu de ressources;
- il y a trop de programmes transitoires;
- il y a un manque de responsabilisation à l'égard des programmes à tous les niveaux;
- il y a un écart entre les politiques du gouvernement et des organismes et leur application pratique;
- il n'existe pas de soutien régional, comme des centres de traitement et une aide postpénale complète;
- il y a trop peu de connaissances sur la petite enfance et trop peu de programmes d'intervention;
- il n'y a pas de centre de désintoxication dans les T.N.-O.
- ressources communautaires :
- la capacité d'exécuter des programmes est limitée;
- tous les ordres de gouvernement pénalisent les petites collectivités dans les endroits isolés parce que le financement est fondé sur les données démographiques par habitant;
- les politiques gouvernementales n'ont pas la souplesse nécessaire pour inciter la collectivité à faire face aux problèmes et à trouver des solutions;
- les programmes ne sont pas harmonisés, et ils sont axés sur la réaction et les situations d'urgence;
- les programmes ne traitent pas toute la famille.
- ressources des organismes :
- il n'y a pas de financement de base permanent pour la plupart des organismes qui aident les victimes … le financement d'une année à l'autre rend les programmes sociaux instables et exerce beaucoup de pression sur le personnel chargé de la prestation des services de première ligne;
- il y a trop de travail pour les services et organismes actuels.
Enfin, en ce qui concerne les ressources et les services, les répondants ont indiqué que les services pratiques dont les femmes et les enfants victimes de violence avaient le plus besoin semblent adopter une attitude de plus en plus punitive à l'égard de leurs clients. Ils disent que les périodes d'attente et les autres règles concernant le soutien du revenu créent du désespoir chez les gens et que les sommes accordées au titre du soutien du revenu ne tiennent pas compte du coût de la vie élevé dans les T.N.-O., car ils sont fondés sur les prix en cours dans le Sud. De plus, les répondants ont critiqué les approches négatives qu'utilisent, selon eux, certains conseils de la santé envers les mères à risque élevé. On a dit à certains organismes non gouvernementaux qu'ils ne recevraient plus de financement s'ils critiquaient publiquement les mesures prises par les travailleurs sociaux. Bien que ces services publics ne soient pas considérés comme des « services aux victimes », leur clientèle est constituée presque exclusivement d'hommes, de femmes et d'enfants victimes de violence. Les répondants croient que le service instable et punitif qu'ils reçoivent les victimise encore davantage et rend leur rétablissement impossible.
Manque d'information
« Il arrive souvent que les professionnels, les experts, les fournisseurs de soins et les fournisseurs de services ne comprennent pas la culture autochtone, les traumatismes ou la collectivité, la guérison de la famille et de l'individu … un trop grand nombre d'entre eux ne sont pas bien eux-mêmes. »
« L'attitude de la GRC n'est pas toujours bonne. »
« On n'écoute pas et l'on ne comprend pas l'histoire des victimes. »
Selon les répondants, même si la population semble de plus en plus sensibilisée, elle manque encore d'information. Le grand public et les fournisseurs de services de tous les secteurs n'en savent pas assez sur les ressources existantes; le public et les professionnels ont une connaissance limitée de la dynamique de la violence familiale et de la violence à l'endroit des enfants ainsi que des besoins et de la situation des victimes de violence. Le public ne connaît pas suffisamment les conséquences à long terme de la victimisation et du traumatisme. De plus, en raison des obstacles linguistiques et de la connaissance parfois trop limitée chez les fournisseurs de services des cultures des Premières nations, des Inuvialuits et des Métis, il est difficile de comprendre ces questions.
