La prostitution chez les jeunes : analyse documentaire et bibliographie annotée

Annexe A : Bibliographie annotée[18]

ADEDOYIN, M. et ADEGOKE, A. « Teenage prostitution - child abuse: A survey of the
Ilorin situation », African Journal of Medicine and Medical Sciences, vol. 24, 1995,
p. 27-31.

L’évolution des attitudes traditionnelles à l’égard de la sexualité et de l’expression sexuelle dans la société africaine a débouché sur une activité sexuelle accrue chez les jeunes et une hausse de l’âge moyen au moment du mariage. Cette transformation des mœurs sexuelles s’est accompagnée de l’accroissement de la prostitution chez les adolescents. Cette étude examine la nature de la prostitution chez les adolescents au Nigeria en discutant la prévalence, les tendances, les caractéristiques et les facteurs associés à la prostitution chez les jeunes. Les auteurs ont administré un questionnaire semi-structuré à 150 adolescents prostitués. Selon les résultats, il existe une relation entre la violence sexuelle subie pendant l’enfance et le fait de se prostituer par la suite. La moitié (50 %) des répondants ont indiqué qu’ils avaient eu leur première expérience sexuelle à un stade précoce, et bon nombre vivaient encore avec leurs parents lorsqu’ils ont commencé à se prostituer. L’article porte également sur les conséquences sur le plan de la recherche et il présente des suggestions d’études futures.

AGGLETON, P. (dir.). Men Who Sell Sex: International Perspectives on Male Prostitution and AIDS, London, University College London Press Limited, 1999.

Cette édition publiée sous la direction de P. Aggleton vise à explorer la complexité que comporte la discussion du commerce du sexe masculin. En plus de présenter des comptes rendus sur le commerce du sexe masculin de toutes les régions du monde, les divers auteurs tentent de comprendre et d’expliquer le commerce du sexe masculin à partir d’une gamme de cadres, dont les cadres sociologique, psychologique, historique, économique, politique, juridique et linguistique. Le directeur de la collection met au défi les lecteurs de considérer le commerce du sexe « non pas comme un état ou une identité fixe, mais comme un continuum allant de la prostitution organisée, en passant par les bordels, les agences d’escorte etc., jusqu’aux transactions sans intermédiaire résultant d’une rencontre du genre de celles décrites dans un certain nombre de chapitres. Les questions discutées dans les articles comprennent l’identité sexuelle (p. ex., le commerce du sexe comme façon d’accepter son homosexualité) ainsi que le sida et le commerce du sexe masculin. Cette publication analyse le commerce du sexe sur plusieurs niveaux, notamment le fait que le travailleur du sexe soit souvent plus autonome que son statut de «victime» le laisse supposer tout en tenant compte de l’indignation morale avec laquelle Kan (l’un des auteurs) nous rappelle que pour la majorité des gens…le travail du sexe est une stratégie de survie. Pour la plupart, il s’agit d’une pratique résultant de la pauvreté, de la dégradation, de l’itinérance, de la faim et de l’impuissance, une forme d’esclavage, une déprivation économique, sociale et culturelle, une stigmatisation et une marginalisation… »

AIDE À L'ENFANCE – CANADA. Vies sacrées : Les enfants et les jeunes Autochtones canadiens parlent de l’exploitation sexuelle, Projet national de consultation des Autochtones, Aide à l’enfance – Canada, 2000.

