Perceptions du public en ce qui concerne la criminalité et la justice au Canada : Examen des sondages d'opinion

RÉSUMÉ

Introduction

Le présent rapport résume les résultats d'enquêtes portant sur les attitudes du public canadien à l'égard d'un certain nombre de questions relatives à la justice pénale. L'accent est mis sur les perceptions des Canadiens en ce qui concerne les taux de criminalité par comparaison avec les taux réels à ce chapitre. Dans la mesure du possible, des renseignements relatifs aux fondements de ces perceptions sont fournis.

Conclusions

Préoccupations des Canadiens à l'égard de la criminalité

Importance accordée à la criminalité

Dans l'ensemble, les Canadiens ne considèrent pas que la criminalité correspond à une préoccupation « de premier plan ». L'inquiétude du public à son égard a peu fluctué au fil des ans et elle a même diminué dernièrement.

Crimes les plus graves

Les Canadiens estiment que les crimes de violence commis contre des enfants constituent les crimes les plus graves ou les plus inquiétants. Viennent ensuite les crimes de violence en général, les crimes commis par les gangs de rue, les crimes perpétrés par des jeunes et les crimes de violence contre les femmes.

Criminalité et collectivité

La collectivité de même que les problèmes qui la touchent constituent un sujet de vive préoccupation pour les Canadiens. Parmi ces derniers, la majorité croit que certains facteurs sociaux comme la déficience des compétences parentales et l'éclatement de la famille constituent la cause première de la criminalité. Parallèlement, le public canadien pense que le citoyen moyen est responsable de la prévention du crime ainsi que de la sécurité au sein de sa collectivité. Malgré une réduction récente de la peur suscitée par la perspective de marcher seul dans les rues la nuit, le tiers des interviewés indiquent qu'ils éprouvent toujours une certaine crainte à cette idée.

Les médias

Les Canadiens rejettent l'idée selon laquelle les médias jouent un rôle déterminant en ce sens qu'ils influent sur leurs attitudes envers la criminalité. Le public canadien croit qu'il y a vraiment une augmentation du nombre de crimes de violence, de crimes commis par des jeunes et de crimes en général et qu'il ne s'agit pas simplement d'une idée véhiculée par les médias.

Perceptions relatives aux taux de criminalité et à la justice pénale

Taux de crimes avec violence

En dépit de leur crainte à l'idée de marcher seul dans les rues la nuit, les Canadiens ont le sentiment que les taux de crimes avec violence sont en baisse. Inversement, ils pensent que les taux de criminalité en général augmentent et que les lois sont de moins en moins respectées. En réalité, les taux de crimes de violence signalés à la police au Canada, y compris les homicides, les agressions sexuelles et les voies de fait, connaissent un déclin depuis sept années consécutives.

Confiance à l'égard du système

La confiance des Canadiens à l'égard des certains éléments du système de justice pénale accuse des variations. Le public canadien estime que l'application des lois dans son ensemble ne s'avère pas suffisamment rigoureuse; il est particulièrement insatisfait de certains aspects du système, notamment les tribunaux et les services correctionnels.

Crédibilité des porte-parole

Ce sont les chefs de police et les dirigeants des groupes de défense des droits des victimes que les Canadiens classent au premier rang sur le plan de la crédibilité. De l'avis du public, les statistiques fournies par les chercheurs et par le gouvernement sont peu fiables, et les médias sont considérés comme encore moins crédibles. Les représentants des gouvernements fédéral et provinciaux arrivent au dernier rang en tant que groupes les moins crédibles.

Lois et application des lois

La majorité des Canadiens trouvent que les peines imposées sont trop peu sévères. Ils ont la même opinion des lois qui visent les délinquants.

Crimes liés à la violence familiale

Mauvais traitements infligés à des enfants

Les Canadiens se disent particulièrement inquiets des crimes de violence commis contre des enfants, mais seuls quelques-uns d'entre eux déclarent avoir une certaine expérience de la question. Parmi ceux qui affirment avoir eu connaissance d'un tel crime, la majorité indiquent que leur réaction a été de ne rien faire. Toutefois, l'inaction face à de tels événements est bien moins fréquente qu'en 1997.

