Perceptions du public en ce qui concerne la criminalité et la justice au Canada : Examen des sondages d'opinion

2. Perceptions relatives aux institutions du système de justice pénale (suite)

2. Perceptions relatives aux institutions du système de justice pénale (suite)

2.4 Lois et application des lois

Lorsqu'on les interroge au sujet des lois, de l'application des lois ainsi que de la détermination des peines, la majorité des Canadiens (79 %) répondent que les peines imposées sont trop peu sévères (tableau 10). Seuls 14 % d'entre eux croient qu'elles sont à peu près adéquates, alors que 2 % les jugent trop sévères. Les résultats relatifs aux lois et à leur application sont semblables, 69 % des interviewés affirmant qu'on applique les lois de façon trop peu rigoureuse. En outre, 25 % des personnes interrogées trouvent l'application des lois à peu près adéquate, tandis que 3 % pensent qu'elle n'est pas assez stricte. Non seulement les Canadiens considèrent-ils que l'application des lois est déficiente, mais la majorité d'entre eux (65 %) croient également que les lois elles-mêmes manquent de rigueur. On compte 29 % de répondants pour qui les lois sont à peu près adéquates, et 3 % pour qui elles sont trop sévères. Tous ces taux ne présentent pratiquement pas de variations par rapport à ceux de 1994.

Question :

De façon générale, croyez-vous que les lois en tant que telles sont trop sévères, trop peu sévères ou à peu près adéquates; que l'application des lois est trop sévère, trop peu sévère ou à peu près adéquate; que les sanctions ou les peines imposées par les tribunaux aux personnes qui enfreignent la loi sont trop sévères, trop peu sévères ou à peu près adéquates?

Tableau 10 : Perceptions des Canadiens quant à la rigueur du système de justice
  Trop peu sévère(s) À peu près adéquate(s) Trop sévère(s)
Peines imposées 79 % 14 % 2 %
Application des lois 69 % 25 % 3 %
Lois 65 % 29 % 3 %

Source : Environics, 1998.

2.5 Priorités de la population en matière de criminalité et de justice

Un sondage Environics de 1998 sur les priorités du système de justice montre que la prévention du crime demeure l'une des grandes priorités des Canadiens (figure 6). En 1998, 57 % des Canadiens interrogés donnaient priorité à la prévention du crime, alors que seulement 37 % accordaient plus d'importance à la répression. Toutefois, le pourcentage de Canadiens qui préconisent un renforcement de la prévention du crime est en baisse de quatre points par rapport à 1994, tandis que les partisans de la répression sont en hausse de deux points par rapport à 1994.

Figure 6 : Priorités du système de justice pénale selon les Canadiens

Figure 6 : Priorités du système de justice pénale selon les Canadiens

[Description de la Figure 6]

Source : Environics, 1998.

L'opinion demeure favorable à l'idée d'accorder plus d'importance aux crimes violents et à la délinquance juvénile qu'aux infractions contre les biens ou crimes économiques (tableau 11). Les grandes priorités, aux yeux de la population, sont le durcissement des peines pour les jeunes contrevenants (77 %, en baisse de cinq points par rapport à 1994) et l'expulsion des délinquants non citoyens (77 %, en baisse de quatre points par rapport à 1994). On appuie également les programmes sociaux pour les jeunes (71 %, en baisse de six points), le maintien en incarcération des délinquants jusqu'à la fin de leur peine (65 %, en baisse de sept points) et la police communautaire (62 %, en baisse d'un point). De plus, les Canadiens accordent une grande importance au contrôle des armes à feu (57 %, en baisse de quatre points), aux programmes qui encouragent les citoyens à participer à la prévention du crime (52 %, en baisse de huit points) et aux programmes qui incluent la prise en considération du point de vue de la victime dans la détermination de la peine (43 %).

