Recueil de recherches sur les victimes d’actes criminels, no 14
Survivants masculins de violence conjugale : Un résuméNote de bas de page 20
Résumé et mise à jour par Cherami Wichmann
Cet article présente un résumé des Survivants masculins de la violence conjugale au Canada, un rapport commandé par le Bureau de l’ombudsman fédéral des victimes d’actes criminels et préparé par le Dr Benjamin Roebuck et ses collègues du Centre de recherche en victimologie du Collège Algonquin. Quand des données plus récentes sont disponibles, les statistiques du rapport original ont été mises à jour, et des zones de texte concernant la violence conjugale (VC) signalée par les victimes et la VC signalée à la police ont été ajoutées.
1.0 Introduction
Bien que l’on en parle peu, un grand nombre d’hommes au Canada subissent de la VC. Dans la recherche, les politiques et la prestation de services, on a tendance à mettre davantage l’accent sur la violence faite aux femmes (VFF), et avec raison. Les femmes sont beaucoup plus susceptibles que les hommes d’être assassinées par leurs conjoints, d’avoir besoin de soins médicaux pour des blessures résultant d’agressions physiques ou sexuelles et de perdre l’accès au logement en raison de la VC (Conroy, Burczycka et Savage, 2019). Cependant, l’accent mis sur la VFF éclipse souvent les expériences des survivants de sexe masculin, dont bon nombre disent avoir de la difficulté à obtenir de l’aide ou à s’y retrouver dans le système juridique (Moreau, 2019).
Le rapport du Dr Roebuck et de ses collègues examine la mesure dans laquelle les hommes victimes de VC peuvent exercer les droits que leur garantit la Charte canadienne des droits des victimes et la qualité des services d’aide aux victimes qu’ils reçoivent. Pour atteindre cet objectif, le Dr Roebuck et ses collaborateurs ont effectué un examen de la recherche universitaire canadienne publiée de 2010 à 2020Note de bas de page 21. En outre, ils ont résumé les résultats d’un échantillon de recherche de 45 hommes ayant survécu à la VC, dans le cadre d’une étude plus vaste sur les survivants de crimes violents et la résilience. L’étude plus vaste a été menée en partenariat avec le Collège Algonquin et le Réseau de la justice pour les victimes, et financée par le Conseil de recherches en sciences humaines (Roebuck et coll., 2020).
Violence conjugale signalée à la police
Les hommes représentent environ 20 % de tous les cas de violence conjugale (VC) signalés à la police au Canada et environ 20 % des victimes d’homicide de VC (Burczycka et Conroy, 2018; Conroy, 2021).
- En 2019, cela représentait 23 146 hommes (Conroy, 2021).
- Le taux de VC signalés à la police par des hommes et des garçons a augmenté au cours des cinq dernières années; entre 2018 et 2019, le nombre de cas signalés par des hommes a augmenté de 10 %, tandis que le nombre de cas déclarés par des femmes a diminué de 5 % (Conroy, 2021Note de bas de page 22).
- Entre 2009 et 2019, le nombre de cas signalés de VC a diminué moins que le nombre de cas déclarés d’infractions autres que la VC (-6 % comparativement à -14 %; Conroy, 2021).
- Les hommes sont moins enclins que les femmes à signaler la VC à la police et, lorsqu’ils le font, cette dénonciation est moins susceptible de donner lieu à une arrestation ou à un casier judiciaire (Dutton, 2012). Dans une étude canadienne, 64 % des survivants masculins de la VC qui avaient appelé la police ont déclaré avoir été traités comme l’agresseur (Dutton, 2012).
- Alors que les femmes autochtones représentent 21 % des femmes victimes d’homicide commis par un partenaire intime, les hommes autochtones représentent une proportion beaucoup plus importante (44 %) des hommes victimes d’homicide commis par un partenaire intime (Conroy, 2021).
- Selon les données déclarées par la police, une moyenne annuelle de plus de 2 300 incidents de VC impliquant des partenaires de même sexe se sont produits au Canada entre 2009 et 2017. De ces incidents, 55 % impliquaient une victime de sexe masculin et un accusé de sexe masculin (Ibrahim, 2019).
