Aperçu de programmes et projets particuliers
Ensemble des troubles causés par l’alcoolisation fœtale (ETCAF)
L’ensemble des troubles causés par l’alcoolisation fœtale (ETCAF) est un terme générique utilisé pour décrire les diagnostics liés à l’exposition prénatale à l’alcool (Fraser, 2011). Les caractéristiques de l'ETCAF comprennent des déficits de croissance, des malformations physiques (principalement des traits du visage) et des troubles du système nerveux central. Différentes régions du cerveau peuvent être atteintes, ce qui cause des problèmes au regard de l’acquisition des connaissances, de l’adaptation, de l’attention, de la cognition, des fonctions exécutives, de la mémoire, des réactions motrices et sensorielles et de la communication.
Les personnes atteintes de l’ETCAF sont surreprésentées en tant que délinquants et victimes dans le SJP. L’ETCAF est un handicap permanent, et les personnes atteintes de l’ETCAF sont souvent aux prises avec d’autres problèmes importants, comme la dépendance à la drogue ou à l’alcool, la dépression et des troubles de la personnalité. Il y a une énorme stigmatisation entourant un diagnostic d’ETCAF, souvent aggravée par des stéréotypes et des mythes. Les personnes atteintes de l’ETCAF ont besoin de soutien tout au long de leur vie.
Le ministère de la Justice du Canada finance plusieurs programmes visant à aider les jeunes atteints de l’ETCAF (ou soupçonnés d’en être atteints).
Programme No Wrong Door
En Alberta, la McMan Youth, Family and Community Services Association of Calgary & Area a reçu du financement pour le programme No Wrong Door (pas de mauvaise porte), qui vise à régler les problèmes de logement, d’usage de substances et de dépendance chez les jeunes atteints de l’ETCAF. Le programme détermine des conditions de vie sûres et stables pour les jeunes atteints de l’ETCAF qui ont des démêlés avec le SJP et les aide à acquérir des aptitudes à la vie quotidienne. L’évaluation, très approfondie, vise à déterminer ce qui a bien fonctionné et ce qui a mal fonctionné. Le rapport met l’accent sur le besoin de formation pour les soignants et sur la souplesse individuelle pour les clients. Ce rapport souligne que les jeunes atteints de l’ETCAF qui entretiennent des liens d’amitié avec d’autres jeunes en difficulté sont souvent aux prises avec de piètres aptitudes à la prise de décisions et des problèmes liés à l’usage de substances. Le rapport recommande des activités pour encourager les jeunes à rencontrer des personnes différentes et à développer des relations plus positives. Le rapport souligne également qu’il est souvent difficile d’obtenir un soutien financier pour les clients atteints de l’ETCAF et leur famille. Les auteurs recommandent que les limites d’âge pour les jeunes atteints de l’ETCAF qui reçoivent des services soient souples, car les clients atteints de l’ETCAF continuent d’avoir besoin de soutien jusqu’à l’âge adulte. Les besoins fondamentaux, comme le logement et la nourriture, doivent souvent être comblés avant que les problèmes d’usage de substances, les mauvaises relations familiales et le manque d’aptitudes à la vie quotidienne puissent être abordés.
Enquête Breaking through the Barriers
En Colombie-Britannique (C.-B.), la McCreary Centre Society a reçu du financement pour mener une enquête intitulée Breaking through the Barriers (surmonter les obstacles) auprès de jeunes atteints de l’ETCAF, enquête qui explore leurs besoins et examine les pratiques prometteuses pour réduire leur usage de substances. Les auteurs ont passé en revue d’autres enquêtes et ont sollicité de l’information auprès des fournisseurs de soins et de services. Certains participants atteints de l’ETCAF ont eu de la difficulté à bien comprendre les questions de l’enquête, mais le rapport final était complet et fournissait une mine de renseignements. L’enquête recense des pratiques prometteuses, comme des approches tenant compte de l’ETCAF et des traumatismes, un soutien personnalisé, des programmes cohérents et le développement des compétences. La présence d’adultes attentionnés, les passe-temps, la participation aux sports et l’exercice d’un emploi se sont révélés bénéfiques. De nombreux jeunes atteints de l’ETCAF ont des antécédents de logement instable ou dangereux, signalent des difficultés avec leur famille et sont aux prises avec des problèmes de santé mentale et de dépendance. Les jeunes atteints de l’ETCAF sont vulnérables à la victimisation et à la pression négative des pairs. Les jeunes répondants à l’enquête avaient souvent des points de vue divergents sur les méfaits de l’usage de substances et doutaient des mérites de l’abstinence. Le rapport présente des recommandations pour aider les jeunes atteints de l’ETCAF à s’épanouir.
Projet Empower Project
La plupart des projets sont principalement conçus pour les jeunes hommes, mais au Manitoba, l’Empower Project (projet d’autonomisation) offre du soutien aux jeunes femmes autochtones atteintes de l’ETCAF qui ont des démêlés avec le SJP. Le programme a utilisé une approche tenant compte des traumatismes pour mobiliser les participantes. L’évaluation a révélé que de nombreuses participantes éprouvaient des difficultés en classe et qu’il arrivait souvent qu’elles ne se présentent pas aux séances en raison de leur usage de substances. Le roulement du personnel et des participantes est élevé, et les filles ont besoin de ressources adéquates pour des programmes personnalisés. On craint que l’emplacement du programme (centre-ville de Winnipeg) augmente l’exposition à l’usage de drogues et à l’exploitation sexuelle potentielle au point où certains intervenants choisissent de ne pas aiguiller les clientes à faible risque qui n’ont pas de problèmes d’usage de substances. Compte tenu du taux élevé de diagnostic d’ETCAF chez les jeunes Autochtones, il a été recommandé que le programme consulte des intervenants autochtones et améliore ses compétences culturelles.
