Perceptions du public en ce qui concerne la criminalité et la justice au Canada : Examen des sondages d'opinion

1. Préoccupations des canadiens à l'égard de la ciminalité

1. Préoccupations des canadiens à l'égard de la ciminalité

1.1 Importance accordée à la criminalité et à la violence au Canada

Les divers sondages menés sur la question débouchent sur des résultats différents en ce qui concerne l'importance accordée par les Canadiens à la criminalité et à la violence au Canada en tant que préoccupation « de premier plan ». Un sondage réalisé en 1999 pour le compte de CBC et du magazine Maclean révèle que seuls 3 % des Canadiens placent la criminalité et la violence au premier rang des problèmes du Canada. La criminalité se classe troisième en importance, après l'économie et le chômage (19 %), et les dépenses gouvernementales et le déficit (10 %). L'inquiétude soulevée par la criminalité a peu fluctué au fil des ans; son taux de 1998 correspond à une hausse par rapport à celui de 2 % enregistré en 1985, et à une baisse comparativement à celui de 6 % observé en 1994.

Un sondage Angus Reid mené en 1997 a abouti à des résultats légèrement différents. Au total, 22 % des personnes interrogées ont déclaré que la criminalité constituait un problème des plus importants pour les collectivités, plaçant ce phénomène au deuxième rang, immédiatement derrière le chômage (42 %). La majorité des Canadiens (59 %) croient également que les taux de criminalité à l'échelle locale ont grimpé au cours des cinq dernières années. Cette proportion représente une baisse par rapport au taux de 68 % de 1994 et se rapproche davantage des 57 % enregistrés en 1990.

1.2 Crimes soulevant le plus de préoccupations

Dans le cadre du sondage Environics de 1998, lorsqu'on a demandé aux Canadiens quels étaient les crimes les plus graves ou les plus inquiétants à leurs yeux, ce sont les infractions commises contre des enfants qui ont remporté la palme (tableau 1). En 1998, 24 % des répondants jugeaient ces crimes graves, une hausse de deux points par rapport au résultat de 1994. En règle générale, les crimes de violence accusent une baisse de deux points, chutant à 17 % pour cette même année. Certains d'entre eux, notamment le meurtre (14 %) et l'agression sexuelle (10 %), ont également été mentionnés parmi les crimes les plus graves.

D'après le même sondage Environics (1998), les crimes commis par les gangs de rue et les jeunes figurent moins fréquemment (7 %) parmi les crimes inquiétants mentionnés, de même que les crimes de violence contre les femmes (5 %). Depuis 1994, la proportion d'interviewés pour qui les infractions contre les biens constituent les crimes les plus inquiétants a diminué de cinq points, tombant à 6 % en 1998.

Question :

Lorsque vous êtes témoin de la criminalité ou en entendez parler, quels sont les crimes qui vous inquiètent le plus?

Tableau 1 : Crimes soulevant le plus de préoccupations
Crimes soulevant le plus de préoccupations 1994 1998
Crimes contre les enfants 22 % 24 %
Crimes de violence 19 % 17 %
Meurtres 13 % 14 %
Agressions sexuelles 12 % 10 %
Crimes commis par les gangs de rue/les jeunes 7 % 7 %
Crime de violence contre les femmes 4 % 5 %
Infractions contre les biens 11 % 6 %

Source : Environics, 1998.

1.3 Criminalité dans les quartiers et la collectivité

Selon les résultats du sondage Environics de 1998, le public canadien s'avère moins préoccupé par la criminalité dans leur collectivité qu'en 1994 (voir la figure 1). Depuis 1990, de plus en plus de Canadiens considèrent que la criminalité est un problème assez important ou pas très important au sein de la collectivité en général. En 1998, 38 % des répondants au sondage trouvaient ce problème assez important, comparativement à 33 % en 1994, et à 30 % en 1990. Parallèlement, le pourcentage de Canadiens pour qui la criminalité représente un problème très important connaît une baisse régulière depuis 1990, année où il a atteint un sommet de 45 %. En 1994, 42 % des interviewés trouvaient le problème de la criminalité très important, et ce pourcentage a continué de chuter, tombant à 30 % en 1998. Cette même année, la proportion de gens aux yeux desquels la criminalité dans la collectivité constituait un problème pas très important ou pas important du tout atteignait 31 %, un record sans précédent.