Tableau 11 : Priorités du système de justice selon les Canadiens
Priorité élevée 1994 1998
Durcir les peines pour les jeunes violents 82 % 77 %
Expulser les délinquants non citoyens 81 77
Programmes sociaux pour les jeunes 77 71
Faire purger la totalité de leur peine aux délinquants 72 65
Durcir les peines en général 66 63
Accroître la police communautaire 63 62
Resserrer la réglementation des armes à feu 61 57
Programmes de prévention du crime faisant intervenir les citoyens 60 52
Faire participer la victime aux décisions de détermination de la peine n.d. 43
Programmes pour délinquants non violents 46 40
Recruter davantage de policiers 32 30
Accroître l'aide sociale 24 28

Source : Environics, 1998.

Question :

Compte tenu des ressources limitées, quel degré de priorité (élevé, moyen, faible) devrait-on accorder aux mesures suivantes dans les domaines de la criminalité et de la justice?

Dans l'ensemble, les Canadiens souhaitent que les ressources limitées soient consacrées aux crimes de violence. Ainsi, 95 % des répondants accordent une priorité élevée à la lutte contre les crimes violents, 89 % à la lutte contre la violence faite aux femmes et 82 % à la lutte contre la délinquance juvénile. Parallèlement, 56 % affirment que malgré l'insuffisance des ressources, la répression devrait viser tous les crimes, même si cela signifie une diminution de l'attention accordée aux crimes plus graves ou violents. Dans des proportions presque égales, les Canadiens pensent que la création de programmes visant à réinsérer les délinquants violents dans la société est une priorité élevée (40 %) et une priorité moyenne (43 %). L'augmentation des effectifs policiers est une priorité moins grande (30 %), tout comme l'augmentation de l'aide sociale aux Canadiens à faible revenu (28 %).

2.6 Crédibilité des porte-parole

L'enquête Environics de 1998 sondait l'opinion des Canadiens sur la crédibilité des divers porte-parole s'intéressant à la criminalité et aux solutions contre les crimes (tableau 12). Conformément aux résultats sur les groupes professionnels les plus fiables du système de justice pénale, 67 % des répondants ont déclaré que les chefs de police étaient toujours/habituellement crédibles. Il s'agit d'une légère hausse par rapport au résultat de 65 % obtenu en 1994. La source la plus crédible est ensuite la victime, que 61 % croient toujours/habituellement. Ce niveau accuse une baisse par rapport à 66 % en 1994. Les données de Statistique Canada et des chercheurs universitaires, respectivement, sont crédibles pour 59 % et 57 % des Canadiens - un résultat inchangé depuis 1994. La télévision et la presse écrite font moins bonne figure, récoltant respectivement 43 % et 42 %. Les responsables gouvernementaux, tant à l'échelle fédérale que provinciale, sont les moins crédibles (31 %).

Question :

En ce qui a trait aux informations sur le crime et les solutions au crime, comment évaluez-vous la crédibilité des groupes ci-dessous : toujours crédibles, habituellement crédibles, parfois crédibles ou rarement crédibles ?

Tableau 12 : Crédibilité des porte-parole
Porte-parole 1994 1998
Chefs de police 65 % 67 %
Groupes de victimes 66 61
Statistique Canada 60 59
Chercheurs universitaires 57 57
Télévision 43 43
Journaux 42 42
Responsables du gouvernement fédéral 31 31
Responsables du gouvernement provincial 30 31

Source : Environics, 1998.

2.7 Récapitulatif

La confiance des Canadiens dans les divers éléments du système de justice pénale est inchangée depuis les quelques dernières années. La population a une piètre opinion des divers intervenants du système de justice pénale. Les commissions de libération conditionnelle, les avocats et les juges suscitent le moins de confiance, tandis que la police locale et la GRC suscitent le plus de confiance chez la population. En accord avec les résultats sur le niveau de confiance, les chefs de police sont considérés comme les porte-parole les plus crédibles, tandis que les responsables des gouvernements sont les moins crédibles. La population est divisée de façon presque égale sur l'affectation souhaitée des ressources limitées du système, entre la prévention du crime et la répression.