Analyse des lacunes dans les documents de recherche sur les enjeux concernant les jeunes de la rue
Annexe A - Bibliographie annotée
AYERST, Sandra L.« Depression and stress in street youth », Adolescence, vol.34, no 135 (1999), p. 567-575.
L'étude d'Ayerst comporte un examen des niveaux de stress et de dépression chez 27 jeunes Canadiens de la rue et 27 pairs non fugueurs (p. 567) âgés de plus de 12 ans, qui est fondé sur un questionnaire visant à déterminer non seulement le niveau de dépression, les antécédents familiaux et les facteurs de stress, mais également les stratégies d'adaptation. L'auteur conclut que les jeunes de la rue ont des niveaux de dépression plus sévères que les jeunes qui vivent à la maison et fréquentent l'école. En utilisant un questionnaire standard pour mesurer la dépression, les chercheurs ont trouvé que des facteurs comme les troubles du sommeil ne pouvaient être considérés comme un symptôme de dépression « …parce qu'il est rare de trouver un jeune de la rue qui puisse dormir en toute sécurité…, l'échelle mesurerait le style de vie plutôt que le niveau de dépression »
. L'analyse qu'effectue Ayerst des stratégies d'adaptation, comme l'usage de drogues et d'alcool et l'automutilation, présente un intérêt particulier. Elle souligne que même si ces stratégies ont un aspect négatif, elles ne sont sans doute pas mésadaptées si l'on tient compte de la culture de la rue. Ainsi, « les jeunes de la rue prennent souvent des amphétamines… pour se tenir éveillés durant la nuit afin de ne pas se faire surprendre (agresser ou voler) pendant leur sommeil, et certains font usage de susbstances inhalées pour obtenir une sensation de réchauffement par temps froid »
. Elle souligne également que l'automutilation (lacérations, brûlures ou autres gestes de violence auto-infligée), « …quoique négative, peut également être considérée comme une stratégie d'adaptation pour les jeunes de la rue face à un milieu hostile et tendu qui n'offre pas d'autres exutoires à la colère et aux frustrations »
.
BARON, Stephen W. « Street youths and substance use: the role of background, street lifestyle, and economic factors », Youth and Society, vol. 31, no 1 (1999), p. 3-26.
Dans cette étude, on examine la relation entre l'usage des drogues et de l'alcool et diverses expériences liées au milieu de la rue. L'accent est mis sur l'influence de l'itinérance, des pairs de la rue, du comportement criminel, de la pauvreté et du chômage sur la consommation de drogues et d'alcool. Les données ont été réunies à Edmonton au moyen d'une entrevue structurée effectuée auprès d'un échantillon de 200 jeunes de sexe masculin « …âgés en moyenne de presque 19 ans
» (p. 11). Les jeunes qui ont participé à l'étude ont reçu un coupon alimentaire de 10 $. En vue de déterminer les effets du vagabondage sur la consommation de drogues et d'alcool, on a posé aux répondants des questions portant sur la durée du vagabondage, l'usage des drogues et de l'alcool chez leurs pairs, « …et leur propre participation à des crimes contre la propriété, des crimes violents et des crimes liés à la drogue »
(p. 12). Une analyse multivariable des données suggère que si les antécédents des jeunes sans-abri tendent à favoriser la consommation de drogues et d'alcool, les expériences vécues dans la rue (p. ex. activités criminelles, renforcements culturels et présence de pairs faisant usage de drogues) sont susceptibles d'exacerber ces comportements à risque. En outre, l'auteur note à la page 18 que l'instabilité en matière d'emploi et le chômage prolongé peuvent faire en sorte que les jeunes vivant dans la rue soient « …aliénés de la société traditionnelle ou frustrés par leur échec, ces deux situations augmentant les risques de consommation de drogue et d'alcool »
. De plus, la participation à des crimes augmente la consommation de drogues et d'alcool chez les jeunes de la rue : « le crime finance la consommation; la consommation entraîne plus de consommation; l'augmentation de la consommation entraîne une augmentation des crimes »
.
