Profil de la criminalité dans les villes canadienne : analyse statistique multidimensionnelle

4. Profils de criminalité des villes individuelles

En plus des saturations des quatre composantes, l'analyse factorielle a aussi produit quatre poids locaux de facteur (un par composante) pour chacune des 600 villes (on trouvera la liste des poids factoriels de toutes les villes à l'annexe 2). Ces quatre poids factoriels indiquent le taux de criminalité associé à la ville pour les quatre composantes et permettent aussi de comparer chaque ville avec les autres villes canadiennes. C'est ainsi que les quatre poids factoriels peuvent être considérés comme autant d'indices de la criminalité et constituent un substitut utile aux 25 taux de criminalité pour dégager le profil d'une ville.

Les poids factoriels suivent une répartition normale (courbe en forme de cloche, moyenne de 0, écart type de 1) et oscillent normalement entre –4 et +4. Cependant, ils peuvent parfois sortir de ce cadre. Si le poids est nul, cela signifie que le niveau de criminalité de la ville (eu égard à la composante considérée) est à peu près équivalent à la moyenne de l'ensemble du Canada. En général, une valeur de +1 (un écart type au-dessus de la moyenne) signifie que le niveau de criminalité est supérieur à 84% des villes canadiennes, une valeur de +2 qu'il est supérieur à 97% des villes canadiennes et une valeur de +3 qu'il est supérieur à 99% des villes canadiennes. Inversement, un poids de –1 signifie que le niveau de criminalité de la ville est inférieur à 84% de toutes les villes canadiennes.

Par exemple, on observe les poids factoriels suivants pour les quatre composantes de criminalité dans la région de Waterloo en Ontario.

Profil de criminalité de la région de Waterloo (Ontario)
(poids des facteurs)
Composante Poids des facteurs
Composante 1 – Crimes mineurs -0,17
Composante 2 – Crimes violents -0,60
Composante 3 – Crimes graves contre les biens 0,23
Composante 4 – Infractions contre la moralité 0,35

Ce bilan montre que la région de Waterloo présente un taux de criminalité légèrement inférieur à la moyenne pour les crimes mineurs, nettement inférieur à la moyenne pour les crimes violents, légèrement supérieur à la moyenne pour les crimes graves contre les biens et supérieur à la moyenne pour les infractions contre la moralité.

Ces mêmes résultats se comprennent plus aisément présentés sous forme de percentiles (voir les résultats détaillés pour toutes les villes à l'annexe 3). En effet, le rang percentile montre la position exacte de la ville par rapport aux autres. Il varie de 0à 99. Si une ville se classe au 45erang (comme c'est le cas ici pour la composante 1), cela signifie que 45% des autres villes canadiennes présentent un taux de criminalité qui lui est inférieur ou, inversement, que 55% des autres villes canadiennes affichent un taux supérieur au sien. Ainsi, plus le percentile est élevé, plus le taux de criminalité est élevé. Pour revenir à la région de Waterloo, les percentiles pour les quatre composantes sont les suivants :

Profil de criminalité de la région de Waterloo (Ontario) (percentiles)
Composante Percentile
Composante 1 – Crimes mineurs 45
Composante 2 – Crimes violents 11
Composante 3 – Crimes graves contre les biens 70
Composante 4 – Infractions contre la moralité 79

Ce tableau montre que les infractions des composantes 3 et 4 sont plus fréquentes dans la région de Waterloo que dans la moyenne des autres villes (valeurs supérieures à 50) et que celles des composantes 1 et 2 y sont inférieures. En ce qui concerne les crimes violents (composante 2), le taux est plus élevé dans la région de Waterloo que dans 11% des autres villes canadiennes (soit plus faible que dans 89% des autres villes). S'agissant des infractions contre la moralité (composante 4), le taux est plus élevé dans la région de Waterloo que dans 79% des autres villes canadiennes.

Les résultats montrent que les poids factoriels et les percentiles sont utiles pour représenter le profil de criminalité des villes individuelles aussi bien par le taux de criminalité que par leur position relativement aux autres villes canadiennes.