La nature des gangs urbains au Canada et l'utilisation qu'ils font des armes à feu : recension des écrits et enquête auprès de services policiers
1. Introduction
Plusieurs affaires retentissantes ont beaucoup attiré au cours des derniers mois l'attention du public et des médias sur le problème de la violence liée aux armes à feu dans les grands centres urbains, en particulier à Toronto. On suppose qu'une grande partie de la violence à Toronto est liée à des gangs urbains. Par suite d'événements survenus à Toronto et de préoccupations exprimées dans d'autres villes canadiennes, il a été décidé qu'il serait judicieux de faire une recension des écrits portant sur les gangs dans les villes canadiennes. Des écrits s'intéressent à l'utilisation d'armes, et plus particulièrement d'armes à feu, dans les gangs, mais il faut synthétiser la somme des écrits et examiner la question dans une perspective canadienne. À ce titre, la recension des écrits qui suit se concentre sur la nature des gangs urbains et l'utilisation qu'ils font des armes, et en particulier des armes à feu.
1.1 Objet
Le présent projet a trois objectifs : rassembler toutes les études disponibles sur les gangs urbains au Canada, tant qualitatives que quantitatives; produire un profil des gangs urbains au Canada avec l'aide de services policiers, en portant particulièrement attention à l'utilisation qu'ils font des armes à feu dans six villes canadiennes (Toronto, Montréal, Vancouver, Winnipeg, Regina et Halifax); et décrire un échantillon de programmes lancés ou mis en œuvre par les services policiers pour lutter contre les membres de gangs urbains et l'utilisation qu'ils font des armes à feu.
1.2 Méthodes de recherche
L'information utilisée dans le présent rapport a été rassemblée à partir de rapports de recherches publiés, de réponses à un questionnaire destiné aux services policiers et d'entrevues téléphoniques auprès de membres du personnel des services policiers des six villes. Pour la recension des écrits sur Internet, nous avons consulté différents moteurs de recherche en utilisant les mots clés et les expressions suivantes : gangs urbains, gangs de rue, gangs de jeunes et des combinaisons de ces mots avec armes, armes à feu, programmes policiers et contrôle. Nous avons aussi saisi des variations de ces termes avec Vancouver, Regina, Winnipeg, Toronto, Montréal et Halifax. Nous avons noté les références pertinentes et obtenu les documents en nous adressant à des bibliothèques universitaires et gouvernementales et en adressant des demandes aux services policiers.
Nous avons rédigé des questions sur la nature des gangs urbains et les programmes lancés par les services policiers sous la forme d'un sondage (voir l'annexe A). Une introduction expliquait l'objet du projet et fournissait aux répondants les coordonnées de la chercheure et d'une personne-ressource du ministère de la Justice. L'introduction informait également les répondants qu'ils pouvaient remplir le questionnaire par télécopieur, courriel ou téléphone.
Pour chacune des six villes, nous avons obtenu le numéro de téléphone du bureau du chef de police au moyen d'Internet ou de l'assistance annuaire. La chercheure a communiqué avec les adjoints du chef pour leur expliquer l'objet du projet et obtenir les adresses de courriel électronique de personnes-ressources. Un courriel décrivant le projet a été envoyé à chaque bureau, avec le questionnaire en pièce jointe.
Nous avons analysé et résumé les résultats du questionnaire pour chaque ville. Nous avons envoyé une version provisoire à la personne-ressource désignée du service de police pour vérifier les faits. Une fois vérifiés, les résultats ont été incorporés au rapport.
1.3 Limitations
Les auteurs de toutes les études recensées aux fins du présent projet ont signalé la rareté des études sur les gangs urbains au Canada. S'il peut sembler logique d'importer la théorie et l'expérience des gangs aux États-Unis dans le contexte canadien, ce n'est pas à conseiller pour plusieurs raisons. Le rapport d'Astwood (2004) souligne que la population canadienne en 2002 représentait 11 % de la population des États-Unis et que la proportion de membres de gangs au Canada représente moins de 1 % du nombre de membres de gangs aux États-Unis. Par conséquent, les données provenant des deux pays ne forment pas des échantillons comparables.
De plus, Mackenzie et Johnson (2003) soulignent que le gros des études sur les gangs aux États-Unis se concentre sur certains groupes, en particulier les populations afro-américaines et latino-hispaniques, tandis que peu d'études portent sur les gangs autochtones. Toutefois au Canada, en particulier dans les provinces des Prairies, les Autochtones représentent une forte proportion des membres de gangs urbains (Service canadien de renseignement criminel, 2004).
Par ailleurs, les lois canadiennes et le fonctionnement des cours criminelles du Canada sont différents de ceux des États-Unis et ces différences juridiques pourraient influer sur la pertinence des modèles américains. Cependant, Kelly et Caputo (2005) soulèvent l'hypothèse que le Canada vit un phénomène similaire à celui de la situation des gangs aux États-Unis et laissent entendre qu'il y a des problèmes liés à la migration des gangs à la violence commise par des gangs, aux gangs transnationaux et au recrutement de gangs à l'intérieur du système carcéral. Néanmoins, il y a des différences marquées entre les deux pays.
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