Programme Starfish
Toujours au Manitoba, le programme Starfish vise à aider les jeunes atteints de l’ETCAF qui ont des démêlés avec le SJP. L’examen décrit en détail certaines des tactiques que les conseillers utilisent pour aider leurs clients à se souvenir des leçons, notamment en utilisant des enregistrements vidéo et des rappels par message texte ou téléphone. Comme dans le cas d’autres programmes, l’examen révèle qu’il est difficile de maintenir le contact avec les clients une fois qu’ils quittent le centre correctionnel. On note également que de nombreux programmes de traitement de la toxicomanie sont trop rigides pour répondre aux besoins des jeunes atteints de l’ETCAF. Le personnel a remarqué que les clients avaient souvent de la difficulté à respecter les rendez-vous, de sorte que le programme Starfish s’est ajusté en fixant les rendez-vous dans de courts délais et en offrant de nombreux rappels sous différentes formes. Le programme s’est adapté aux défis d’apprentissage des clients en travaillant au rythme du client, en répétant les sujets au besoin et en mélangeant l’ordre des sujets à aborder.
Jeunes ayant de faibles fonctions cognitives, un diagnostic d’ETCAF ou des problèmes de santé mentale et ayant des démêlés avec le SJP
Programme Selkirk Team for At-Risk Teens (START)
Un autre programme au Manitoba est le programme Selkirk Team for At Risk Teams (START) (équipe de Selkirk responsable des adolescents à risque), qui cible les jeunes à risque ayant des problèmes cognitifs et de santé mentale complexes. Il suppose une collaboration avec plusieurs organismes de services sociaux. Le rapport fournit un examen approfondi des taux de récidive chez les clients du programme START par comparaison avec un groupe témoin. Tous les clients du programme START ont une combinaison de problèmes de santé mentale et de problèmes cognitifs, bien que l’ETCAF ne soit pas expressément mentionné. Beaucoup d’entre eux sont aussi affiliés à des gangs et ont des problèmes d’usage de substances.
Pratiques tenant compte des traumatismes
Il y a de bonnes preuves que de nombreux jeunes ayant des démêlés avec le SJP ont vécu des événements traumatisants. En général, les approches tenant compte des traumatismes encouragent les praticiens et les fournisseurs de services à reconnaître que les clients peuvent avoir subi un traumatisme et à aborder leur comportement d’une manière qui limite le plus possible les préjudices. De plus en plus de chercheurs préconisent une approche tenant compte des traumatismes pour traiter la consommation problématique de substances (BCCEWH, 2009), soutenir les clients atteints de l’ETCAF (gouvernement du Manitoba, sans date) et fournir des services de counseling aux jeunes à risque de se joindre à un gang (Dierkhising et Kerig, 2016).
Organisme Yoga Outreach
En Colombie-Britannique, l’organisme sans but lucratif Yoga Outreach (sensibilisation par le yoga) offre un programme de yoga adapté aux traumatismes aux jeunes qui ont des démêlés avec le système de justice ou qui sont considérés à risque. L’organisme Yoga Outreach croit que la combinaison d’une intervention adaptée aux traumatismes avec d’autres programmes de traitement de la toxicomanie peut appuyer et améliorer l’efficacité d’autres traitements et contribuer à la stabilité à long terme des clients.
D’avril 2017 à décembre 2019, la McCreary Centre Society a procédé à une évaluation indépendante de l’initiative de yoga adaptée aux traumatismes de la Yoga Outreach Society, qui avait pour titre Incorporating Yoga as a Trauma-Informed Practice to Enhance Drug Treatment Outcomes for Justice Involved Youth (Intégrer le yoga comme pratique tenant compte des traumatismes pour améliorer les résultats du traitement de la toxicomanie chez les jeunes ayant des démêlés avec la justice). Les résultats de l’évaluation montrent que les jeunes participants ont une meilleure santé et un meilleur bien-être (réduction de l’anxiété et du stress, amélioration de la santé mentale, du sommeil et de la gestion de la douleur), une meilleure autorégulation et un meilleur contrôle des impulsions.
Les membres du personnel indiquent que la formation les aide à mieux comprendre les traumatismes, ainsi que le yoga adapté aux traumatismes, et quelques-uns ont indiqué que la formation les aide à adapter leur approche au travail auprès des jeunes vulnérables. L’organisme Yoga Outreach est surpris du faible nombre d’organismes intéressés à offrir des services de yoga, certains ayant laissé entendre que le yoga pourrait être considéré comme un luxe et non comme une thérapie potentielle.
Clinique de santé mentale LiNKS
En Alberta, l’iHuman Youth Society encourage les jeunes qui ont vécu un traumatisme à favoriser un développement personnel positif grâce au mentorat artistique, à l’intervention en situation de crise et à des programmes ciblés. La clinique de santé mentale LiNKS a été créée directement par les jeunes qui ont recours à ce genre de services. On accorde beaucoup d’importance à la nécessité d’écouter les jeunes clients décrire ce qui fonctionne le mieux pour eux. Le programme indique que les taux de participation et de rétention des jeunes qui s’occupent de leur santé mentale et de leur bien-être ont augmenté et demeurent constants. La récidive et les idées suicidaires ont diminué. Il a fallu un certain temps pour établir le programme, mais une fois lancé, il s’est révélé populaire. Les pairs ambassadeurs se sont rendus dans les écoles, les foyers de groupe et les rues pour sensibiliser leurs pairs à l’existence de la clinique. La clinique LiNKS a été reconnue localement pour le caractère innovateur de son modèle de prestation de services. Cependant, le roulement du personnel crée des lacunes dans le service. Un financement constant et durable est l’une des principales préoccupations du programme, car le succès de la clinique en fait maintenant un service essentiel et intégré de la Société.
Approches adaptées à la culture pour les jeunes Autochtones
Les jeunes Autochtones sont surreprésentés dans le SJP en tant que délinquants et victimes (ministère de la Justice du Canada, 2019). Seulement 8 % des jeunes Canadiens âgés de 12 à 17 ans sont Autochtones. Toutefois, environ 43 % des jeunes dans les services correctionnels sont Autochtones (ministère de la Justice du Canada, 2019). Un thème commun parmi les programmes financés était le besoin de formation sur la culture autochtone. La Commission de vérité et réconciliation (CVR) a recommandé que le Canada offre aux gens des occasions d’en apprendre davantage sur la culture et l’histoire autochtones en tant qu’élément clé de la réconciliation (CVR, 2015).
