Les Afro-Canadiens en milieu urbain : Une étude qualitative des problèmes d’ordre juridique graves au Québec

Contexte des personnes d’ascendance africaine et système juridique au Québec

Les personnes d’ascendance africaine ont une longue histoire au Canada, y compris au Québec, qui remonte à 1628 (Gay, 2004, 2004; Williams, 1997, 17; Cooper, 2006, 71; et Walker, 2010, 5, 27). Les codes raciaux associés à l’esclavage persistent encore après l’esclavage (Austin, 2013, 7, 49) et, comme l’a fait valoir Constance Backhouse, historiquement, le mythe omniprésent de « l’innocence » canadienne et l’idée que le Canada est une société « sans race » ont servi à éclipser la réalité que le système juridique canadien a été profondément façonné par la race et le racisme (1999, 13–14). Le racisme au sein du système de justice a eu d’immenses répercussions sur le système de justice pénale et les taux d’incarcération au Canada, en particulier pour les Autochtones et pour les Noirs. Comme l’affirment Akwasi Owusu-Bempah et Scot Wortley, il y a eu une réticence à recueillir des données fondées sur la race au Canada, malgré le fait que cela pourrait éclairer notre compréhension de la discrimination raciale et du racisme envers les Noirs en particulier (2014, 284–5, 287 –9). Néanmoins, dans une proportion semblable à celle des Afro-Américains, les Afro-Canadiens sont surreprésentés dans les établissements correctionnels et le système de justice pénale du Canada. Bien qu’elles ne représentent que 3,5 % de la population canadienne en 2016, les personnes d’ascendance africaine présentaient 7,2 % de la population carcérale fédérale en 2018-2019 (Sécurité publique Canada, 2020). Sans surprise, de nombreux Canadiens racialisés croient que le système de justice pénale a un parti pris à l’égard de certains groupes racialisés et ils sont, à leur tour, moins susceptibles de faire confiance au système de justice ou d’avoir confiance en lui (Owusu-Bempah and Wortley 2014, 299). Comme l’a écrit la juriste Esmeralda Thornhill au sujet du système de justice canadien :

[TRADUCTION]

Le plus souvent, c’est le rôle de la collusion du système de justice avec la race qui a favorisé et encouragé le racisme et la discrimination raciale. En conséquence directe, les communautés noires de partout au Canada en sont venues à considérer comme « intrinsèquement suspectes » à la fois la loi et les institutions juridiques – qu’il s’agisse d’agents d’immigration fédéraux, de policiers municipaux, d’agents de police du métro ou d’agents de sécurité privés (2008, 332).