BARON, Stephen W. et Timothy F. HARTNAGEL. « Street youth and criminal violence », Journal of Research in Crime and Delinquency, vol. 35, no 2 (1998), p.166-192
Baron et Hartnagel se font les critiques des études qui tiennent compte uniquement des antécédents pour évaluer la violence chez les jeunes de la rue ou qui expliquent la violence chez ce type de jeunes par des facteurs uniques, et ils emploient diverses perspectives criminologiques pour examiner l'incidence de la sous-culture de la rue, de la pauvreté et de la victimisation sur la participation des jeunes de la rue à des activités criminelles avec violence. Leur étude repose sur des données recueillies pendant une période de six mois à Edmonton, ainsi que sur des entrevues et des récits volontaires de 200 jeunes sans-abri de sexe masculin âgés, en moyenne, tout juste en dessous de 19 ans. À la page 168, ils établissent une distinction entre « hellip;les incidents de violence familiale et les incidents de violence récents survenus dans la rue en tant que variables causales possibles
» pour quatre types d'actes criminels – vols, voies de faits graves, voies de faits simples et bagarres en groupe. Les résultats révèlent que « …divers aspects de la sous-culture de la rue, de l'indigence et de la victimisation »
(p. 184), alliés à des antécédents familiaux comportant des abus graves, permettent d'expliquer la violence chez les jeunes de la rue. Selon les auteurs, bien que des revenus faibles soient « …le seul facteur prédictif significatif qui s'applique aux quatre types de crimes violents »
(p. 184), diverses combinaisons de facteurs liés à la sous-culture, à l'indigence et aux abus sont associés aux différents types de comportement violent. Ainsi, on peut mieux prédire les vols avec violence par des facteurs tels la pauvreté, la durée de l'itinérance, la perception d'une absence de possibilités légitimes, et la victimisation à la maison et dans la rue. Contrairement à ceci, « l'exactitude des prévisions est la plus faible pour les bagarres de groupe »
(p. 184), qui semblent être attribuables à d'autres facteurs non examinés comme « …la défense d'un territoire, la protection et l'identité du groupe »
(p. 185).
BASS, Deborah. Helping Vulnerable Youths: Runaway and Homeless Adolescents in the United States, Washington, DC, NASW Press, 1992.
Bass examine les besoins des fugueurs et des jeunes sans-abri sur le plan de l'hébergement, de l'autonomie, et de l'éducation et de la prévention en matière de consommation de drogues, et il évalue les programmes fédéraux américains qui visent à répondre à ces besoins afin « …de réunir de l'information pertinente pour les praticiens et de cerner des pratiques innovatrices »
(p. xi). Elle fait une évaluation intéressante des services d'hébergement à court terme, qui sont « …extrêmement efficaces pour les jeunes qui ont quitté la maison depuis peu et qui cherchent à obtenir de l'aide… mais pas aussi efficaces pour les jeunes qui ont des problèmes à long terme »
(16). À la page 27, l'auteur souligne que des sources adéquates d'aiguillage, la formation du personnel, l'accès à des services sociaux, et des services de suivi sont des facteurs essentiels à la réussite des programmes conçus pour répondre aux besoins des jeunes de la rue. Cet ouvrage fournit un ensemble de recommandations concernant des activités de programme aptes à répondre aux besoins des jeunes, et il présente un modèle de services pour les fugueurs et les jeunes itinérants qui repose sur « …un compendium de pratiques exemplaires »
(p. 47). Ces dernières comprennent l'identification des systèmes d'éducation, de santé et de services sociaux et l'établissement de liens entre ces services, ainsi que l'élaboration et la mise en œuvre d'activités communautaires, de campagnes de sensibilisation de la population, et de mesures de prise en charge pour les jeunes et leurs familles. En outre, les annexes fournissent des exemples d'outils de collecte de données utilisés dans un sondage sur les jeunes de la rue effectué par la National Association of Social Workers. Parmi ces outils, notons les questions portant sur des situations vécues par des membres de minorités culturelles, des immigrants et des jeunes gais et lesbiennes.
BOOTH, Robert E., Yiming ZHANG et Carol F. KWIATKOWSKI. « The challenge of changing drug and sex risk behaviors of runaway and homeless adolescents », Child Abuse and Neglect, vol. 23, no 12 (1999), p. 1295-1306.
Cette étude avait pour but de mieux comprendre les comportements à risque liés à la consommation de drogues ainsi que les comportements sexuels à risque des adolescents de la rue, et d'évaluer les changements dans les comportements à risque en lien avec les connaissances en matière de VIH/SIDA chez les jeunes, les perceptions et les préoccupations de ces derniers au sujet des possibilités d'infection, et l'efficacité d'un programme d'intervention par les pairs. Des entrevues normalisées et structurées ont été menées auprès de 244 jeunes de la rue afin d'évaluer leurs comportements à risque et de déterminer l'étendue de leurs connaissances relativement au VIH/SIDA. On a conçu un modèle d'intervention dans le cadre duquel un groupe d'éducateurs en matière de prévention du VIH ont été formés en vue d'aider leurs pairs vivant dans la rue. Ce service d'aide a été réparti en quatre thèmes, soit les suivants :
- faits concernant la transmission du VIH/SIDA et façons de réduire les risques;
- faits relatifs aux comportements sexuels à risque et comment avoir des relations sexuelles protégées;
- risques liés aux drogues et jeux de rôle visant à pratiquer des réponses de refus vis-à-vis des drogues; et
- préparation des participants à leur rôle d'aidant auprès de pairs.
L'étude présente les trois conclusions principales suivantes :
- aucun lien n'a été noté entre une meilleure compréhension du SIDA et l'adoption d'un comportement moins risqué;
- la connaissance de la possibilité d'une infection n'a pas diminué le comportement à risque; et
- l'utilisation de pairs-éducateurs dans le modèle d'intervention n'a pas réussi à changer les comportements à risque.