PLEA
En Colombie-Britannique, des chercheurs ont cherché à savoir si le personnel du centre de traitement résidentiel PLEA pour les personnes aux prises avec des problèmes de toxicomanie faisait preuve d’une sensibilité culturelle, en particulier à l’égard des jeunes Autochtones. Le personnel et les clients voyaient d’un très bon œil les efforts déployés, mais le fait que seulement quelques répondants étaient Autochtones a nui à l’examen. Certains clients ont exprimé le désir d’en apprendre davantage sur l’art et les pratiques culturelles autochtones. Le consensus est que plus d’activités (cérémonies de purification, de suerie et de tambours, par exemple) seraient bénéfiques, mais que de telles activités devraient être dirigées par des animateurs autochtones.
Beyond a Dreamcatcher
Dans un rapport intitulé Beyond a Dreamcatcher (au-delà d’un capteur de rêves), la McCreary Centre Society a mené une évaluation d’approches culturellement adaptées pour les jeunes Autochtones aux prises avec une dépendance. Les auteurs font remarquer que les jeunes Autochtones aux prises avec des problèmes de toxicomanie peuvent éprouver des difficultés dans les programmes ordinaires. Ce rapport passe en revue les pratiques prometteuses au Canada et à l’échelle internationale. Les chercheurs ont eu de la difficulté à examiner les programmes de la Colombie-Britannique, car peu d’entre eux avaient du personnel autochtone, et les clients autochtones étaient difficiles à joindre. Comme dans le cas du rapport PLEA, les répondants voyaient généralement d’un bon œil les efforts déployés pour être culturellement réceptifs, mais ont laissé entendre qu’il faut plus de personnel autochtone. Les participantes aiment particulièrement avoir du personnel et des mentors de sexe féminin.
Urban Aboriginal Justice Society
À Prince George, en Colombie-Britannique, l’organisme Urban Aboriginal Justice Society (société pour la justice autochtone en milieu urbain) offre des programmes pour aider les jeunes Autochtones à renouer avec leur culture. Les jeunes participent à des activités comme le camping en région éloignée. Le programme est populaire auprès des clients, mais reflète un thème commun : il est difficile d’embaucher et de retenir du personnel.
Live Your Magic – Clean Scene Network for Youth Society
Il y a eu une évaluation d’un programme albertain appelé Live Your Magic – Clean Scene Network for Youth Society (vis ta magie - Société du réseau perspective nouvelle pour les jeunes), qui jumelait des jeunes ayant des problèmes de toxicomanie à des mentors. Bien que le programme ne soit pas conçu spécifiquement pour les jeunes Autochtones, la majorité des participants sont Autochtones. Pendant la durée du projet, on a modifié le programme pour le rendre plus pertinent sur le plan culturel en fonction des conseils d’un mentor autochtone et des commentaires des participants. En plus de l’enseignement en classe, les jeunes participent à des excursions sur le terrain qui mettent l’accent sur des éléments culturels et spirituels. À la fin du projet, plusieurs recommandations ont été formulées, y compris concernant la nécessité d’embaucher plus de personnel autochtone et plus de femmes mentors.
Jackson Lake Wellness Team
Au Yukon, il y a eu une évaluation de l’équipe de mieux-être de Jackson Lake (Jackson Lake Wellness Team) du service de la Justice de la Première Nation Kwanlin Dün, qui offre des programmes aux jeunes des Premières Nations ayant des démêlés avec le SJP. L’équipe mène des activités comme le ski ou la planche à neige, l’escalade sur glace, la randonnée pédestre, la pêche sur glace, la fabrication d’atlatl, le GPteaming, les cours de cuisine, le curling, les ateliers d’art, le soufflage de verre, le vélo d’hiver, les contes des Gwitchin, l’escalade sur mur, les leçons de musique (guitare) et le traîneau à chiens, dont beaucoup ont des composantes culturelles fortes. Les clients ont apprécié les activités. Certains défis comprennent l’embauche et le maintien en poste de dirigeants autochtones. De nombreux jeunes déclarent que leurs problèmes découlent de problèmes dans leur famille; les fournisseurs de services font valoir que travailler seulement avec les jeunes est inefficace puisque toute la famille a besoin de soutien. Les auteurs font remarquer que les clients ont souvent besoin d’un équilibre entre le counseling et les activités.
Bringing Culture Inside
En Nouvelle-Écosse, le projet Bringing Culture Inside (BCI) (intérioriser la culture) vise à mieux faire connaître la culture autochtone chez les jeunes en détention et à accroître la capacité des fournisseurs de services d’offrir des services adaptés à la culture. Le personnel a rencontré de jeunes Autochtones incarcérés et a offert de l’artisanat, des activités et du mentorat autour d’une thématique autochtone. Ce programme recommande de jeter des ponts entre les jeunes (puisque de nombreux jeunes semblent déconnectés de leur patrimoine autochtone), les fournisseurs de services et les aînés de la collectivité locale.
Village No’kmaq (bande de Flat Bay)
À Terre-Neuve-et-Labrador, le programme du village de No’kmaq (bande de Flat Bay) offre des services de déjudiciarisation avant le procès, principalement aux jeunes accusés d’infractions sans violence. Le programme met l’accent sur l’importance des compétences culturelles chez les fournisseurs de services. Le personnel a mené un sondage pour examiner les cercles de partage, où les participants ont discuté de la façon dont la justice peut s’appliquer aux jeunes Autochtones qui vivent en milieu rural.