Violence conjugale signalée par les victimes
- Environ le tiers (36 %) ou 4,9 millions d’hommes ont déclaré avoir subi de la VC au cours de leur vie (comparativement à 44 % ou 6,2 millions de femmes) (Cotter, 2021).
- Lorsqu’on les a interrogés sur les 12 mois précédents, 12 % des femmes et 11 % des hommes ont indiqué avoir subi une forme ou une autre de VC (Cotter, 2021).
- Le type le plus courant de VC déclaré par les hommes était d’ordre psychologique (35 %), puis physique (17 %) et ensuite sexuel (2 %). Cette tendance était semblable à celle observée chez les femmes (43 %, 23 % et 12 % respectivement) (Cotter, 2021).
- Au cours des 12 mois précédents, les hommes étaient plus susceptibles que les femmes d’avoir vu leur partenaire : être jaloux et les empêcher de parler à d’autres personnes (7 % contre 5 %); exiger de savoir où ils étaient et avec qui ils étaient en tout temps (4 % contre 3 %); les gifler (1,7 % contre 0,8 %); et les frapper avec un poing ou un objet, les mordre ou leur donner des coups de pied (1,3 % contre 0,7 %). Les femmes étaient plus susceptibles de signaler des mesures d’agression sexuelle, d’avoir été étouffées, d’avoir reçu des menaces de leur faire du mal ou de les tuer ou de s’en prendre à un de leur proche, d’avoir été harcelées, d’avoir été suivies ou d’avoir vu leur partenaire traîner autour de leur maison ou de leur lieu de travail (Cotter, 2021).
- Les données de 2018 indiquent que 48 % des hommes gais et 66 % des hommes bisexuels ont été agressés psychologiquement, physiquement ou sexuellement par un partenaire intime au moins une fois depuis l’âge de 15 ans (Jaffray, 2021).
- Les hommes gais et bisexuels sont beaucoup plus susceptibles d’avoir été agressés physiquement ou sexuellement par un partenaire intime que les hommes hétérosexuels (31 % c. 17 %) et plus susceptibles d’avoir subi la plupart des types de comportements de VC, y compris les comportements violents les plus graves (p. ex., ceux qui peuvent entraîner des dommages physiques graves et des accusations criminelles; Jaffray, 2021).
- Près de 17 % des hommes et 18 % des femmes se sont dits préoccupés par la montée de la violence familiale pendant la pandémie de COVID-19 (Statistique Canada, 2020).
2.0 Constatations
2.1 Revue des documents sur les survivants masculins de la VC
La revue des documents portait sur les définitions et les descriptions de la VC, la mesure de la VC, les interactions des survivants de sexe masculin avec le système de justice et les fournisseurs de services, et les réactions de la société aux survivants de sexe masculin.
2.1.1 Définitions et descriptions de la VC et mesure de la prévalence
Comme on pouvait s’y attendre, une grande partie de la documentation générale utilisait les termes violence faite aux femmes (VFF) ou violence fondée sur le sexe pour décrire la VC. Bien que ces termes aident à reconnaître les répercussions disproportionnées de la VC sur les femmes et les rôles que jouent respectivement le sexe, la misogynie et le patriarcat dans la dynamique de la violence, ils se trouvent à exclure les survivants masculins, transgenres et de genre non conformiste.
Comme il est indiqué dans les zones de texte 1 et 2, les sources de données sur la VC vécues par les hommes comprennent les rapports de police et les autodéclarations. Cependant, chacune de ces sources pose des défis pour déterminer la prévalence de la VC chez les hommes. Dutton (2012) a comparé la fréquence à laquelle les hommes et les femmes victimes de VC appellent la police; les femmes victimes de VC sont dix fois plus susceptibles que les hommes d’appeler la police. Cela peut entraîner une sous-représentation des taux de VC signalés à la police pour les hommes. Les constatations antérieures fondées sur des données autodéclarées selon lesquelles les hommes et les femmes déclarent des taux semblables de VC sont appelées « symétrie entre les sexes », un sujet de débat vigoureux (Hamberger et coll. 2016). D’un côté, il y a les critiques de la méthodologie utilisée pour mesurer et signaler la violence; de l’autre, diverses enquêtes sur la victimisation des populations générales menées dans différents pays à différents moments par des sources gouvernementales ou universitaires ont révélé que les hommes et les femmes déclarent des taux semblables de VC (Chan, 2012; Chen et Chan, 2019). La prévalence réelle se situe probablement entre les deux. Quoi qu’il en soit, un nombre important d’hommes sont victimes de VC au Canada chaque année.