Le système de justice pénale

Les tribunaux

Les Canadiens sont en faveur des solutions de rechange à l'incarcération dans les cas de crimes sans violence. Les sentiments du public relativement à cette question sont étroitement liés à la perception selon laquelle le système dans son ensemble est trop laxiste. En effet, les interviewés qui partagent cette impression n'appuient pas les sanctions substitutives ni les mesures correctionnelles communautaires telles que la surveillance électronique, les maisons de transition et la libération conditionnelle. La sécurité du public revêt de l'importance pour la plupart des Canadiens, comme en témoigne leur façon de percevoir les objectifs de l'incarcération.

Peines imposées et services correctionnels

Les Canadiens estiment que les peines imposées par les tribunaux ne sont pas assez sévères. En ce qui concerne la condamnation avec sursis, récemment instaurée, ils sont d'accord pour qu'on y ait recours selon la nature des conditions et la durée de la peine. Cependant, elle ne constitue pas à leurs yeux une peine acceptable pour certaines infractions, en particulier les infractions d'ordre sexuel.

Libération conditionnelle

La majorité des Canadiens aimeraient que le régime de libération conditionnelle soit plus strict. Néanmoins, ils sont nombreux à appuyer l'élargissement du régime actuel.

Sensibilisation du public aux initiatives de réforme législative

Légalisation de la marijuana

La proportion de Canadiens en faveur de la légalisation de la marijuana est faiblement majoritaire.

Contrôle des armes à feu

L'appui de mesures législatives sur le contrôle des armes à feu a fluctué au fil du temps, mais il reste important. Une faible majorité de la population canadienne approuve vivement l'enregistrement obligatoire des armes à feu. Certains membres du public sont d'accord sur le fait de posséder des armes à feu pour la chasse, mais ils réprouvent la possession de telles armes de façon générale. Les cours obligatoires sur les règles de sécurité relatives aux armes à feu reçoivent un appui massif de la part des Canadiens.

Loi sur le système de justice pénale pour les adolescents

Bon nombre de Canadiens estiment que la nouvelle Loi sur le système de justice pénale pour les adolescents représente une amélioration par rapport à la Loi sur les jeunes contrevenants, mais ils ne la trouvent pas suffisamment sévère, en particulier envers les délinquants violents et les récidivistes.

Autres questions liées à la justice pénale

Condamnations injustifiées

À la suite de cas récents de condamnation injustifiée, la majorité des Canadiens croient que plus d'efforts doivent être déployés au sein du système de justice pour éviter de telles erreurs judiciaires. En outre, la plupart des personnes interrogées pensent que les personnes condamnées à tort devraient recevoir une forme quelconque de compensation financière.

Peine de mort

Si l'occasion leur en était donnée, une faible majorité de Canadiens voteraient en faveur du rétablissement de la peine capitale pour les cas de meurtre. Cependant, malgré ce résultat, une forte majorité d'entre eux trouvent que cette peine ne constitue pas une sanction dissuasive pouvant prévenir le meurtre.

Système de justice pour les Autochtones

Les Canadiens qui approuvent l'instauration d'un système de justice distinct pour les Autochtones sont faiblement majoritaires. Leur nombre a cependant augmenté légèrement au cours des huit dernières années.

Agences privées de sécurité

Le public canadien est favorable au recours à des agences privées de sécurité dans le but de réduire les coûts au sein du système de justice pénale. Il appuie dans une proportion relativement forte ce recours, notamment pour la surveillance d'endroits tels que les aéroports et les ports. Toutefois, les opinions sont partagées quant à la question de savoir si ces agences devraient diriger des établissements correctionnels. À ce chapitre, les objections soulevées ont trait au risque accru que cela comporterait pour la collectivité.

Conclusions

Les Canadiens s'inquiètent de la criminalité en général au pays et plus particulièrement dans leur quartier. Malgré une diminution de l'inquiétude à l'égard de la criminalité, les craintes du public à ce chapitre sont sans rapport avec les taux de criminalité réels et le risque d'être victime de crimes. En effet, les perceptions du public relativement à l'activité criminelle et à la violence ne sont pas conformes à la réalité. Ce phénomène est particulièrement vrai en ce qui concerne la criminalité chez les jeunes, les Canadiens ayant toujours l'impression que celle-ci est en progression. De plus, le public canadien n'éprouve pas une grande confiance dans le système de justice pénale, surtout les tribunaux et le système correctionnel.