SNAP (Stop Now and Plan)
Le Child Development Institute (CDI) a collaboré avec un consultant autochtone pour créer SNAP (Stop Now and Plan) (arrêter maintenant et planifier). Il s’agit d’un programme conçu pour mobiliser les garçons de 12 ans et plus qui ont des démêlés avec le système de justice pour les jeunes afin de réduire leur risque d’avoir d’autres démêlés avec la justice ou de se joindre à un gang. Les organisateurs ont sollicité des idées et commentaires auprès de dizaines de jeunes Autochtones de partout en Ontario, y compris un certain nombre de détenus qui ont joué un rôle très important dans l’élaboration et la création conjointes de ressources et de scénarios en fournissant des commentaires sur la présentation et la conception, la création d’œuvres d’art, la narration hors-champ pour les modules en ligne et l’élaboration d’outils et de feuilles de travail culturellement sécuritaires. Le Guide et les modules interactifs ont été créés pour refléter et célébrer les diverses cultures autochtones, tout en aidant les jeunes à utiliser le programme SNAP pour comprendre leurs émotions, apprendre à utiliser leurs compétences en matière de maîtrise de soi et de résolution de problèmes et faire de meilleurs choix « dans le feu de l’action ».
En plus de ce travail, le CDI s’est associé au ministère de la Justice du Canada pour élaborer un programme SNAP de justice pour les jeunes axé sur le genre et conçu pour répondre aux besoins uniques des jeunes femmes autochtones afin d’accroître la capacité des organismes de justice de l’Ontario.
Fort Providence Youth Wellness Program
Dans les Territoires du Nord-Ouest, on a procédé à un examen du Fort Providence Youth Wellness Program (FPYWP) (programme de mieux-être des jeunes de Fort Providence), dont l’objectif est d’aider les jeunes qui ont eu des démêlés avec le SJP à réintégrer la collectivité. Le projet offre des programmes pendant et après les heures d’école pour les jeunes de moins de 12 ans et un programme spécialisé réservé aux filles. Les jeunes sont encouragés à en apprendre davantage sur la culture dénée et à participer à des activités comme la chasse à l’orignal. Dans certains cas, des familles entières reçoivent un traitement. Bien que le programme soit destiné aux jeunes qui ont eu des démêlés avec le SJP, les répondants de l’examen ont indiqué que tous les jeunes de la collectivité pourraient bénéficier d’un soutien, précisant que de nombreux jeunes sont aux prises avec des conflits familiaux, des problèmes de toxicomanie et la faim. Comme c’est le cas pour de nombreux autres programmes, ce projet est confronté à un taux de roulement élevé des enseignants et du personnel de soutien. Le rapport contient des recommandations claires, y compris des conseils sur la nécessité d’adopter une approche holistique et de tendre la main aux familles, et pas seulement aux jeunes.
Through an Aboriginal Lens
La Native Courtworkers and Counseling Association of British Columbia a reçu du financement pour Through an Aboriginal Lens (dans une perspective autochtone). Il s’agit d’un projet pilote de trois ans mené en partenariat avec l’Asante Centre de la Colombie-Britannique pour offrir des services culturellement adaptés aux Autochtones et aux collectivités autochtones et pour venir en aide aux Autochtones qui ont des démêlés avec le SJP. Ce programme met particulièrement l’accent sur les besoins des clients soupçonnés d’être atteints de l’ETCAF. Aucun examen des résultats de ce programme n’est encore disponible.
Approches adaptées à la culture pour les nouveaux immigrants et les minorités visibles
Quelques-uns des programmes financés sont axés sur les jeunes immigrants ou les minorités visibles, qui peuvent avoir des besoins particuliers (p. ex., pour faire face au racisme ou s’adapter à une nouvelle culture) qui ne sont pas abordés dans les programmes ordinaires.
Chantier d’apprentissage optimal
Le Chantier d’apprentissage optimal (CHAPOP) au Québec offre le programme « Jeune en action, décolle » destiné aux jeunes des minorités visibles qui pourraient avoir des démêlés avec le système de justice pénale. Le programme vise à inciter les jeunes à quitter les gangs (s’ils font partie d’un gang) et à prendre part à des activités sportives, artistiques, récréatives et scolaires. Le programme a pour objectif notamment d’inculquer aux participants l’esprit d’équipe et de leur apprendre de meilleures stratégies pour la prise de décision. Comme pour les autres programmes, le rapport recommande que le programme soit assez souple pour être personnalisé en fonction des besoins de la clientèle.
Upfront Theatre Reintegration Through the Arts
À Toronto, le projet Upfront Theatre Reintegration Through the Arts (RTA) (réintégration par les arts de l’Upfront Theatre) vise à appuyer les filles africaines/antillaises canadiennes de 12 à 17 ans qui vivent dans la communauté Jane-Finch de Toronto et qui ont des démêlés avec la justice ou qui risquent de participer à des activités liées aux armes à feu, aux gangs et à la drogue. Les filles reçoivent des conseils, rencontrent des mentors et sont placées dans des programmes d’études secondaires et postsecondaires, des programmes d’apprentissage, des agences d’emploi, des programmes de transition ou des programmes de garderie, selon le cas. Les filles reçoivent une formation sur les compétences monnayables en théâtre et participent à des programmes médiatiques et artistiques, de concert avec des artistes établis. L’examen a fait ressortir de modestes améliorations dans le comportement des clientes, mais n’offre pas de recommandations.
We’re Here Now : Peer Leadership in Ethnocultural Communities
Un autre programme, appelé We’re Here Now : Peer Leadership in Ethnocultural Communities (nous sommes ici maintenant : leadership par les pairs dans les communautés ethnoculturelles), vise à établir un programme de leadership par des pairs mentors, dans lequel de jeunes mentors peuvent aider les nouveaux immigrants qui risquent d’avoir des démêlés avec le SJP. Les jeunes qui sont recrutés dans le cadre du programme proviennent d’horizons très variés et parlent plusieurs langues. Au départ, on espérait que les jeunes à risque deviendraient des pairs mentors. Cela ne s’est pas produit parce que beaucoup d’élèves se sont dispersés dans des écoles qui ne participaient pas au programme. Néanmoins, le rapport fait état d’un succès appréciable auprès des jeunes participants.