Peu de recherches ont été menées sur les facteurs de risque chez les hommes victimes de VC; toutefois, deux facteurs ont été cernés, soit la consommation d’alcool et les problèmes de santé mentale (Woodin et coll., 2014; Zamorski et Wiens-Kinkaid, 2013). Aussi, les hommes autochtones risquent davantage d’être victimes de VC à cause de facteurs de risque systémiques liés à la colonisation et au génocide culturel (Boyce, 2016; CVR, 2015), mais peu de renseignements portent sur les hommes appartenant à d’autres groupes ethnoculturels.
En ce qui concerne la reconnaissance de la VC dont ils sont victimes, les hommes sont moins susceptibles d’identifier les comportements non physiques de contrôle dirigés vers eux comme une forme de violence, tandis que la violence physique ou sexuelle est susceptible d’être identifiée comme une violence, quel que soit le sexe (O’Campo et coll., 2017).
Certains types de VC sont propres aux couples de même sexe, comme les « délations » ou les menaces de « délation » d’un partenaire (Gillis et Diamond, 2011). En outre, certains hommes gais séropositifs ont déclaré que leur partenaire menaçait de divulguer cette information pour les forcer à agir d’une certaine façon (Gillis et Diamond, 2011). De plus, les hommes qui déclarent une identité sexuelle minoritaire (ceux qui ont déclaré être gais, bisexuels ou d’une orientation sexuelle autre que hétérosexuelle) présentent un risque considérablement plus élevé de toutes les formes de violence que les hommes hétérosexuels (Jaffray, 2021). Il y a eu peu de recherches sur les expériences de VC des personnes transgenres ou de genre non conforme.
Il a été déterminé que les Autochtones étaient plus susceptibles que les non-Autochtones d’avoir été victimes de violence conjugale (9 % et 4 %, respectivement), et les hommes autochtones victimes de VC étaient deux fois plus susceptibles que les hommes non autochtones de signaler l’incident à la police (8 % et 4 %, respectivement; Boyce, 2016). Brownridge (2010) a examiné les données des hommes autochtones survivants de la VC au Canada et a noté que le risque élevé des hommes autochtones d’être victime de VC pourrait être attribué au fait qu’ils ont tendance à être surreprésentés dans plusieurs catégories de risque de VC, y compris le fait d’être plus jeunes, d’avoir un niveau de scolarité et d’emploi inférieur, de vivre en milieu rural, de consommer de l’alcool, d’avoir un plus grand nombre d’enfants dans la famille, la colonisation, le génocide culturel et le traumatisme intergénérationnel.
Certaines recherches ont exploré les différences dans l’impact de la VC sur les hommes et les femmes. Ansara et Hindin (2011) se sont reportées aux données de l’Enquête sociale générale de 2004 sur la victimisation pour comparer les conséquences psychosociales de la VC entre victimes féminines et masculines. Si leurs données semblent indiquer que la santé mentale des femmes en souffre plus dans toutes les sous-catégories de VC, elles font aussi ressortir les limites de leur analyse, en particulier le fait que les termes utilisés par les hommes et les femmes pour décrire la santé mentale peuvent différer (p. ex., les hommes sont plus susceptibles d’utiliser le terme « stress » et moins susceptibles de parler de « honte » et de « culpabilité »).
2.1.2 Interactions avec le système de justice et les fournisseurs de services
Nombre des études examinées font ressortir des divergences : les réactions de la police devant les survivants hommes et femmes de la VC; la probabilité moindre que des accusations soient portées quand la victime est un homme; le risque élevé que les survivants masculins soient arrêtés par erreur; et la piètre adaptation des outils d’évaluation des risques aux expériences masculines de la VC.