Les auteurs font état des résultats de consultations auprès de 150 enfants et de jeunes Autochtones victimes d’abus sexuels à des fins commerciales dans tout le Canada. Le rapport vise à mieux faire comprendre l’exploitation sexuelle à des fins commerciales des enfants et des jeunes Autochtones au Canada. En particulier, les auteurs voulaient offrir aux jeunes la possibilité «d’exprimer leurs idées et leurs craintes sur un ensemble de sujets qui les touchent personnellement : abus, exploitation, prévention, guérison, renoncement, intervention en temps de crise, réduction des conséquences, comportement de la société et participation des jeunes.» La surreprésentation des jeunes Autochtones dans le domaine de l’exploitation sexuelle suscite de vives préoccupations. «Le colonialisme européen a eu des effets désastreux sur les peuples autochtones et sur leurs cultures; ce facteur est à la source de la création et du maintien des barrières qui ont engendré toutes les inégalités sociales, économiques et politiques. Tous les jeunes Autochtones qui ont participé aux groupes cibles ont dit que les abus physiques, sexuels et(ou) affectifs dont ils ont été victimes chez eux, de la part de leurs parents, d’autres membres de leur famille, de leurs voisins ou d’autres personnes qui s’occupaient d’eux avaient été provoqués par la fragmentation culturelle.» Les auteurs font remarquer que les jeunes ont été victimes de la marginalisation et de la vulnérabilité attribuables «aux circonstances actuelles et passées.» Sans domicile fixe et ayant peu d’instruction et de compétences professionnelles, nombre de jeunes Autochtones se livrent à la prostitution pour subvenir à leurs besoins. Une fois dans la rue, les jeunes Autochtones prostitués sont exposés à diverses formes de danger (p. ex., violence et drogues). «Les causes principales de mortalité chez les enfants et les jeunes Autochtones exploités dans la prostitution sont les suivantes : assassinat, sida, suicide ou overdose.» Le rapport fait ressortir la nécessité de la prévention, de l’intervention d’urgence et de la réduction des préjudices, de la guérison, de l’attitude du public et de la défense des droits. Les auteurs concluent que la participation des jeunes est la clé de la promotion et de la mise en œuvre d’un changement social positif. En plaçant la pratique du commerce du sexe chez les jeunes Autochtones dans un contexte plus général, et en reconnaissant notre responsabilité sociale collective à l’égard des problèmes situationnels de ces jeunes, nous pouvons commencer à offrir des solutions fondées sur une politique économique et sociale progressiste plutôt que sur une loi répressive.

ALLEN, D.  « Young male prostitutes: A psychological study », Archives of Sexual Behavior, vol. 9, 1980, p. 339-426.

Les antécédents des prostitués masculins comprennent un milieu familial difficile, une situation socio-économique défavorisée ainsi qu’un niveau d’études et des compétences professionnelles insuffisants. Cette étude de trois ans sur les hommes qui vendent leurs services sexuels à d’autres hommes comprend des entrevues semi-structurées non directives auprès de 129 travailleurs du sexe masculin à Boston (les données de 98 des entrevues figurent dans ce document). Les questions portaient sur les antécédents psychologiques des participants, y compris des discussions sur leur origine, les antécédents sociaux et familiaux, l’instruction, la sexualité, l’alcool et l’abus d’alcool et d’autres drogues ainsi que la délinquance. L’auteur classe les prostitués dans quatre groupes : 1) prostitués de la rue et de bar à temps plein; 2) call-boys à temps plein; 3) prostitués à temps partiel; 4) ceux qui se livrent à la prostitution comme prolongement d’autres actes de délinquance. Les quatre groupes sont comparés en fonction de leurs antécédents psychologiques, de leurs motifs et de leur type d’activité. Selon les données, les prostitués à temps partiel, qui continuent de participer aux programmes d’éducation ou de formation professionnelle sont la seule catégorie de prostitués qui ont la capacité de parvenir à un ajustement social stable. L’auteur affirme qu’il n’y a pas de jeune prostitué type; les répondants avaient des antécédents variés et ils avaient diverses raisons de commencer (et de continuer) à se livrer à la prostitution.

ALLMAN, D. A pour Actes, M pour Mutuels: le travail du sexe au masculin et le sida au
Canada, Santé Canada, 1999.

