Lacunes relatives à la mise en liberté sous caution au Canada : comment y remédier?
8. Le mot de la fin
Même si le grand nombre de problèmes actuels en matière de mise en liberté sous caution au Canada et leur gravité sont déconcertants, le moment est venu de passer à l’action. Premièrement, la diminution graduelle de la criminalité en général et des crimes violents en particulier peut être invoquée pour militer contre notre climat actuel d’aversion pour le risque et de gestion du risque et pour favoriser la mise en œuvre de nouvelles politiques propices à la mise en liberté. Deuxièmement, le Canada n’est pas seul à faire face à des préoccupations croissantes à l’égard de la mise en liberté sous caution. On peut apprendre beaucoup de choses des autres pays qui expérimentent divers moyens pour remédier au problème. Troisièmement, les problèmes en matière de mise en liberté sous caution sont à bien des égards le reflet de problèmes plus grands dans le système de justice pénale du Canada. En tant que tel, une intervention à l’étape de la mise en liberté sous caution pourrait non seulement nous procurer un modèle utile pour des changements de plus grande envergure, mais elle pourrait aussi en soi réduire les problèmes dans d’autres secteurs du système de justice pénale (p. ex. les problèmes de surpopulation dans les établissements correctionnels). Quatrièmement, d’autres pays sont de plus en plus désenchantés par l’augmentation généralisée de la sévérité des interventions face au crime, aux criminels et aux personnes accusées, à mesure que les coûts grimpent sans améliorer la sécurité publique de façon probante et démontrable. Les Canadiens peuvent s’inspirer de ces exemples afin d’éviter de commettre les mêmes erreurs.
Cinquièmement, le Canada a déjà réussi de nombreuses expériences en vue de réduire le recours à la prison sans éprouver d’effet préjudiciable évident pour la sécurité publique.
On peut s’inspirer de tels exemples pour justifier un changement dans le même sens. Sixièmement, les Canadiens ont depuis longtemps tendance à faire preuve de retenue en matière d’emprisonnement, et ils ont adopté les valeurs et les attitudes (p. ex. communautarisme, non violence, compassion) qui sous-tendent cette approche de la justice pénale. Nous avons souvent considéré ces attributs comme un élément important de ce qui nous a toujours distingués de nos voisins immédiats. En dernier lieu, les Canadiens ont démontré qu’ils étaient raisonnables et réfléchis une fois informés des faits. En réalité, il a été prouvé à maintes reprises qu’il est utile d’éduquer le public au sujet des questions relatives à la justice pénale afin d’obtenir son adhésion.
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