Examen du lien entre la criminalité et la situation socio-économique à Ottawa et à Saskatoon : Analyse géographique à petite échelle

4. Sources des données

4. Sources des données

Étude no 1 - Aires de diffusion d'Ottawa

Nous avons collecté et analysé deux types de données : des données sur les infractions criminelles obtenues du Service de police d'Ottawa (SPO) pour 2001 et des données socio-économiques tirées du Recensement de 2001 de Statistique Canada. Dans les deux cas, nous avons agrégé les données au niveau de l'aire de diffusion (AD). Les aires de diffusion ont été définies par Statistique Canada pour le Recensement de 2001 : il s'agit de secteurs circonscrits constitués d'un ou de plusieurs pâtés de maisons voisins, comportant une population de 400 à 700 personnes. Ce sont les plus petites unités géographiques normalisées pour lesquelles toutes les données de recensement sont diffusées. En 2001, il y avait environ 1 200 AD à Ottawa. Leur petite taille fait qu'elles sont idéales aux fins de l'analyse géographique des distributions intra-urbaines de l'activité criminelle et de la situation socio-économique.

Le SPO a rattaché chaque infraction criminelle en 2001 à des coordonnées géographiques (longitude et latitude), selon le type d'infractions (c.-à-d. voie de fait, introduction par infraction, etc.) et les a sauvegardé sous la forme d'un élément de données distinct. Aux fins du présent projet, le SPO a fourni les éléments de données agrégées de manière à correspondre aux limites des AD d'Ottawa, ce qui nous a permis de comparer directement les données sur les infractions criminelles et les renseignements tirés du recensement. Comme on peut le voir au tableau 4.1, les données sur la criminalité ont été groupées dans six catégories principales d'infractions : « Toutes les infractions », « crimes de violence », « crimes majeurs contre les biens », « crimes mineurs contre les biens », « stupéfiants » et « désordre public/autres ». La ventilation des catégories d'infractions dans chaque groupe figure au tableau 4.2. Le tableau montre qu'un total de 44 559 infractions ont été incluses aux fins des analyses de la présente étude. (Plusieurs infractions, dont les contraventions au Code de la route et à certaines lois fédérales, ont été omises.) Les crimes mineurs contre les biens représentent plus de la moitié (54 %) des infractions signalées à la police d'Ottawa en 2001, le « vol de moins de 5 000 $ » étant l'infraction la plus courante dans cette catégorie. Les crimes majeurs contre les biens représentent 20 % du total, le « vol d'automobiles » étant le plus fréquent. Près de 7 000 crimes de violence ont été perpétrés dans la ville (16 % du total), les « voies de fait » représentant près des deux tiers (63 %) des infractions dans ce groupe. Les autres infractions avaient trait aux stupéfiants (2 % du total) et au « désordre public/autres » (8 %). Il est important d'insister de nouveau sur le fait que les données sur la criminalité ne renvoient qu'à l'endroit où l'infraction a été commise mais non à l'adresse du contrevenant, ce qui signifie, par exemple, qu'un taux de criminalité élevé dans un quartier n'est pas forcément représentatif des actions de ses résidents.

Le tableau 4.1 présente les 26 variables socio-économiques du recensement que nous avons employées dans l'étude. L'objectif consistait à établir une série concise d'indicateurs qui reflètent la situation socio-économique et les degrés de désavantage dans les collectivités d'Ottawa. D'après la liste, il est clair que le chômage, la participation à la population active, le revenu faible et la scolarité limitée sont les mesures directes du désavantage, des facteurs qui ont été souvent employés dans des études de la différenciation sociale dans les régions urbaines de l'Amérique du Nord et de l'Europe. Les variables relatives aux immigrants récents, aux minorités visibles et aux chefs de familles monoparentales ne sont pas des mesures directes, mais nous les avons incluses à cause des nombreux problèmes qui sont rattachés à ces groupes au Canada, dont un revenu plus faible, des taux de chômage plus élevés et la dépendance subséquente vis-à-vis des transferts sociaux. Nous avons inclus les trois variables liées aux jeunes afin de mettre en lumière les problèmes potentiels touchant la criminalité horizontale dans les collectivités comportant des proportions plus grandes de jeunes sans emploi ou ne fréquentant pas l'école. Dans le contexte de la théorie criminologique, en particulier la désorganisation sociale (Shaw et McKay) et la théorie des quartiers déviants (Stark), nous avons employé plusieurs variables du recensement liées à la mobilité et au logement, dont le statut familial (célibataire et marié), les personnes ayant déménagé au cours de la dernière année, la proportion de propriétaires par rapport aux locataires, l'âge des logements, le type d'habitation (maisons, maisons en rangée, appartements) et la densité des ménages.

Comme nous pouvons le voir au tableau 4.1, nous avons calculé les variables de la criminalité de manière à obtenir un taux pour 100 000 habitants dans chaque AD. Nous avons construit une base de données constituée de 32 variables (6 infractions criminelles et 26 indicateurs du recensement) pour chacune des 1 187 AD d'Ottawa. (Nous avons exclu de l'étude les AD pour lesquelles des données de recensement manquaient ou avaient été supprimées.).