Dutton (2012) a constaté que la police percevait souvent les femmes commettant une agression comme étant moins violentes et demandant moins d’intervention que les hommes, même lorsque les degrés de gravité de la VC étaient les mêmes entre les sexes. Dutton a également signalé que la police avait supposé à tort que la victime masculine était l’agresseur dans 64 % des cas où un homme avait appelé la police pour obtenir de l’aide. Plusieurs chercheurs ont fait voir que le partenaire d’une femme risque plus d’être arrêté pour VC que la partenaire d’un homme (Dawson et Hotton, 2014; Mahony, 2010; Millar et Brown, 2010).
Les préjugés fondés sur le sexe ont également une incidence sur les interventions policières. La police ne perçoit pas la gravité des actes de la même manière lorsque la victime de VC est un homme, et certains des outils d’évaluation des risques utilisés par la police emploient un langage et une notation sexistes, car ils sont fondés sur l’hypothèse que la victime est une femme (p.ex., Hilton et coll., 2014). Par exemple, l’Évaluation du risque de violence familiale en Ontario (ERVFO), utilisée pour évaluer le risque de récidive, comprend des définitions de la violence avec des pronoms féminins pour décrire les mesures prises contre les victimes, et des directives de notation qui désignent les auteurs comme des « agresseurs de femme » (Mental Health Centre Penetanguishene, 2005).
Souvent, les hommes victimes de VC au Canada savent difficilement vers qui se tourner pour obtenir de l’aide. Les ressources à la disposition des survivants masculins sont peu nombreuses, et des hommes ont été traumatisés davantage par leur tentative ratée d’obtenir de l’aide (Fortin et coll., 2012). Avant l’ouverture, en avril 2021, d’un refuge familial pour pères et enfants à Toronto, il n’y avait aucun refuge pour victimes de VC au Canada réservé aux hommes, bien qu’un petit nombre de refuges pour victimes de VC acceptaient des hommes et leurs enfants (Moreau, 2019). En outre, quand les hommes demandent de l’aide, ils sont parfois traités avec méfiance, et les fournisseurs de services ne sont pas toujours outillés pour prendre en charge leurs traumatismes (Brend et coll., 2020; Dutton, 2012). Le rapport de Roebuck met en lumière un certain nombre de ressources émergentes pour améliorer les interventions.
Les lois, les politiques et les modes de prestation de services se concentrent souvent sur la violence faite aux femmes, et il y a peu de marge de manœuvre pour remédier à la situation des hommes qui survivent à la VC. Les recherches examinées dans la présente étude portent à croire que la recherche d’aide par les victimes masculines de VC peut ajouter à leur détresse. Cette situation est attribuable non pas seulement au manque de ressources, comme les refuges (Dutton, 2012), mais aussi à la piètre qualité des soins que les victimes de sexe masculin ont tendance à recevoir.
2.1.3 Réactions de la société à l’égard des survivants masculins
Les rapports entre les sexes ont de l’importance si on veut comprendre l’incidence de la VC. Les hommes victimes de leur partenaire peuvent être stigmatisés pour leur incapacité apparente d’être à la hauteur des normes de masculinité édifiées par la société (Arnocky et Vaillancourt, 2014). La croyance selon laquelle seules les femmes peuvent être victimes de VC contribue à la stigmatisation et à la suppression des expériences des hommes (Martin et Panteloudakis, 2019). Non seulement cette stigmatisation décourage la divulgation de la violence et la recherche d’aide, mais elle affecte aussi la conception de la violence que subissent les victimes masculines. De nombreux hommes minimisent l’expérience de la VC ou ne sont pas sensibilisés à la violence non physique. Cette combinaison diminue le comportement de recherche d’aide chez les victimes de sexe masculin et peut les amener à supposer que le fait de demander de l’aide pour de la violence non physique, comme le harcèlement criminel, est moins important pour eux que pour les femmes (O’Campo et collab., 2017).