Projet OASIS II
Au Manitoba, il y a le projet OASIS II, un programme de nouvelles orientations pour les enfants, les jeunes, les adultes et les familles qui offre des services aux jeunes nouveaux arrivants qui ont des démêlés avec le système de justice pour les jeunes. Le projet OASIS II vise à réduire l’activité criminelle chez les jeunes nouveaux arrivants en les aidant à acquérir des compétences professionnelles, à décrocher un emploi ou à réussir à l’école. Certains participants sont confrontés à des obstacles à l’emploi en raison de leur appartenance à un gang, de leurs faibles capacités de lecture et d’écriture, de leurs problèmes de toxicomanie et de leurs problèmes de santé mentale. Ce rapport fait ressortir trois principaux défis que rencontrent leurs clients, soit le logement, l’accès aux services de santé mentale et l’accès en temps utile au traitement de la toxicomanie. Il souligne également que certains types de conflits sont d’ordre intergénérationnel et que les jeunes et les parents ont besoin d’aide pour s’adapter aux circonstances changeantes.
Building Lives on Community Cohesion
À Toronto, le projet For Youth Initiative (FYI) (initiative pour les jeunes) a élaboré et mis à l’essai un projet communautaire appelé Building Lives on Community Cohesion (B.L.O.C.C) (bâtir des vies grâce à la cohésion communautaire), qui vise à offrir des capacités et des soutiens sociaux aux jeunes qui ont des démêlés avec la justice. Les jeunes Noirs participant au programme ont cerné trois grands problèmes, soit les problèmes avec la police (les participants soutiennent que la police les cible injustement), le besoin de modèles de comportement plus positifs dans leur collectivité et le racisme, qui rend la réinsertion sociale difficile. Bien que le personnel du programme ait de l’expérience auprès des populations marginalisées, une forte augmentation du nombre de clients qui sont de nouveaux arrivants au Canada a présenté de nouveaux défis. Ces clients ont des besoins différents. Ils ont souvent de la difficulté avec le système scolaire canadien, et leurs parents sont incapables de fournir autant de soutien qu’ils le voudraient. Le rapport présente de nouvelles stratégies utiles pour répondre aux besoins des clients.
Jeunes filles ayant des démêlés avec le système de justice pénale
Bien que les filles représentent une plus faible proportion des jeunes accusés d’un crime (en 2014, 72 % des jeunes accusés d’un crime étaient des hommes) (Allen et Superle, 2016), on est de plus en plus conscient que les filles à risque ont besoin de programmes conçus pour elles, et pas seulement d’un accès à des programmes conçus pour les garçons. Plusieurs examens ont débouché sur des recommandations visant à accroître le personnel et les mentors féminins pour soutenir les filles.
Projet « My Helper » (Oshkabaywis)
Au Manitoba, il y a le projet « My Helper » (mon aidant, ou oshkabaywis en langue ojibwée), organisé par Ka Ni Kanichihk, qui vise à élaborer un programme de mentorat axé sur la culture pour les filles autochtones de Winnipeg qui sont associées à des gangs. L’évaluation souligne que, pour ce groupe démographique, les contacts individuels ont été plus fructueux que le mentorat de groupe. Comme dans le cas d’autres programmes, le roulement du personnel rend difficile le jumelage des jeunes clients avec des mentors appropriés. De plus, certaines participantes ont besoin d’aide pour répondre à leurs besoins fondamentaux, à savoir la nourriture et le logement.
Programme de réintégration de l’Upfront Theatre
Le programme décrit ci-dessus (programme de réintégration de l’Upfront Theatre), offert à Toronto, met l’accent sur les filles africaines/antillaises canadiennes qui risquent d’avoir des démêlés avec le SJP.
Empower Project
Dans la section sur l’ETCAF ci-dessus, il y a une description de l’« Empower Project », un programme manitobain qui offre du soutien aux filles atteintes de l’ETCAF qui ont eu des démêlés avec le SJP. Le programme enseigne aux filles des aptitudes à la vie quotidienne, y compris des connaissances en santé sexuelle. Le personnel du programme décrit les participantes comme « extrêmement vulnérables » à l’exploitation sexuelle. En fait, huit participantes à cette étude (53 %) sont connues pour avoir été exploitées sexuellement et quatre sont soupçonnées de l’avoir été (27 %). Les études de cas révèlent que plusieurs participantes au programme ont des enfants, mais il n’est pas clair si leurs enfants vivent avec elles ou sont sous la garde d’autres personnes. Bien que presque toutes les participantes aient été accusées ou déclarées coupables d’infractions, elles sont également considérées comme vulnérables à la victimisation.
Usage de substances et dépendance
La toxicomanie et l’alcoolisme mènent souvent à des démêlés avec le SJP (Santé Canada, septembre 2018). Peu de programmes ont fourni des détails sur la façon dont ils abordent l’usage de substances et la dépendance chez les jeunes. La plupart des programmes décrits ci-après visent à enseigner aux jeunes à prendre de meilleures décisions, à développer leur résilience et à améliorer leurs aptitudes à la vie quotidienne. Le succès se mesure principalement par le nombre de jeunes qui retournent à l’école, qui réussissent à l’école, qui trouvent un emploi, qui évitent les problèmes, qui signalent une prise de décisions améliorée et plus saine et qui expriment une perspective plus positive. Parmi ces rapports, seuls ceux de MASCOTS et de l’Armée du Salut mesurent précisément si les clients ont réduit leur usage de substances.
Live Your Magic – Clean Scene Network for Youth Society
Un programme de l’Alberta (également décrit ci-dessus sous la rubrique Approches adaptées à la culture pour les jeunes Autochtones), intitulé Live Your Magic – Clean Scene Network for Youth Society (vis ta magie - Société du réseau perspective nouvelle pour les jeunes), offre des services d’intervention aux jeunes de 12 à 17 ans qui ont des démêlés avec le SJP et sont aux prises avec des problèmes de toxicomanie. Les jeunes sont jumelés à des mentors qui les aident à suivre 60 heures de programmes pour favoriser une meilleure prise de décisions et développer des compétences de vie. Les mentors complètent la formation en classe par des excursions sur le terrain. Les participants voient d’un bon œil le programme, bien qu’il soit généralement reconnu qu’il faudrait mieux tenir compte de la perspective autochtone et avoir plus de femmes mentores.
