Les coûts des litiges fondés sur la Charte

Introduction

L’adoption de la Charte des droits et libertés en 1982 a fondamentalement modifié aussi bien la substance que la forme de la révision constitutionnelle. Au cours de la première décennie de litiges fondés sur la Charte, de nombreuses nouvelles allégations ont été avancées et résolues; pourtant, il subsistait beaucoup de confusion en ce qui concerne la portée des principes de fond et des mécanismes de procédure permettant de les soulever et de les mettre en application. Après 35 ans, la majorité des principes constitutionnels pertinents ont été solidifiés et éclaircis, de même que les lignes directrices relatives aux procédures nécessaires pour contester la constitutionnalité. Cependant, malgré les grandes réalisations des trente-cinq dernières années, il reste une préoccupation légitime, qui est que la majorité des Canadiens ne disposent pas des ressources financières pour présenter lesdites contestations. De nombreuses personnes pensent que l’accès à la justice pour les Canadiens ordinaires pose encore sérieusement problème.

En fait, un bref examen des bourses d’études et de la presse populaire démontre qu’un consensus s’est dégagé sur le fait que la majorité des personnes ne peuvent se permettre de contester la constitutionnalité dans le but de faire valoir leurs droits et revendications. Le bon sens commun, qui veut que la majorité des contestations aient un coût prohibitif pour les Canadiens, se répète sans fin tel un mantra vu et revu. Au sein de la littérature universitaire, nous trouvons les affirmations suivantes :

On trouve des sentiments semblables exprimés dans la presse populaire :

Dans ce bref rapport, j’aborderai la question de savoir si les contestations fondées sur la Charte dépassent en fait les moyens des Canadiens ordinaires; à cette fin, j’examinerai les coûts encourus à la fois dans les contestations que j’ai présentées et dans d’autres contestations pour lesquelles on dispose de certains renseignements concernant les coûts de la contestation. En bref, il est clair que dans les cas où l’on dispose de nombreux éléments de preuve concernant les faits législatifs, il est possible que les coûts d’une contestation dépassent 1 000 000 dollars, tandis que dans les cas où la contestation est présentée et appuyée en grande partie par une argumentation juridique et pas par des éléments de preuve, ces coûts dépendront entièrement des frais juridiques. Dans un grand nombre de ces cas, les coûts seront considérablement moindres et dépasseront rarement 50 000 dollars.