La nature des gangs urbains au Canada et l'utilisation qu'ils font des armes à feu : recension des écrits et enquête auprès de services policiers
Remerciements
La rédaction du présent rapport aurait été impossible sans l'aide des membres des services policiers qui ont pris le temps de remplir les questionnaires et de participer à des entrevues téléphoniques. Je suis particulièrement reconnaissante aux personnes ci-dessous qui m'ont offert leur temps et leur savoir-faire : Micheline Bourret, Paul Brien, Martin Bruce, Bill Carver, John Dehass, Bill Dombowsky, John Dyck, Tamie Fennig, Bruce Foster, Patrick Gascon, Mario Giardini, Rob Harding, Ron Johansson, Doug Kuan, Frank Skubic, Wendy Stone, Harvey Williams, Pamela Winters. J'aimerais également remercier Nicole Crutcher et Kim Burnett du ministère de la Justice du Canada pour leur aide et leur soutien.
Résumé
Plusieurs affaires retentissantes ont beaucoup attiré au cours des derniers mois l'attention du public et des médias sur le problème de la violence liée aux armes à feu dans les grands centres urbains, en particulier à Toronto. On suppose qu'une grande partie de la violence à Toronto est liée à des gangs urbains. Nous disposons de rapports de recherches sur la nature des gangs urbains, mais il faut synthétiser la somme des écrits et examiner la question dans une perspective canadienne. Le présent projet a trois objectifs : rassembler toutes les études disponibles sur les gangs urbains au Canada, tant qualitatives que quantitatives; produire un profil des gangs urbains au Canada avec l'aide de services policiers, en portant particulièrement attention à l'utilisation qu'ils font des armes à feu dans six villes canadiennes (Toronto, Montréal, Vancouver, Winnipeg, Regina et Halifax); et décrire un échantillon de programmes lancés ou mis en œuvre par les services policiers pour lutter contre les membres de gangs urbains et l'utilisation qu'ils font des armes à feu.
Nous avons rédigé des questions sur la nature des gangs urbains et les programmes lancés par les services policiers sous la forme d'un sondage que nous avons envoyé aux autorités policières des six villes. Nous avons combiné les réponses aux questionnaires adressés aux services policiers et les renseignements provenant de rapports de recherches publiés pour produire le présent rapport.
Études canadiennes sur les gangs urbains
Les auteurs de toutes les études recensées aux fins du présent projet ont signalé la rareté des études sur les gangs urbains au Canada. Toutefois, les études recensées étaient suffisantes pour nous renseigner sur le sujet. Elles font état de l'absence de consensus sur les définitions applicables aux différentes catégories de gangs et chaque étude a employé une définition légèrement différente de « gang de rue » ou « gang urbain », en intégrant toutefois un thème central se rapportant à la participation de plusieurs personnes à des activités criminelles. La plupart des études réclamaient une définition universelle des différentes catégories de gangs.
Caractéristiques démographiques des membres de gangs
Les hommes sont surreprésentés dans les gangs urbains et les femmes sont soit absentes soit très peu représentées et cela semble vrai dans l'ensemble du pays. Les répondants à l'enquête auprès des services policiers ont confirmé cette constatation.
Selon la plupart des études, les gangs urbains sont composés de jeunes adultes et d'adolescents. Les réponses à l'enquête menée auprès des services policiers ont confirmé que la plupart des membres de gangs urbains ont tendance à être relativement jeunes, soit un âge moyen d'environ 18 ans et une fourchette d'âges allant de 11 ans à 50 ans.
Quant à l'origine ethnique, les études et les réponses à l'enquête laissent croire que l'origine ethnique n'est peut-être pas un facteur aussi important de la composition des gangs urbains que le quartier. Toutefois, il semble que différents groupes ethniques sont surreprésentés dans certains quartiers ce qui pourrait contribuer à la représentation d'une origine ethnique particulière dans certains gangs.
Activités
Selon les études, plus de la moitié des membres de gangs se livraient à une certaine forme d'activité antisociale avant d'adhérer aux gangs, par exemple participer à des bagarres et à des vols, faire du vandalisme ou consommer des stupéfiants, et que presque tous les membres commettent des infractions criminelles après leur adhésion. Les infractions contre les biens, et en particulier les introductions par effraction, et le vol d'autos sont les infractions les plus courantes et la plupart des études font état d'une forte participation à des crimes de violence, comme des voies de fait, des vols qualifiés et le cambriolage à domicile.
Collectivement, les infractions les plus fréquentes sont les infractions liées aux stupéfiants, comme la production, l'importation ou le trafic de drogues illégales.
Les répondants à l'enquête ont fait état d'activités de gangs similaires, mais en ajoutant des opérations de fraude et l'homicide.
Les études et les résultats de l'enquête révèlent qu'une partie des gangs urbains semblent fonctionner de façon indépendante, d'autres semblent travailler dans des relations contractuelles à court terme ou à long terme avec des groupes criminalisés organisés ou des gangs de motards criminels et d'autres sont décrits comme une présence des groupes criminalisés organisés au niveau de la rue. Les relations principales entre les gangs urbains et les groupes criminalisés semblent axées sur la distribution et la vente de stupéfiants, la protection du territoire et l'application des règles. Selon les études, en utilisant les gangs urbains pour parvenir à leurs fins, les groupes criminalisés organisés peuvent maintenir une distance et être dans une certaine mesure à l'abri de la détection directe.
Emploi d'armes à feu
Dans l'une des études, on fait état des différences régionales à l'égard de l'utilisation que les gangs urbains font des armes à feu dans des crimes d'agression. Plus de la moitié des administrations sondées dans l'étude ont rapporté que l'utilisation d'armes à feu par des membres de gangs dans des crimes d'agression était inexistante ou très rare. Environ une administration sur dix a rapporté que l'utilisation d'armes à feu pour commettre ce type d'infractions était fréquente, la fréquence la plus élevée étant rapportée pour l'Alberta.
Dans le cadre de l'enquête, quelques comparaisons générales ont été formulées sur les armes à feu confisquées par les policiers se rapportant à des activités de gangs. La violence liée aux armes à feu à Vancouver et dans le Lower Mainland de la Colombie-Britannique est comparable à celle rapportée dans tous les autres grands centres du Canada, y compris la région métropolitaine de Toronto. Dans les provinces de l'Ouest, Regina affiche le plus faible taux d'utilisation d'armes à feu illégales. La police d'Halifax rapporte n'avoir jamais vu de membres de gangs urbains utiliser des armes à feu pour commettre des infractions.
Programmes policiers
Selon les études recensées, les programmes de prévention représentent la méthode la plus efficace de lutte contre l'activité des gangs urbains et toutes les villes recensées prenaient des mesures à cet effet. Dans les six administrations sondées, on fait état d'opérations policières pour lutter contre les gangs urbains. Dans cinq de ces administrations, on s'employait aussi à établir des programmes destinés à empêcher que des jeunes adhèrent à des gangs, en offrant des services d'éducation et d'activités de rechange. Dans une ville, on est en voie de mettre en œuvre des programmes de cette nature.
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