Projet Get a life
En Saskatchewan, on a procédé à un examen du projet Get a Life (prends ta vie en main), qui vise à aider les jeunes ayant déjà des démêlés avec le SJP à surmonter la consommation problématique de substances et à adopter un mode de vie sain. Le projet pilote met l’accent sur les avantages du recours à un ludothérapeute en sciences judiciaires. Le projet a reçu des commentaires généralement positifs, mais il a été difficile de retenir le personnel et de faire connaître le programme au sein de la collectivité. Le suivi a également été difficile, car les clients ont tendance à être quelque peu inconstants.
Programme On our way
En Ontario, le programme On Our Way (en route) vise à garder sous traitement les jeunes ayant des problèmes de toxicomanie et à réduire les comportements à risque. Le programme est aux prises avec un taux de roulement élevé du personnel, ce qui nuit à sa capacité d’offrir des services et d’évaluer son succès. Une leçon importante notée dans ce rapport est que la souplesse est essentielle; les clients doivent recevoir des services quand ils en ont besoin, et non pas selon un calendrier.
Programme MASCOTS
Le programme Making a Strong Connection Overcomes Temporary Solutions (MASCOTS) (un lien solide vaut mieux que des solutions temporaires) s’adresse aux jeunes qui ont des démêlés avec le SJP en raison de la possession de substances illicites, du trafic de drogues ou de leur appartenance à un gang. Il offre à ces jeunes la possibilité de participer à un programme d’équithérapie. L’examen a révélé que le programme s’est vu aiguiller moins de clients que prévu. Certains partenaires communautaires suggèrent que le programme MASCOTS pourrait être plus utile en tant que projet de prévention du crime plutôt que de limiter l’offre de services aux jeunes qui ont déjà des démêlés avec le SJP.
Programme communautaire de traitement de la toxicomanie de l’Armée du Salut
L’Armée du Salut a mis à l’essai un programme de traitement communautaire de la toxicomanie de trois ans offert aux jeunes de 12 à 17 ans qui vivent à St. Thomas et dans le comté d’Elgin, sont aux prises avec des problèmes de toxicomanie et ont ou risquent d’avoir des démêlés avec le SJP. L’examen comprenait un sondage auprès des clients, qui a révélé que la plupart ont des besoins complexes et de multiples facteurs de risque, comme des antécédents familiaux de violence, un vécu de traumatismes ou des problèmes de santé mentale.
Partners for youth / Alliance pro-jeunesse
Au Nouveau-Brunswick, l’organisme Partners for Youth / Alliance pro-jeunesse a mené des consultations auprès de fournisseurs de services et de jeunes clients afin de comprendre quelles activités étaient les plus efficaces. Des garçons et des filles ont participé, ainsi que du personnel dans divers établissements correctionnels. Les jeunes, qui étaient aux prises avec des problèmes de toxicomanie, ont été interrogés sur les lacunes dans les options de service et ont été invités à soumettre des idées sur les façons d’améliorer le traitement de l’usage de substances et de la dépendance. Ils préconisent, entre autres suggestions, un soutien post-traitement, plus de formation professionnelle et plus de soutien à la réussite scolaire (programmes de formation générale, par exemple). Il y a des différences notables entre les jeunes participants et les adultes (qui sont surtout des fournisseurs de services) dans leurs opinions sur l’influence des familles et la valeur des programmes existants.
Projet Oxygène
Le projet Motivacion jeunesse (projet Oxygène) au Québec incite les jeunes à risque de devenir toxicomanes et de faire partie d’un gang à adopter des habitudes plus saines. Le programme favorise un mode de vie sain et une participation accrue au sport. De nombreux clients avaient une vie plutôt instable et avaient du mal à participer aux programmes régulièrement ou à suivre les règles strictes du centre.
Programme Daring to Begin / Journey of Choice
En Ontario, le programme Daring to Begin / Journey of Choice (oser se lancer / parcours de son choix) utilise des outils en ligne, comme le counseling à distance, pour aider les jeunes à réduire leur consommation de drogues et à réintégrer la société. La satisfaction à l’égard des services de counseling semble élevée, bien que certains clients n’aiment pas recevoir le counseling au moyen d’outils en ligne. Moins de clients que prévu ont été aiguillés vers le programme, et certains clients présentent un risque plus élevé que prévu. Certains sont aux prises avec d’autres problèmes en plus de la consommation problématique de substances. Il y a aussi de la résistance chez les parents qui estiment que leurs enfants à risque ne devraient pas être exposés à des jeunes ayant des problèmes de toxicomanie.
Caritas School of Life
La Caritas School of Life (école de la vie Caritas) a mené des recherches sur la façon d’adapter et d’améliorer son programme actuel de traitement de la toxicomanie afin qu’il soit plus pertinent et efficace sur le plan culturel pour les jeunes ayant des démêlés avec le SJP. Le personnel a été mis au défi de réfléchir à la façon dont la culture influe sur le traitement de différents groupes de personnes. Le programme s’adresse aux hommes de tous âges, pas seulement aux jeunes, et comprend des activités régulières d’introduction aux traditions religieuses et culturelles.
Impact jeunesse
Un organisme du Nouveau-Brunswick appelé Impact jeunesse a évalué son programme d’intervention en toxicomanie à Moncton. L’organisme fait remarquer que ses clients ont souvent d’autres problèmes, comme des préoccupations financières, un accès limité à des aliments sains, des préoccupations au sujet du logement et un accès limité à des services de téléphonie cellulaire qui les empêche de communiquer avec le personnel de soutien ou d’éventuels employeurs. Les clients sont frustrés par le soutien limité accordé aux stratégies de rechange en éducation. Cet organisme maintient un effectif stable et met l’accent sur la souplesse et le soutien individuel dans ses rapports avec les clients.