La VC subie par les hommes est souvent sous-estimée et minimisée. Cela peut faire en sorte que ceux qui en sont témoins sont moins susceptibles d’intervenir ou de considérer que c’est dangereux. Quand les hommes ne sont pas représentés dans les campagnes de sensibilisation du public à la VC, il peut être plus difficile pour les témoins de reconnaître les signes avant-coureurs. La sensibilisation accrue à la VC vécue par les hommes pourrait amener plus de gens à sympathiser avec toutes les victimes de VC (Cismaru, Jensen et Lavack, 2010, 72).
Le langage de tous les jours servant à parler de la victimisation peut accentuer les inégalités par des préjugés avoués ou inconscients. Par exemple, Liu et coll. (2018) ont constaté que les langues sexospécifiques (comme le français) tendent à féminiser les termes liés à l’état de victime (victime, blessure) et à masculiniser les termes liés à l’agression (prédateur, assaillant, agresseur), ce qui crée une vision du monde sexospécifique qui prédispose négativement la société à percevoir les femmes comme « victimes » et les hommes comme « agresseurs ».
2.2 Échantillon de recherche de survivants masculins de VC pour la recherche primaire entreprise par le Dr Roebuck et ses collègues
Un groupe de 45 survivants masculins de VC au Canada a rempli des sondages et deux entrevues de suivi. Cette recherche portait sur les types de VC vécus, les obstacles rencontrés lorsqu’on cherche de l’aide, les interactions avec la police, le degré de satisfaction à l’égard du système de justice et le respect des droits garantis par la Charte canadienne des droits des victimes. On a également demandé aux participants ce qui avait été utile ou inutile à la suite de leurs expériences de violence, et de faire part de leurs commentaires sur le système de justice pénale, les services d’aide aux victimes et le soutien informel reçu de la famille et des amis.
La plupart des survivants de sexe masculin participants étaient hétérosexuels (98 %), de race blanche (89 %), ont déclaré avoir été victimes de violence de la part d’une conjointe (98 %) et résidaient en Ontario (55 %), en Colombie-Britannique (25 %) ou en Alberta (11 %). Tous les répondants avaient plus de 20 ans et la plupart vivaient à plein temps (78 %) ou à temps partiel (11 %) avec leur partenaire au moment où les actes de violence se sont produits. Bien qu’il s’agisse d’un échantillon de commodité et non représentatif des survivants de sexe masculin au Canada, les hommes qui y ont participé ont fourni des renseignements précieux.
Les résultats de l’échantillon de recherche étaient semblables à ceux de la revue des documents (p. ex., la forme de violence la plus souvent signalée était la violence psychologique), mais ils élargissaient la compréhension de certains domaines. (p. ex., plus d’information sur la façon dont les hommes subissent des comportements coercitifs ou de contrôle de la part de leur partenaire).
2.2.1 Types de VC
Les types les plus courants de VC déclarés par les participants comprenaient la violence psychologique (86 %), la violence physique (84 %), l’exploitation financière (59 %) et les menaces de violence à leur égard, à l’égard de leurs enfants ou de leurs animaux de compagnie (55 %).
La menace de fausses accusations de la part de partenaires féminines était une forme courante de violence psychologique signalée par les participants. Les participants ont dit que leurs partenaires féminines croyaient pouvoir porter de fausses accusations pour avoir gain de cause dans le système de justice ou devant le tribunal de la famille. Les participants ont déclaré avoir été menacés de fausses accusations de maltraitance envers leurs enfants ou de violence physique ou sexuelle envers leur partenaire. Les menaces de ce genre constituaient une forme de contrôle coercitifNote de bas de page 23.
Les participants ont déclaré que ces fausses accusations les touchaient directement, en plus de toucher leurs enfants.
Les participants ont signalé des lésions physiques (p. ex., fractures, lésions oculaires et cicatrices causées par des marques de morsures et des coups de couteau) et des préjudices psychologiques (p. ex., symptômes diagnostiqués et non diagnostiqués du trouble de stress post-traumatique, dépression, troubles anxieux, trouble panique, agoraphobie, troubles du sommeil et troubles liés à la consommation de substances). Parmi les autres effets sur la santé signalés, mentionnons la perte de poids, la douleur chronique, la perte de mémoire et les troubles de l’excitation sexuelle.
