Examen du lien entre la criminalité et la situation socio-économique à Ottawa et à Saskatoon : Analyse géographique à petite échelle

9. Résumé

Le présent rapport renferme les constatations issues de trois études qui ont porté sur les caractéristiques liées à la criminalité et aux quartiers d'Ottawa et de Saskatoon. Les études révèlent des différences très nettes quant au degré et à la nature de la criminalité dans les deux villes. Saskatoon a l'un des taux de criminalité les plus élevés au Canada et on y relève plusieurs indicateurs clairs de la criminalité dans ses quartiers. Par comparaison, Ottawa a l'un des taux de criminalité les plus faibles et dans l'ensemble, on y relève un lien plus faible entre la criminalité et la situation socio-économique. Toutefois, pour ce qui est des configurations géographiques, les secteurs à haut taux de criminalité des deux villes sont surtout situés dans les quartiers centraux du cœur de la ville.

Les méthodologies mises au point dans le cadre des trois études peuvent servir de guide à d'autres recherches sur la géographie de la criminalité dans d'autres villes canadiennes. Il serait particulièrement intéressant de comparer les configurations et les tendances dans des villes ayant différentes conditions sociales et économiques et différents profils démographiques. Par exemple, les grandes villes de l'Ouest canadien, comme Edmonton et Vancouver, ont des taux de criminalité plus élevés et une présence notable de résidents défavorisés, comme des Autochtones. De plus, les études futures pourraient se concentrer plus particulièrement sur certaines catégories d'infractions. Par exemple, on pourrait analyser la répartition géographique des crimes de violence en fonction de l'emplacement des lieux publics, comme les secteurs commerciaux, les parcs et les stations de transport en commun. En même temps, il est possible d'étudier les politiques relatives à la prévention du crime visant à rendre ces lieux publics plus sûrs pour les groupes vulnérables, comme les jeunes, les personnes âgées et les femmes.

Il est évident que le système urbain canadien se caractérise par d'importantes variations régionales et par conséquent, on peut également s'attendre que la géographie de la criminalité varie considérablement, non seulement au sein même des villes mais d'une ville à une autre. Une description plus complète de ces différences est nécessaire pour élaborer des stratégies pertinentes de prévention du crime et de valorisation sociale qui prennent explicitement en compte la situation locale. Par exemple, l'étude no 2 de Saskatoon a révélé un lien solide entre la prévalence des crimes de violence et la présence d'Autochtones dans certains quartiers centraux. L'étude a proposé plusieurs stratégies pour faire face à ce problème, dont l'amélioration des services sociaux et des possibilités d'éducation et de logement pour les résidents autochtones de Saskatoon. Comme il a été montré dans les écrits spécialisés de la criminologie canadienne, il y a de nombreux autres exemples de conditions individuelles et locales qui ont une incidence sur la criminalité.

Enfin, d'un point de vue méthodologique, d'autres recherches sont nécessaires sur la façon dont le niveau de géographie employé dans l'analyse influe sur le rapport entre la criminalité et la situation socio-économique. La recherche décrite ici a révélé que le changement d'échelle géographique employée dans l'analyse d'Ottawa (aires de diffusion et quartiers) a eu un effet important sur les constatations. On pourrait obtenir des données pour d'autres villes pour différentes échelles géographiques, dont les AD, les districts de recensement et les quartiers afin d'effectuer d'autres analyses des effets de l'agrégation géographique sur les tendances de la criminalité.