Beyond a Dreamcatcher
Comme mentionné dans la section « Approches adaptées à la culture pour les jeunes Autochtones », la McCreary Centre Society a produit un rapport intitulé « Beyond a Dreamcatcher » (au-delà d’un capteur de rêves), qui évalue les approches adaptées à la culture pour les jeunes Autochtones aux prises avec des problèmes de toxicomanie en Colombie-Britannique. Ce projet a été dirigé par de jeunes membres de la McCreary’s Youth Research Academy (YRA) (académie de recherche sur les jeunes), qui sont eux-mêmes des jeunes de 16 à 24 ans et qui sont (ou ont été) pris en charge par le gouvernement. Les jeunes Autochtones sont surreprésentés dans les programmes de justice pour les jeunes et de lutte contre la toxicomanie de la Colombie-Britannique, mais ils ont besoin d’approches multidimensionnelles culturellement appropriées. Les programmes de traitement classiques sont souvent inefficaces. Le rapport donne des exemples de programmes couronnés de succès en Colombie-Britannique et ailleurs. Les chercheurs voulaient interviewer de jeunes Autochtones sur leur expérience avec des dirigeants autochtones, mais ils ont eu de la difficulté à trouver des participants ayant une expérience pertinente. Peu de jeunes ont connu des adultes autochtones occupant des postes de direction dans les services de toxicomanie ou des services gérés par des Autochtones. De nombreux jeunes répondants se disent réticents à demander de l’aide et déclarent avoir quitté les services de traitement de manière prématurée. Plusieurs mentionnent le sentiment d’être incompris ou de ne pas être respecté. Certains jeunes répondants préconisent une approche de réduction des méfaits plutôt qu’une approche axée exclusivement sur l’abstinence.
Appartenance à un gang
Projet SNAP (Stop Now and Plan)
En Ontario, le projet SNAP® Youth Justice (SNAP YJ) (justice pour la jeunesse SNAP) est un cadre conçu par le Child Development Institute (CDI) pour mobiliser les jeunes de sexe masculin de 12 ans et plus qui ont des démêlés avec le système de justice pour les jeunes afin de réduire leur risque d’avoir d’autres démêlés avec la justice ou d’appartenir à un gang. Initialement conçu pour être utilisé pendant la détention, il a été étendu aux sites de probation et aux sites communautaires. Une évaluation externe a été menée en 2018 par l’Unité de l’efficacité des programmes et de l’évaluation, Direction générale du soutien opérationnel et de l’efficacité des programmes, Division de la justice pour la jeunesse, ministère des Services à l'enfance et des Services sociaux et communautaires (MSESSC, gouvernement de l’Ontario). L’analyse des données avant la publication montre une augmentation des compétences sociales et de la maîtrise de soi assortie d’une réduction des distorsions cognitives dans les milieux tant carcéral que communautaire.
L’examen a donné des résultats mitigés, de nombreux participants indiquant qu’ils ont utilisé les compétences acquises dans le cadre du programme SNAP et qu’ils recommanderaient le programme, et d’autres participants se plaignant que certains des scénarios fournis sont trop enfantins ou ne sont pas adaptés à leur vécu particulier. Il est recommandé que le programme SNAP tienne compte de l’expérience de vie particulière des participants provenant de régions géographiques particulières comme le Nord de l’Ontario et envisage d’élaborer une version propre aux femmes.
Programme Road to Redemption
En Ontario, il y a eu un examen du programme « Road to Redemption » (en route vers la rédemption), qui appuie la réadaptation et la réinsertion sociale des jeunes qui sont membres d’un gang ou à risque de le devenir. Le programme vise à aider les jeunes à acquérir des aptitudes à la vie quotidienne pour pouvoir quitter les gangs et réintégrer leur collectivité. Les produits livrables comprennent l’élaboration de manuels, soit un pour les délinquants de sexe masculin, un pour les délinquantes et un pour les Autochtones en particulier (Miigaazowini Wachag, ou « Vers une vie meilleure »). En raison du manque de jeunes femmes sous garde en milieu ouvert, certaines participantes ont été recrutées dans le cadre d’un programme de déjudiciarisation pour les jeunes, ce qui signifie que les jeunes femmes participant au programme n’étaient pas nécessairement toutes à risque de faire partie d’un gang. Les participants voyaient généralement d’un bon œil le programme, mais ils n’étaient pas nécessairement convaincus d’avoir acquis de nouvelles compétences.
Youturn, Service d’appui à la jeunesse d’Ottawa
Youturn, Service d’appui à la jeunesse d’Ottawa, a passé en revue son projet de counseling communautaire qui s’adresse aux jeunes de 12 à 17 ans qui sont impliqués dans des gangs ou qui sont vulnérables à ceux-ci. Le rapport mesure la récidive et évalue les jeunes participants en fonction d’un certain nombre de facteurs de risque. La proportion de jeunes participant au programme qui ont commis une nouvelle infraction substantielle pendant leur participation était de 29 % (4 sur 14). Trois des quatre jeunes qui ont terminé le programme en six mois ou moins ont réduit leur cote de risque globale. Quatre jeunes sur six qui ont passé plus de six mois dans le programme ont réduit leur cote de risque globale. Les auteurs font remarquer que les participants ont souvent besoin d’aide en matière de logement, de santé mentale et de relations familiales, ce qui dépasse la portée de la proposition.
Projet Oxygène
Le projet Motivaction Jeunesse (Oxygène) au Québec est également décrit ci-dessus dans la section sur l’usage de substances et la dépendance. Ce programme encourage les jeunes à risque de consommer des drogues et de faire partie de gangs à adopter des habitudes plus saines. Le programme favorise un mode de vie sain et une participation accrue au sport.
Coastline Employment Program
En Colombie-Britannique, le Coastline Employment Program (programme d’emploi Coastline) aide les jeunes à trouver un emploi convenable. La majorité des clients sont impliqués dans des gangs ou risquent de le devenir. Tous les participants ont consommé des substances, comme de l’alcool, du tabac ou des drogues. Presque tous ont des diagnostics en matière de santé mentale. Le programme a connu des difficultés en raison des changements apportés à sa principale source de clients et a donc reçu moins de clients que prévu. Le nombre de participants qui ont répondu au sondage postérieur au programme était trop faible pour qu’on puisse tirer des conclusions sur la réussite du programme.
