Mieux comprendre l’établissement et l’impact des Centres d’appui aux enfants (CAE)

7. Conclusion

L’objectif de la présente étude était de mieux comprendre comment les CAE canadiens évoluent et fonctionnent; de mesurer la satisfaction des clients à l’égard des CAE; de jauger la satisfaction des clients à l’égard du processus et des résultats du système de justice pénale; de mesurer comment les CAE répondent aux objectifs suivants de la Stratégie fédérale d’aide aux victimes : accroître l’accès aux services destinés aux victimes, améliorer la capacité d’offrir des services appropriés et adaptés aux victimes, et réduire les difficultés financières et non financières auxquelles sont confrontées les victimes.

Les centres qui ont pris part à l’étude en étaient à différentes étapes de développement au début de l’étude. Certains poursuivent leur développement vers la mise en œuvre du modèle idéal tandis que d’autres poursuivent leur croissance et continuent de développer ou d’élargir leurs services.

L’étude a démontré que chaque modèle de CAE a ses forces et ses limites qui doivent être pondérées en fonction de ce qui convient le mieux à la communauté et au CAE en développement. On a constaté que le CAC hébergé dans un hôpital avait amélioré l’accès aux examens médicaux et aux spécialistes de la santé. Toutefois, bien que les examens médicaux sur place soient plus pratiques pour les clients, la disponibilité et la formation du personnel médical ont été jugées plus importantes. Les CAE situés au sein d’autres organismes bénéficient de l’infrastructure, d’un financement et d’un soutien de programme déjà existants. Cependant, les organismes d’attache, comme la police ou les services gouvernementaux, peuvent avoir des connotations négatives pour les clients. Les CAE autonomes ont plus de souplesse dans leurs opérations, mais ils ont éprouvé de la difficulté à obtenir des locaux, sans compter le risque d’offrir moins de discrétion aux clients puisque la raison de leur visite est plus évidente.

La souplesse du modèle des CAE permet aux organismes de répondre aux besoins uniques de la collectivité. La diversité des structures de gouvernance ne semble pas avoir d’incidence sur la prestation des services, pourvu que la communication soit ouverte et que le conseil de gestion soit bien informé et prêt à collaborer.

Le regroupement des membres de l’équipe multidisciplinaire est un point fort du modèle de CAE. Lorsque les partenaires sont hébergés au même endroit avec le personnel du CAE, notamment le défenseur des droits des victimes, cela facilite les interventions rapides, l’échange de renseignements, les réunions régulières d’examen des dossiers et le soutien coordonné aux clients. Même si les équipes multidisciplinaires qui ne sont pas installées au même endroit peuvent néanmoins bien fonctionner, elles doivent établir des relations de confiance, des protocoles bien négociés et bien compris, en plus de tenir des réunions régulières d’examen des dossiers.

L’emplacement et le cadre physique du CAE étaient aussi considérés comme un point important. L’étude a révélé que les CAE ont besoin d’un espace physique pour fonctionner efficacement. Bien que le seul CAE qui utilisait un modèle virtuel disposait d’un solide défenseur des droits des victimes et d’une solide équipe multidisciplinaire, les clients et les membres de l’équipe multidisciplinaire ont exprimé une préférence pour un espace physique et accueillant pour les enfants afin d’accroître la commodité et de réduire le stress. Depuis que l’étude a pris fin, les responsables du site virtuel ont déployé des efforts pour offrir un espace plus accueillant pour les enfants dans le plus grand nombre de collectivités possible, en repérant des espaces appropriés pour les entrevues et en ajoutant des meubles confortables et de la décoration.

L’étude a révélé que le rôle du défenseur des droits des victimes constituait la plus grande force du modèle des CAE. On le percevait comme un moyen de maintenir la cohésion de l’équipe multidisciplinaire et de soutenir les clients tout au long du processus. Les parents ou les tuteurs ont indiqué que le défenseur des droits des victimes représentait le service le plus important qu’eux et leurs enfants recevaient.

Ces constatations correspondent aux pratiques exemplaires cernées par la National Children’s Alliance Standards for AccreditationNote de bas de page 30 et dans les lignes directrices nationales recommandées pour les CAE au CanadaNote de bas de page 31. L’étude a également mis en lumière les leçons retenues suivantes :

Dans l’ensemble, les CAE permettent de réduire les difficultés non financières et financières des clients. Ils ont diminué le stress et la revictimisation en offrant aux victimes et à leurs familles un endroit unique, sécuritaire et accueillant pour les enfants, de l’information et du soutien (dans cinq des six endroits); en réduisant le nombre d’entrevues auprès des victimes (p. ex. par enregistrement vidéo); en offrant un point de contact unique par l’entremise du défenseur des droits des victimes qui leur a fourni un soutien émotionnel, de l’information, des renvois vers des services ou des moyens de se retrouver dans des systèmes souvent intimidants; en fournissant, à certains endroits, des téléphones cellulaires d’urgence, des billets d’autobus ou des bons de taxi, ou des coupons alimentaires.

Les CAE ont également comblé de nombreuses lacunes du système, notamment l’accès aux examens médicaux et à des environnements accueillants pour les enfants pour les entrevues judiciaires et les comparutions en cour. Ils répondent au besoin d’une collaboration accrue entre les partenaires intervenant dans les dossiers de maltraitance d’enfants et fournissent aux victimes et à leur famille un point de contact unique – le défenseur des droits des victimes – afin d’offrir un soutien émotionnel, de l’information, un aiguillage vers les services ou de l’aide pour se retrouver dans les systèmes souvent intimidants.

L’étude, la première en son genre sur les CAE au Canada, contribue à ce que nous savons et comprenons du développement et de la croissance de ces organismes. Comme il y a de plus en plus de CAE au Canada, il est recommandé de pousser davantage les recherches. Ainsi, les recherches à venir pourraient examiner les CAE canadiens par rapport aux collectivités non munies d’un CAE afin de déterminer si les CAE mènent, par exemple, à des enquêtes plus rapides, à la réduction du nombre d’entrevues et à une meilleure satisfaction de la clientèle. Comme il a déjà été souligné dans le présent rapport, peu d’études ont permis de déterminer si les CAE réduisent les traumatismes, ce qui se veut l’objectif du modèle. D’autres recherches pourraient évaluer l’efficacité de diverses stratégies de réduction des traumatismes dans les CAE, telles que l’utilisation des chiens à des fins thérapeutiques, et leurs répercussions sur les partenaires d’équipes multidisciplinaires et les clients des CAE.