2.2.2 Interactions avec la police et satisfaction à l’égard du système de justice
Environ la moitié des participants (n=24; 52 %) ont eu des contacts avec la police, et environ les deux tiers ont eu des contacts avec un tribunal pénal (n=17; 36 %) ou un tribunal de la famille (n=14; 32 %). De nombreux participants ont rapporté des expériences négatives avec le système de justice, en particulier avec la police; plusieurs avaient été arrêtés après avoir appelé la police pour obtenir de l’aide. D’autres participants ont déclaré qu’ils n’avaient pas appelé la police en raison du risque que cela représentait pour eux ou pour conserver la garde de leurs enfants. Quelques participants ont déclaré avoir eu des interactions positives avec la police, expliquant que la police avait pris le temps de comprendre ce qui se passait sans faire de suppositions.
Dans l’ensemble, les participants étaient insatisfaits du système de justice; seulement 5 % ont déclaré être satisfaits du résultat et aucun n’a déclaré être satisfait du processus de justice. Dans l’étude plus vaste des auteurs sur les survivants de crimes violents (N=435), les hommes ayant survécu à la VC ont déclaré des scores de satisfaction inférieurs à ceux de tout autre groupe (c.-à-d. les hommes ou les femmes qui ont été victimes de violence sexuelle, les femmes qui ont été victimes de VC et les personnes qui ont vécu des formes de violence ou la mort violente d’un proche), y compris les femmes qui ont été victimes de VC (Roebuck et coll., 2020).
2.2.3 Obtenir de l’aide
Environ la moitié des participants ont recherché le soutien des amis (n=23; 53 %) ou des membres de la famille (n=20; 47 %). Les participants ont eu accès à une grande diversité de services, qu’il s’agisse de services de santé mentale (n=12; 28 %), de services de protection de l’enfance (n=8; 19 %), de counseling en violence familiale (n=7; 16 %), de services virtuels de soutien (n=6; 14 %), de programmes d’aide aux employés (n=5; 12 %) ou de travailleurs de la santé (n=3; 7 %). Certains ont aussi cherché du réconfort spirituel (n=5; 12 %) ou adhéré à un groupe d’entraide (n=5; 12 %). Enfin, le quart des participants (n=11; 26 %) ont dit n’avoir eu aucune interaction avec des services ou des mesures de soutien.
Les participants qui ont reçu l’aide demandée ont fourni les commentaires les plus positifs sur les interactions (en personne ou virtuelles) avec les conseillers individuels et familiaux et les travailleurs sociaux. Certains qui ont eu recours aux services ont toutefois déclaré que les fournisseurs de soutien n’ont pas cru leurs récits de VC et ne connaissaient pas suffisamment les répercussions de la VC sur les survivants de sexe masculin. Comme pour ceux qui ont signalé des interactions insatisfaisantes avec le système de justice, les participants qui n’ont pas été crus par les fournisseurs de services redoutaient souvent que leurs tentatives d’obtenir de l’aide n’entraînent le dépôt d’accusations criminelles contre eux ou ne leur fassent perdre la garde de leurs enfants. Beaucoup de participants ont évoqué la difficulté à trouver de l’aide. Plusieurs ont expliqué que les ressources destinées aux survivants de la VC allaient généralement aux femmes et aux enfants et qu’un homme ne savait pas au juste où trouver de l’aide.
2.2.4 Conclusions de l’échantillon de recherche
L’expérience que font les hommes du système de justice et des fournisseurs de services s’inscrit dans le contexte plus général du rôle des hommes dans la société. Les participants ressentent la pression des attentes à leur endroit : ils doivent être forts, être des chefs à la maison, résoudre les problèmes et ne jamais paraître faibles. Beaucoup ont dit qu’il était difficile de divulguer leurs expériences de VC à leurs pairs et, ce faisant, ont déclaré avoir été taquinés ou avoir reçu des réponses désinvoltes comme : « Cela n’arrive pas aux hommes » ou « soit un homme ». Souvent, ceux qui avaient reçu du réconfort de leurs pairs convenaient qu’ils avaient eu de la chance d’avoir été crus. De nombreux participants n’avaient pas accès aux types de soutien offerts aux femmes victimes de VC. Pour certains participants, les risques entourant la recherche d’aide et l’absence de ressources étaient des raisons suffisantes pour rester dans leur relation.