Difficultés de travailler avec les victimes de violence
« Il est difficile de travailler avec des victimes qui commettent également des actes de violence. »
« Les victimes ont de la difficulté à accorder leur confiance … la crainte et le manque de sécurité règnent. »
« Il est difficile de les amener à croire qu'ils ne sont pas responsables de la violence qu'ils ont subie. »
« Ils dépendent financièrement du délinquant. »
« La violence sexuelle intergénérationnelle est une vague de fond ici. »
Les fournisseurs de services et les fournisseurs de soins dans les T.N.-O. ont indiqué qu'il peut être difficile de travailler avec des victimes de violence, et ce pour diverses raisons. Il est difficile et bouleversant d'essayer d'aider des victimes de violence qui maltraitent également d'autres personnes, y compris leurs enfants. Il est difficile d'aider des victimes qui ont généralement des besoins très variés auxquels il est impossible de répondre rapidement ou de répondre tout simplement. Il est difficile d'aider des victimes qui sont généralement des otages affectifs de leurs agresseurs et qui ne peuvent pas mener leur vie comme elles l'entendent. Il est difficile de faire face à l'isolement affectif que vivent la plupart des victimes et à la crainte permanente à l'égard de la sécurité des victimes. Il est difficile de traiter avec des personnes qui abusent du système de soutien actuel. Il est difficile d'apporter une aide lorsque la victime ne veut pas quitter sa collectivité pour recevoir de l'aide. Il est difficile d'aider la victime lorsque celle-ci craint le système et a peur de subir d'autres actes de violence. Il est difficile d'aider les victimes lorsqu'on est soi-même une victime et qu'on n'a pas bénéficié d'une guérison ou d'une formation.
Difficulté de travailler avec les systèmes judiciaire et correctionnel
« Dans la salle d'audience, l'accusé est accompagné de tous les membres de sa famille tandis que la victime vient seule ou arrive en retard ou elle ne vient pas du tout … elle a peur de l'accusé et de sa famille. »
« Lorsque la victime intente des poursuites judiciaires, l'affaire est rejetée parce qu'il n'y pas "assez de preuves" de sorte que la violence se poursuit indéfiniment. »
« Il est impossible de comprendre ce qui se passe devant le tribunal et la victime devient frustrée. »
« Il y a un manque de confiance dans la capacité du système de justice d'apporter réellement une aide… les gens disent qu'"il" a fait son temps … de plus, personne ici ne s'occupe de la probation ou de l'aide postpénale après que l'accusé est incarcéré. »
« Certaines des victimes ont vraiment peur lorsqu'elles apprennent que le délinquant est mis en liberté et qu'il revient à la maison. »
Selon les répondants, des améliorations ont été apportées aux systèmes judiciaire et correctionnel, mais il faut poursuivre le travail pour que ces institutions de la justice pénale répondent aux besoins des victimes. Les répondants ont indiqué que la police n'applique pas toujours la politique obligatoire en matière de mise en accusation dans les cas de violence conjugale. De plus, elle ne donne pas toujours suite aux ordonnances de non-communication et aux manquements aux conditions de la probation.
Les répondants ont fait état des difficultés occasionnées par le processus judiciaire; celui-ci grugerait trop le temps et le délinquant ne serait pas surveillé avant la date de sa comparution. En outre, il arrive souvent que la victime n'ait pas de soutien pendant le processus judiciaire tandis que le délinquant semble bénéficier d'une aide considérable. Les répondants estimaient que les déclarations de la victime sont peu connues et que les victimes et leurs défenseurs sont frustrés du fait que l'accusé ne soit pas reconnu coupable à cause du manque de preuves.
Souvent, les victimes ne comprennent pas ce qui se passe devant le tribunal. Il y a un obstacle linguistique dans la salle d'audience, car certaines victimes ne peuvent pas exprimer ce qu'elles ressentent et décrire les faits en anglais et en langage juridique.
Les répondants ont relevé un certain nombre de difficultés particulières concernant le système correctionnel : il n'y a pas de counseling obligatoire pour le délinquant incarcéré ou en probation, les délinquants sont peu surveillés pendant la période de probation et les programmes d'aide postpénale après l'incarcération ou le traitement sont limités; il n'y a pas de système de sécurité ou de soutien pour les victimes dont les agresseurs sont mis en liberté.
Parmi les autres difficultés relevées, mentionnons le fait qu'il n'y ait pas assez d'avocats spécialisés en droit familial dans les T.N.-O. et qu'il n'y ait pas d'indemnisation des victimes d'actes criminels qui ont besoin d'une aide financière.
[96] Le financement hors réserve des refuges est différent du financement dans les réserves. Même si les Autochtones constituent 51 % de la population des T.N.-O., ce territoire ne reçoit pas de fonds spéciaux pour les refuges destinés aux Autochtones, contrairement aux refuges situés dans les réserves des Premières nations dans le Sud du Canada.
- Date de modification :