Le long parcours

Partie 1 - The Youngest Profession, The Oldest Oppression (1991-1992)

Partie 1 - The Youngest Profession, The Oldest Oppression (1991-1992)

1.1 Le motif de la recherche

Existe-t-il un lien entre la violence sexuelle passée et l'entrée éventuelle dans le commerce de l'exploitation sexuelle?

Après avoir travaillé auprès de jeunes victimes d'exploitation sexuelle à Toronto, Vancouver et Calgary et avoir occupé pendant un an, en 1991, un poste comportant des fonctions d'observation et d'entrevue de recherche au centre-ville de Calgary, il m'est apparu que plusieurs des jeunes travailleurs des rues avaient préalablement vécu des expériences de violence sexuelle et physique. Mon but consistait à entreprendre une recherche pouvant aider les fournisseurs professionnels de services, le gouvernement et les universitaires qui ouvrent auprès de cette population.

Passant en moyenne quatre soirées par semaine dans le cour du centre-ville, je me trouvais souvent à proximité du véhicule du programme sans but lucratif Exit, qui s'intéresse aux jeunes des rues, apportant son appui aux jeunes victimes d'exploitation sexuelle [2]. Ma recherche, qui a pris pour titre « The Youngest Profession, the Oldest Oppression » (la profession des plus jeunes, l'oppression la plus ancienne), s'est constituée de 50 entrevues avec neuf jeunes hommes et 41 jeunes femmes.

1.2 Démarche

J'ai monté pour m'aider dans la démarche d'entrevues, en collaboration avec le réseau Youth In Care and Custody, un questionnaire ouvert. Mes champs d'enquête étaient les suivants : historique et passé familial, violence sexuelle, violence, expériences en milieu scolaire, histoire actuelle, abus d'intoxicants, contacts avec les organismes constitués en vertu de lois, vie au travail, préoccupations de santé mentale et physique, antécédents et facteurs contributifs ayant mené à la prostitution.

1.3 Méthodologie

J'ai recouru pour ma recherche à une combinaison de théorie à base empirique et de principes de recherche féministe.

« J'ai adopté l'approche inductive de la théorie à base empirique et, en complément, une méthodologie féministe. La théorie à base empirique permet de s'immerger dans la vie du travailleur du sexe et la méthodologie féministe insiste sur des entrevues en personne en plus de reconnaïtre que cela a un effet direct sur le chercheur/la chercheuse ». - McIntyre, 1994:6 [traduction]

Le sondage en boule de neige a aussi été utilisé. Des 50 jeunes personnes interrogées, 41 étaient des filles ou des femmes et neuf, des garçons ou des hommes.

Afin d'assurer le confort, la sûreté et la confidentialité, les entrevues ont eu lieu chez les sujets, à mon bureau ou, après les heures de travail, au bureau du programme Exit Community Outreach. D'une durée de deux à sept heures, elles ont été enregistrées et transcrites. Afin d'en garantir la confidentialité au rapport de recherche, des pseudonymes, dans la plupart des cas, ont été donnés aux sujets interrogés.

1.4 Caractéristiques des répondants

1.5 Répercussions sur les politiques

La recherche visait en partie à déterminer le degré de responsabilité, au sein de la collectivité professionnelle de Calgary, du traitement des jeunes actifs dans le commerce de l'exploitation sexuelle. Au total, 255 questionnaires ont été remis à des policiers, à des juges, à des politiciens municipaux, à des enseignants, à des travailleurs sociaux, à des travailleurs auprès des jeunes et à des thérapeutes. Cette étude, dont le taux de réponse a été de 43 %, a montré qu'aucun service n'assumait la responsabilité de la population sous étude.

« Il semble que le milieu professionnel de Calgary discerne clairement les besoins de cette population; la question d'importance consiste à savoir qui devrait assurer la prestation des services, comment les élaborer et comment informer les professionnels et les clients de ces services. Il semble sûr de conclure qu'il n'existe pas de mandat clair, au sein du milieu professionnel de Calgary, quant à l'industrie du sexe. » - McIntyre, 1994:128 [traduction]

Par suite de cette recherche, la Ville de Calgary a mis sur pied, en 1995, un groupe de travail. Coprésidé par la conseillère municipale Bev Longstaff et moi-même, le groupe de travail a fait le premier pas nécessaire en reconnaissant que la prostitution juvénile est une forme de violence sexuelle infligée aux enfants et, en bout de ligne, en modifiant une culture qui, de longue date, considère les jeunes prostitués comme des criminels. Ils sont désormais vus comme des victimes de violence sexuelle, plusieurs d'entre eux ayant subi de telles expériences de violence avant leur entrée dans le métier.

Un groupe de travail albertain monté en 1998, que présidait Heather Forsyth, députée provinciale, a mis en ouvre des modifications législatives à la Child Welfare Act afin qu'y soit incluse la prostitution en tant que forme de violence sexuelle. C'est ainsi qu'est née l'assurance que les jeunes prostitués demeureraient au programme du gouvernement et de l'ensemble de la population. En 1999, la Protection of Children Involved in Prostitution Act (PCHIP) très controversée du gouvernement albertain a été promulguée et modifiée par suite d'une contestation constitutionnelle.

1.6 Effets sur les programmes

Des modifications aux programmes ont suivi les changements législatifs. Des programmes destinés à cette population, comme celui d'Outreach Street Services, ont été montés dans l'ensemble des provinces et territoires du Canada au cours des cinq dernières années.


[2] Exit Community Outreach est un programme géré par Woods Homes, de Calgary.