LES ENJEUX DE LA BIOTECHNOLOGIE ET LA POLITIQUE PUBLIQUE

4. L'« humanité » des générations futures

La création de ces nouvelles connaissances et leur utilisation éventuelle, à mauvais escient ou non, aura également des répercussions sur les générations à venir. L'éthique personnelle et l'éthique collective devront tenir compte des effets transgénérationnels et des obligations nouvelles et différentes qui en découlent. Ce genre d'obligations pourra ou non inclure la manipulation délibérée de la lignée germinale dans le but, par exemple, d'éviter la transmission d'une maladie à la génération suivante. La mondialisation de la science, de l'économie et de l'information projette ces préoccupations transgénérationnelles au-delà de la sphère intérieure vers la sphère internationale. De la même façon, la bioéthique se doit de passer du privé au collectif pour atteindre un niveau véritablement universel. Nous devons favoriser la naissance d'une approche systémique complexe qui reconnaisse la nature dynamique et épigénétique d'une nouvelle bioéthique au niveau même de la cellule dans tous les organismes vivants.

La dernière moitié de ce siècle a vu naître la bioéthique sous la forme d'un questionnement des valeurs personnelles et des relations des êtres humains, entre eux et avec l'environnement, en particulier sous l'angle des choix de qualité de vie. Confrontée aux nouvelles possibilités offertes par la biotechnologie et l'informatique, cette branche de l'éthique continue d'insister sur le respect de l'autonomie individuelle et de la vie privée. Dans le contexte médical, les deux principes de non-malfaisance et de maximisation des avantages par rapport aux risques ont prédominé dans le processus décisionnel. Ce n'est qu'au cours des dernières années que l'attention s'est tournée vers les questions de justice distributive, d'équité et, plus récemment, d'éthique relationnelle ou communautaire, mais sans aller encore jusqu'à la notion d'éthique transgénérationnelle. De même, les droits de la personne se sont étendus au-delà des revendications individuelles (droits civiques ou économiques) pour englober les préoccupations des groupes, des populations et des communautés, mais sans englober encore les générations futures. Face à cette nouvelle révolution génomique et aux choix personnels et collectifs qu'elle propose, quelle orientation peut prendre la politique publique ?

Ce n'est qu'au cours des dernières années que l'attention s'est tournée vers les questions de justice distributive, d'équité et, plus récemment, d'éthique relationnelle ou communautaire, mais sans aller encore jusqu'à la notion d'éthique transgénérationnelle.