Les résultats de l’échantillon fournissent une base de comparaison avec des groupes de survivantes de la VC. Les auteurs ont conclu qu’il y a beaucoup de travail à faire pour veiller à ce que les survivants masculins de la VC puissent faire valoir leurs droits en vertu de la Charte canadienne des droits des victimes, et surtout le droit à la protection.
3.0 Recommandations de changement
Survivants masculins de violence conjugale au Canada recommandent des changements dans cinq domaines.
3.1 Sensibilisation, éducation et prévention
Bien que l’éducation sur la violence faite aux femmes doive se poursuivre, le cadre des activités d’éducation et de prévention doit être élargi pour inclure la VC vécue par les personnes de tous les genres et de toutes les orientations sexuelles. De plus, il convient de mettre en œuvre des programmes fondés sur des données probantes qui enseignent les bonnes aptitudes relationnelles dans les écoles et les établissements postsecondaires.
3.2 Police et systèmes de justice pénale et familiale
Les outils d’évaluation des risques doivent être conçus de manière à répondre adéquatement à la VC vécue par tous les sexes et à la dynamique du contrôle coercitif. Une aide supplémentaire devrait être offerte à tous les survivants de VC qui comparaissent devant le tribunal de la famille.
De plus, le programme de formation sur la VC dans les collèges de police peut être mis à jour de manière à offrir des exemples plus diversifiés de VC et une formation sur la reconnaissance de la VC et du contrôle coercitif. On devrait dire à la police de demander aux survivants de la VC de sexe masculin de fournir des commentaires sur la mesure dans laquelle les services fournis répondaient aux besoins des survivants. Les victimes de VC devraient également pouvoir demander qu’un agent d’enquête d’un sexe particulier soit affecté à l’affaire.
3.3 Services aux victimes
La capacité d’hébergement devrait être accrue pour tous les sexes. Les organismes qui ne servent actuellement que les femmes ne devraient pas être tenus de servir aussi les hommes. Les organismes ayant pour mandat de servir les femmes et les hommes devraient examiner leurs pratiques afin d’évaluer la façon dont leurs services et leurs stratégies de sensibilisation contribuent à l’inclusion des genres. Pour accroître leur capacité d’offrir des espaces plus sécuritaires et adaptés aux traumatismes où les hommes peuvent guérir, les organismes devraient être encouragés à adopter les pratiques exemplaires et les cadres d’accréditation utilisés par les fournisseurs de services qui travaillent avec les hommes. Pour bien répondre aux besoins des hommes ayant survécu à la VC, il faut les consulter au moment d’élaborer des programmes et des stratégies de sensibilisation. Les programmes qui s’adressent aux hommes violents devraient tenir compte des traumatismes, des inégalités de pouvoir entre les genres et des expériences de violence, d’agression et de négligence vécues durant l’enfance, et devraient être fondés sur des points de vue féministes et allosexuels et sur les conceptions traditionnelles de la masculinité d’une façon qui reconnaît et célèbre une saine masculinité.
3.4 Élaboration des politiques
L’analyse comparative entre les sexes plus (ACS+) devrait être appliquée aux réponses du gouvernement à la VC. Tous les ordres de gouvernement au Canada devraient faire preuve de leadership pour atténuer la crise du logement actuelle en reconnaissant que l’accès à des logements sûrs et abordables est essentiel à la sécurité de la personne.
3.5 Recherche
La recherche sur les survivants masculins de la VC devrait être élargie pour inclure les comportements de VC dans l’ensemble du continuum de l’identité de genre. Les chercheurs devraient examiner comment les expériences de VC vécues par les hommes sont liées à la race, à la situation socioéconomique, à la déficience, au rôle parental et aux effets à long terme sur les enfants. De plus, la recherche doit mieux expliquer les cas où la violence est réciproque dans les relations et mieux distinguer la violence utilisée dans les cas d’autodéfense.
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