Programme Blueprint Pathways
Il y a aussi eu un examen de Blueprint Pathways (parcours de plan d’action), programme de discussion sur les arts hip-hop et la santé mentale conçu pour donner aux jeunes sous garde dans des établissements correctionnels les moyens de bâtir un avenir meilleur. Le programme exerce ses activités dans six établissements de détention sécurisés au Canada et met l’accent sur l’art, les modèles positifs et le soutien communautaire. Plus de 300 participants ont répondu à un sondage sur leur expérience. Les résultats indiquent une augmentation de l’estime de soi et une diminution du fatalisme. Le rapport fait état d’un solide appui au programme.
Programme Oshkabaywis (My Helper)
Comme nous l’avons mentionné précédemment dans la section pour les jeunes femmes ayant des démêlés avec le SJP, il existe au Manitoba un programme appelé Oshkabaywis (My Helper) (mon aidant), qui vise à élaborer un programme de mentorat culturellement adapté pour les filles autochtones de Winnipeg qui sont associées à des gangs. Les recommandations suggèrent un mentorat individuel. Cependant, le roulement du personnel rend difficile le jumelage des jeunes clientes avec des mentors appropriés.
STR8 UP
En Saskatchewan, l’initiative « STR8 UP » (droit devant) a mené une mobilisation communautaire pour élaborer une stratégie de prévention et d’intervention à l’égard des gangs de rue en Saskatchewan. Les consultations, approfondies, ont mis l’accent sur la sensibilisation des collectivités. Le rapport définit les gangs et traite de la toxicomanie, de la violence, de la masculinité toxique et des traumatismes. Le rapport formule 24 recommandations pour que la province s’attaque au problème des gangs.
Rapport Creating Constructive Alternatives for our Youth
Un rapport décrit en détail une série de réunions à Toronto, où des fournisseurs de services ont discuté de la création d’un réseau de services interconnectés pour les jeunes à risque de faire partie de gangs. Intitulé Creating Constructive Alternatives for our Youth (créer des solutions de rechange constructives pour nos jeunes), ce rapport examine des solutions au manque d’endroits convenables où se rencontrer, suggérant que les écoles et les lieux de culte pourraient être utiles. Les fournisseurs de services font également remarquer que, si la prévention est un objectif, l’intervention doit commencer beaucoup plus tôt que ce qui est actuellement la norme, et le soutien doit être offert aux familles, et pas seulement aux jeunes à risque. Les limites géographiques des programmes doivent être levées, car certains jeunes préfèrent rester près de chez eux, tandis que d’autres préfèrent obtenir des services loin de leur quartier pour éviter d’être reconnus. La formation professionnelle doit être adaptée aux besoins des jeunes, et il est essentiel d’offrir des options de formation pour la mise à niveau des compétences. Les anciens membres de gangs plus âgés ont aussi besoin de services, faute de quoi ils retournent à une vie criminelle puisque c’est tout ce qu’ils connaissent. Le mentorat pourrait être une option, mais les règles actuelles interdisent aux adultes ayant un casier judiciaire de travailler auprès des jeunes.
Aptitudes à la vie quotidienne / emploi
Conseil économique et social d’Ottawa-Carleton
À Ottawa-Gatineau, le Conseil économique et social d’Ottawa-Carleton a mis sur pied un programme visant à offrir des possibilités d'emploi aux jeunes francophones qui ont des démêlés avec le système de justice pénale, en particulier ceux pour qui les armes, les gangs et les drogues font partie de leur réalité. Le programme s'est heurté à des problèmes de recrutement auprès des jeunes, surtout dans son groupe cible, mais finalement, certains jeunes ont été recrutés à Gatineau. Le programme a eu un succès limité en raison des difficultés de recrutement.
Programme RoadMap
Au Nouveau-Brunswick, le programme RoadMap (feuille de route) vise à enseigner des connaissances financières et des compétences professionnelles aux jeunes qui ont des démêlés avec le SJP. Les chercheurs ont mené deux enquêtes auprès des jeunes, l'une pendant qu'ils étaient pris en charge par les services correctionnels et l'autre après leur libération, afin de mesurer ce qu'ils avaient retenu du programme RoadMap et de suivre leurs progrès après leur libération. Les enquêtes post-libération ont révélé certaines lacunes dans la collecte de données. Par exemple, il est très difficile de suivre les jeunes délinquants une fois qu'ils quittent le système correctionnel ou deviennent des adultes.
Programme alternatif pour les jeunes délinquants : soutenir la réintégration et les choix intelligents
Au Québec, les Centres de la jeunesse et de la famille Batshaw offrent le « Alternative Program for Young Offenders: Supporting Integration and Smart Choices », un projet pilote visant la réhabilitation et la réintégration des jeunes en détention dans le cadre de leur transition dans la communauté. Les clients participant à des programmes qui offrent cours de cuisine, d'art, de musique, d'informatique et de formation à la lutte contre la violence. Comme il y avait moins de clients vivant dans des communautés fermées qu'à l'habitude, le programme s'est étendu pour offrir des services à un plus large éventail de clients. Le programme s'est heurté à des difficultés en raison du taux de rotation élevé des cadres.
Rétroaction des fournisseurs de services
Programme Intensive Support and Supervision Program
Un rapport est un examen approfondi des commentaires des fournisseurs de services au sujet de l’Intensive Support and Supervision Program (programme de soutien et de supervision intensifs), en Colombie-Britannique. Ce rapport examine les services offerts aux jeunes ayant des démêlés avec la justice, y compris les solutions de rechange communautaires au placement sous garde et les programmes de transition qui visent à aider les jeunes dans leur transition entre le placement sous garde et la collectivité. Les fournisseurs de services font remarquer que, même s’il faut accorder la priorité aux jeunes à risque élevé, il devrait y avoir de la place pour les jeunes à risque afin qu’ils bénéficient d’une intervention avant d’avoir des démêlés avec le SJP. Les répondants ont relevé des défis, notamment un manque de diversité au sein du personnel, un roulement élevé du personnel, des ressources inadéquates pour les clients autochtones, des retards dans l’accès au traitement pour les problèmes d’usage de substances et de dépendance et aux services de santé mentale, ainsi qu’une mauvaise communication.
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