Question :

À votre avis, la criminalité est-elle un problème très important, assez important, pas très important ou pas important du tout au sein de votre collectivité?

Figure 1: Préoccupation à l'égard de la criminalité dans la collectivité : 1990, 1994, 1998

Figure 1: Préoccupation à l'égard de la criminalité dans la collectivité : 1990, 1994, 1998

[Description de la Figure 1]

Source : Environics, 1998.

À la question de savoir si la criminalité constitue un problème important dans leur quartier, une forte majorité de répondants ont déclaré qu'elle ne représentait pas un problème. Cette proportion est restée relativement constante, atteignant 79 % en 1990, 75 % en 1994, et 80 % en 1998. Toujours en 1998, 18 % des interviewés considéraient la criminalité comme un problème grave, par comparaison avec 23 % en 1994. Le taux actuel de Canadiens partageant cet avis se rapproche de celui de1990, 17 % des répondants estimant qu'il s'agit d'un problème important.

1.4 Causes de la criminalité

Dans l'ensemble, le public canadien pense que les problèmes sociaux constituent la cause première de la criminalité (tableau 2). D'après les résultats du sondage Environics de 1998, 64 % des Canadiens croient que la criminalité est attribuable à la déficience des compétences parentales et à l'éclatement de la famille, et 63 % en voient la cause dans la facilité d'accès aux drogues illicites. Par ailleurs, 53 % des répondants croient que le laxisme au sein du système de justice est responsable de la criminalité, tandis que 52 % attribuent cette dernière à la pauvreté, 51 %, à un relâchement des mours, 50 %, au chômage, 49 % à la violence à la télévision, et 48 %, au manque de discipline dans les écoles. Fait intéressant, bien que les répondants considèrent les problèmes sociaux comme une cause de la criminalité, un faible pourcentage d'entre eux (28 %) mentionnent aussi comme facteur causal les lacunes des services à l'enfance et à la famille. Ils sont 20 % à citer l'insuffisance des forces policières comme l'une des principales causes de la criminalité.

Question :

Considérez-vous chacun des éléments suivants comme étant une cause très importante, assez importante, pas très importante ou pas importante du tout de la criminalité au Canada de nos jours?

Tableau 2 : Causes de la criminalité selon les perceptions des Canadiens : 1998
Causes de criminalité %
Déficience des compétences parentales et éclatement de la famille 64
Facilité d'accès aux drogues illicites 63
Laxisme au sein du système de justice 53
Pauvreté 52
Relâchement des mours 51
Chômage 50
Violence à la télévision 49
Manque de discipline dans les écoles 48
Lacunes des services à l'enfance et à la famille 28
Insuffisance des forces policières 26

Source : Environics, 1998.

1.5 Prévention du crime par les citoyens

Depuis 1994, le pourcentage de Canadiens estimant que les citoyens sont responsables de la sécurité et de la prévention de la criminalité dans leur collectivité a connu un déclin. Le sondage Environics de 1998 indique que 46 % d'entre eux (soit une baisse par rapport aux 58 % de 1994) croient que le citoyen moyen devrait participer davantage au dépistage et à la prévention de la criminalité dans son quartier (figure 2).

La proportion de répondants selon lesquels les organismes responsables de l'application de la loi devraient déployer plus d'efforts est passé de 33 % en 1994 à 42 % en 1998. En outre, 8 % des personnes interrogées en 1998, comparativement à 4 % en 1994, étaient d'avis que tant les particuliers que les organismes devraient faire plus d'efforts, ou avaient une autre opinion.

Figure 2 : Responsabilité à l'égard de la prévention du crime : 1994, 1998

Question :

Certains affirment que le citoyen moyen devrait participer davantage au dépistage et à la prévention de la criminalité dans son quartier. D'autres croient que les gens font tout ce qu'ils peuvent à ce chapitre, et qu'il revient aux organismes d'application de la loi de déployer plus d'efforts. Laquelle de ces deux opinions se rapproche le plus de la vôtre?

Figure 2 : Responsabilité à l'égard de la prévention du crime : 1994, 1998

[Description de la Figure 2]

Source : Environics, 1998.