Les jeunes provenant des communautés noires et le système de justice pénale : rapport sommaire sur un processus de mobilisation au Canada

Conclusion

Les jeunes noirs, leur famille et les intervenants consultés au cours de ce processus de mobilisation ont relevé une variété de facteurs systémiques, sociaux, économiques et géographiques qui augmentent la probabilité que les jeunes noirs aient des démêlés avec le SJP. Parmi ces facteurs, mentionnons entre autres les interventions policières excessives, la pauvreté, l’exclusion du système d’éducation, les difficultés à trouver un emploi et les obstacles auxquels sont confrontés les nouveaux arrivants qui tentent de s’intégrer à la société. Des jeunes ont mentionné que l’attrait de modes de vie autrement inaccessibles, la recherche d’appartenance à une famille et à une communauté, et les obstacles systémiques les empêchant de participer à la société en général les avaient poussés à commettre des actes criminels. Le thème du racisme à l’endroit des Noirs est ressorti de toutes ces explications.

Les participants considéraient également que le racisme à l’endroit des Noirs a une incidence sur l’expérience des jeunes noirs avec les institutions du SJP et leurs représentants. De nombreux adolescents étaient très jeunes lorsqu’ils ont eu leurs premiers démêlés avec la justice, sous la forme d’interventions policières à l’école et dans leur quartier. Parfois, ces jeunes n’avaient commis aucun acte criminel lorsqu’ils sont entrés en contact pour la première fois avec le système. Les jeunes, leur famille et des intervenants ont parlé de traitements déshumanisants et dégradants subis aux mains des services de police et des intervenants du système judiciaire. Ils ont également parlé des traitements abusifs, violents et éventuellement criminels qui sont infligés par des intervenants des établissements de détention. La pauvreté, les obstacles linguistiques et les problèmes de santé mentale ont aggravé le traitement subi, et par conséquent, les expériences vécues.

[traduction]
Ces séances de mobilisation ont donné lieu à des récits faisant état de difficultés, mais il en ressort un point essentiel parmi les participants, en ce qu’aucune de ces expériences n’est nouvelle. Ces expériences ne sont pas réservées [à ces jeunes noirs], même si leurs récits et leurs expériences sont uniques et positionnés. Au contraire, les interactions entre les jeunes noirs et le SJP et les établissements connexes au Canada s’inscrivent dans une longue histoire de racisme envers les Noirs. Historiquement, ces systèmes n’ont pas seulement cherché à nuire et à punir injustement les communautés noires, que ce soit intentionnellement ou non, mais ils l’ont fait en traitant ses membres comme des sous-humains n’ayant pas les mêmes droits que les autres groupes de citoyens. Par conséquent, autant les récits de ce rapport portent sur les luttes auxquelles les jeunes noirs sont confrontés, autant ils sont le reflet de la force, du courage et de la résilience avec lesquels ils ont dû prendre des décisions difficiles au mieux de leurs capacités face à l’adversité et faire preuve d’une volonté inébranlable de persévérer. (Hoodams, 2021)

Il importe de reconnaître que la résilience dont font preuve les communautés noires face à l’adversité à laquelle elles sont confrontées depuis longtemps au Canada est fort coûteuse pour le bien-être des personnes noires au Canada, et ce, sur le plan physique, mental et émotionnel. Les participants étaient presque unanimes à être d’avis que les organismes de justice pénale sont mal outillés pour répondre aux besoins particuliers des populations noires diversifiées sur le plan ethnique et culturel au Canada. Aussi, ils s’entendaient généralement pour dire que le racisme à l’endroit des Noirs était enraciné dans les organismes de justice pénale et qu’il s’agissait d’un facteur influant sur le traitement réservé aux populations noires dans l’ensemble du SJP. Le présent rapport relève de nombreux domaines d’intervention prioritaires pour tous les ordres de gouvernement. Ces priorités essentielles transcendent plusieurs systèmes sociaux et concernent les sujets suivants :

Le présent rapport s’ajoute à d’innombrables rapports, livres, articles de revue, documentaires et reportages faisant état des injustices raciales à l’endroit des personnes noires au Canada. Ces injustices raciales sont une limite pour les jeunes noirs, déchirent des familles et des communautés noires, tentent d’éteindre l’esprit des Noirs, empêchent les progrès des Noirs et ont pour résultat que de nombreuses personnes noires sont constamment en mode survie. Les histoires racontées par les participants illustrent clairement que pour réduire l’ampleur des démêlés des jeunes noirs avec le système de justice et pour améliorer les expériences de ces jeunes dans les institutions du système de justice, il faut non seulement réformer la justice pénale, mais aussi déployer des efforts dans les différents systèmes sociaux façonnant la vie des jeunes noirs, de leur famille et de leur communauté. De nombreux travaux antérieurs lancent des appels à l’action qui s’attaquent aux racines du racisme systémique et recommandent des mesures concrètes en vue de changements positifs durables. Nous espérons que le présent document ne sera pas vu comme un simple rapport, comme des mots jetés sur une page. Nous espérons que les domaines d’intervention prioritaires suggérés soient considérés comme des occasions de combattre l’injustice raciale dans son ensemble. Enfin, nous espérons que les domaines d’intervention prioritaires seront abordés avec urgence, créativité, intensité, passion, soin, respect et collaboration, et qu’il sera reconnu que le moment est largement venu de travailler en ce sens.