Cette étude vise à examiner la littérature sur le «travail du sexe au masculin au Canada, étudiée sous l’angle plus particulier du VIH et du sida.» L’objectif de l’auteur est de faire «mieux comprendre certaines des réalités entourant la prostitution dans notre pays et d’aborder les questions capitales que posent le rôle et les droits des travailleurs du sexe au Canada, sur le plan juridique, éthique et des politiques.» Les estimations du nombre d’hommes qui se livrent à la prostitution varient d’une administration à l’autre (p. ex., selon une estimation, de 10 à 33 % des prostitués dans un certain nombre de grandes villes canadiennes étaient des hommes). Les domaines de la littérature examinés dans ce rapport sont les suivants : le commerce du sexe masculin et le Code criminel, les renseignements démographiques sur le commerce du sexe masculin, le commerce du sexe masculin et les MTS, le VIH et le sida, les recherches antérieures sur les jeunes de la rue et le commerce du sexe des jeunes hommes de la rue, le commerce du sexe masculin à l’intérieur, les clients des travailleurs du sexe masculins, le commerce du sexe des Autochtones de sexe masculin, les médias et le commerce du sexe masculin et la théorie sociale canadienne appliquée au commerce du sexe. Selon les résultats des travaux de recherche, la majorité des adolescents ont commencé à se prostituer avant l’âge de 18 ans; l’argent est la principale raison pour laquelle les jeunes hommes se prostituent; les travailleurs du sexe masculins subissent des actes de violence aux mains de spectateurs homophobes qui les agressent et(ou) les volent; il existe peu de renseignements sur le commerce du sexe masculin intérieur et la prostitution chez les Autochtones masculins. Selon l’auteur, même s’il y a des différences dans les recherches sur l’utilisation du condom, les preuves disponibles réfutent l’accusation portée contre les travailleurs du sexe masculins selon laquelle ils propageraient le sida. Il estime plutôt que «de plus en plus, les travailleurs du sexe au masculin au Canada se protègent et protègent leurs clients sexuels de l’infection par les MTS et le VIH.» Le rapport comprend aussi une série de recommandations au sujet de «l’importance d’une méthodologie solide qui ne comporte pas de biais moral.»

APPLEFORD, B. « Response of the canadian psychological association to the Badgley and
Fraser reports » dans Regulating Sex: An Anthology of Commentaries on the Findings and Recommendations of the Badgley and Fraser Reports,
publié sous la direction de J. Lowman, M. Jackson, T. Palys et S. Gavigan, Burnaby, C.-B., Simon Fraser University, 1986, p. 51-73.

Ce document examine la réponse de la Société canadienne de psychologie (SCP) aux rapports Badgley et Fraser. Entre autres, la SCP propose l’établissement d’un organisme national chargé de coordonner les réponses (services professionnels ainsi que prévention et éducation) au rapport Badgley. À l’instar des deux comités, la SCP estime qu’il faut faire beaucoup plus pour lutter contre l’exploitation sexuelle commerciale des enfants et des jeunes. Cependant, la recommandation du Comité Badgley visant à imposer des sanctions criminelles aux jeunes prostitués constitue un «zèle excessif» et ne sert qu’à revictimiser les jeunes qui pratiquent le commerce du sexe. Dans l’ensemble, la SCP recommande fortement au gouvernement fédéral de coordonner les initiatives judiciaires et extrajudiciaires (dans les secteurs public et privé) en réponse aux rapports Badgley et Fraser.

ASSOCIATION CANADIENNE D'AIDE À L'ENFANCE EN DIFFICULTÉ. Consultation nationale sur la prostitution juvénile, Ottawa, ACAED, 1987.

Ce document découle des bandes transcrites et comprend des comptes rendus d’une consultation nationale sur la prostitution chez les jeunes. Le document passe en revue les principaux thèmes exprimés par les participants : définir le problème de la prostitution chez les jeunes, les lacunes en matière de connaissances et de services, amélioration de la qualité des services, facilitation de l’établissement de services ainsi que de la communication et de la coopération croisées. Le résumé vise à aider et à informer les gouvernements et les spécialistes qui élaborent des politiques, des programmes et des interventions en matière de prostitution chez les jeunes.

* ATCHISON, C., FRASER, L et LOWMAN, J. « Men who buy sex: Preliminary findings of an exploratory study » dans Prostitution : On Whores, Hustlers and Johns, sous la direction de J. E. Elias, V. L. Bullough, V. Elias et G. Brewer, New York, Promethus Books, 1998, p. 172-203.

Les auteurs de ce chapitre passent en revue leurs travaux de recherche sur les clients des travailleurs du sexe. Le rapport comprend un examen des stratégies méthodologiques utilisées pour faire des recherches sur les clients et le cadre conceptuel utilisé pour analyser les résultats. L’article comprend des discussions concernant les différences entre les sexes d’un point de vue féministe (p. ex., pourquoi les hommes achètent des services sexuels et les raisons pour lesquelles les hommes achètent les services sexuels des jeunes). Les chercheurs relèvent une différence entre les hommes qui achètent des services sexuels et ceux qui ne le font pas en faisant remarquer que les clients déclarent avoir eu des expériences sexuelles auparavant et qu’ils sont plus susceptibles de déclarer qu’ils ont été victimes d’agressions sexuelles pendant leur enfance.


[18] Les annotations accompagnées d’un * proviennent du Ministère du Procureur général de la Colombie-Britannique.