Étude no 2 - Quartiers de Saskatoon

La Direction générale de l'urbanisme de la ville de Saskatoon a défini les limites des quartiers, qui sont illustrées dans la figure 7.1. La carte montre les neuf collectivités désignées comme « quartiers centraux », dont sept sont situées sur la rive Ouest de la rivière South Saskatchewan et comprennent le Central Business District (CBD). Périodiquement, la Direction générale de l'urbanisme publie un rapport intitulé « Neighbourhood Profiles » dans lequel sont rassemblées des données détaillées sur le recensement, l'aménagement, l'immobilier, le conseil scolaire et les véhicules pour chaque quartier de la ville. Aux fins de la présente étude, nous avons obtenu la parution la plus récente (2003), qui renferme des données tirées du Recensement de 2001. De plus, nous avons obtenu de l'Unité de la planification du service de police de Saskatoon (SPS) des données sur les infractions criminelles pour 2003. Le SPS collecte des données sur la criminalité par quadrant et les rajuste de manière à ce qu'elles correspondent approximativement aux limites de chaque quartier de la ville. Par conséquent, il peut y avoir un certain chevauchement des incidents dans des quartiers adjacents. Aux fins de la présente étude, les données sur la criminalité, le recensement et l'aménagement/urbanisme ont été compilées pour 55 quartiers résidentiels. Nous avons exclu de l'étude les quartiers industriels parce qu'ils sont très peu peuplés ou que des données manquaient.

Le tableau 4.3 énumère les 31 variables employées dans l'étude, ventilées en trois catégories. Les variables de la criminalité sont groupées dans cinq catégories d'infractions principales : toutes les infractions, crimes de violence, crimes majeurs contre les biens, crimes mineurs contre les biens et stupéfiants. Les sous-catégories d'infractions de chacune de ces catégories sont énumérées dans le tableau 4.4.

Le tableau 4.3 montre également les 22 variables socio-économiques du recensement employées dans l'étude. Bon nombre de ces variables ont déjà été employées dans des études antérieures de la criminalité et de la situation socio-économique, dont la densité de population, la scolarité, le revenu faible, le chômage, les familles monoparentales, les immigrants récents et les caractéristiques du logement. Saskatoon compte une population autochtone nombreuse et relativement défavorisée et comme ce groupe a été reconnu comme « à risque » à l'égard de la criminalité (La Prairie, 2000, Sacco et Kennedy, 2002; Mata, 2003), nous avons décidé d'inclure cette variable dans l'étude. Enfin, la troisième catégorie, « données sur l'aménagement, l'urbanisme et les véhicules » comprend des variables relatives au prix de vente moyen des maisons, à la superficie occupée par les parcs et à l'utilisation de véhicules.

Le tableau 4.5 montre une ventilation des catégories d'infractions criminelles dans la RMR de Saskatoon en 2003, telle que collectée et publiée par le Centre canadien de la statistique juridique dans sa Déclaration uniforme de la criminalité (DUC). Elle montre qu'il y a eu en tout 37 596 infractions dans la région urbaine. Les crimes contre les biens représentent plus de la moitié (51 %) de toutes les infractions signalées à la police à Saskatoon en 2003, le « vol de moins de 5 000 $ » étant l'infraction la plus courante dans cette catégorie. « L'introduction par effraction » est manifestement un problème dans la ville, puisqu'on y signale 5 028 infractions de cette nature, représentant environ 26 % de tous les crimes contre les biens. Il y a eu 4 100 infractions de violence à Saskatoon (11 % du total), les « voies de fait » constituant près des trois quarts (74 %) des infractions dans ce groupe. Les autres infractions appartenaient à la catégorie « autres infractions au Code criminel » (35 % du total), les « méfaits – dommages matériels » étant les plus courants dans cette catégorie. Enfin, les infractions à des « lois fédérales », constituées surtout d'infractions relatives aux stupéfiants, ne représentaient que 3 % de tous les incidents.

Étude no 3 – Une comparaison des quartiers à Ottawa et à Saskatoon

Tel que mentionné, l'un des objectifs de l'étude no 3 consiste à ré-agréger les données sur les aires de diffusion utilisées dans la première étude d'Ottawa de manière à les faire correspondre aux limites des 50 quartiers de la ville et à les comparer aux quartiers de Saskatoon. Le tableau 4.6 énumère les variables utilisées dans l'analyse des deux villes au niveau des quartiers. Comme nous l'avons vu, la plupart des variables relatives à la criminalité et plusieurs des variables du recensement ont été employées dans les deux villes. Plusieurs autres variables n'ont été analysées que dans l'une des deux villes de manière à prendre en compte leurs caractéristiques propres. Par exemple, deux variables liées à l'immigration ont été incluses dans l'analyse d'Ottawa parce que l'immigration joue un plus grand rôle dans la géographie sociale de la ville qu'à Saskatoon. De même, nous avons inclus une variable mesurant l'identité autochtone dans l'analyse de Saskatoon puisque la ville compte une population beaucoup plus importante de ces résidents.