BRANNIGAN, Augustine et Tullio CAPUTO. Studying Runaways and Street Youth in Canada: Conceptual and Research Design Issues, Ottawa, Solliciteur général du Canada, 1993.
Ce rapport porte sur cinq questions :
- le nombre de fugueurs et de jeunes vivant dans la rue à divers endroits au Canada;
- les caractéristiques démographiques des fugueurs et des jeunes de la rue;
- les antécédents contribuant à l'itinérance;
- les conséquences de l'itinérance et les tendances marquant l'arrêt de l'itinérance; et
- la nature des services – éducatifs, de santé, juridiques et sociaux – disponibles aux jeunes de la rue, et la détermination des lacunes ou des dédoublements dans la prestation des services.
On y expose les problèmes que pose la conceptualisation des jeunes de la rue; les auteurs soulignent (p. 3-5) que les tentatives visant à catégoriser et à définir les jeunes de la rue sont entravées par divers facteurs comme les raisons pour lesquelles les jeunes en sont venus à vivre dans la rue, les groupes d'âge et les problèmes que soulève la comparaison des activités des jeunes de moins de 12 ans avec les activités de ceux âgés de plus de 20 ans, les comportements caractéristiques de ceux qui vivent dans la rue (drogues, alcool, comportements sexuels à risque élevé, sources de revenu), la participation à des activités criminelles, et le fait que le jeune de la rue est une victime ou un agresseur (p. 3-5). L'analyse mène à un « aperçu schématique »
(Fig. 1, p. 53), qui illustre sous forme de diagramme la relation entre divers types de jeunes de la rue, leurs antécédents, les conséquences, et les interventions et services de divers organismes. À la page 54, les auteurs font remarquer que cet « aperçu schématique ne peut faire beaucoup plus que souligner la complexité du problème… des fugueurs et des jeunes de la rue… »
. Viens ensuite une analyse de 11 études canadiennes qui présente des définitions, les objectifs des études et les stratégies de collecte de données. Les auteurs abordent ensuite la question de la conceptualisation du problème des jeunes vivant dans la rue. À la page 96, ils soutiennent que « …l'intérêt porté aux fugueurs et aux jeunes de la rue est dans une large mesure réactive »
, et qu'il repose sur la nécessité pour les organismes de réunir de l'information sur les caractéristiques des jeunes de la rue afin de leur fournir les services nécessaires et d'instaurer certaines mesures de contrôle à leur égard. Ils fournissent un certain nombre de recommandations relativement aux problèmes conceptuels. Par exemple, ils proposent d'abord que « …l'on compte systématiquement le nombre [et le groupe d'âge] de jeunes qui vivent dans la rue »
(p. 100). À cette fin, ils ont élaboré (p. 109) pour évaluer la population des jeunes de la rue en tenant compte des activités et des tendances comportementales qui rendent leur dénombrement si difficile, comme les endroits où ils couchent et leurs activités nocturnes. Ils recommandent en deuxième lieu de considérer l'étendue et la nature de la participation à la culture de la rue comme une variable importante dans l'étude des jeunes de la rue, afin « …de rendre compte d'un large éventail d'activités et de niveaux de participation »
(p. 102). Afin de pouvoir appliquer cette deuxième recommandation, Brannigan et Caputo (p. 102-107) présentent un modèle bidimensionnel – période de temps passée dans la rue et degré de participation à la vie dans la rue – qui permettra de différencier « … les divers éléments de la population des jeunes de la rue »
(p. 102) et de tenir compte d'un large éventail d'activités et de niveaux de participation à la culture de la rue. Les auteurs font également état des résultats d'une étude pilote réalisée à Calgary à l'hiver 1992 dans le cadre de laquelle quatre facteurs importants ont été examinés : les antécédents familiaux, les caractéristiques personnelles comme l'âge, le sexe et le niveau d'instruction, les conséquences de l'itinérance sur le plan psychologique, économique et de la santé, et le recours à des services sociaux. Bien que les données recueillies se rapportent aux risques liés à l'itinérance (p. 129), elles ont surtout trait à des facteurs psychologiques comme la dépression, les tendances suicidaires et le manque d'estime de soi, ainsi qu'à la mise en détention, à la consommation de drogues et aux difficultés sur le plan de l'emploi, plutôt qu'à la violence et à la victimisation.
CAPUTO, Tullio, R. WEILER et Katherine KELLY. Phase II of the Runaways and Street Youth Project: The Ottawa Case Study, rapport final no 1994-11, Ottawa, Solliciteur général du Canada.
Les auteurs effectuent une analyse détaillée des mesures prises par Ottawa envers les fugueurs et les jeunes de la rue en vue de donner suite aux recommandations présentées par Brannigan et Caputo (1993) dans le cadre de leur examen des stratégies et des documents portant sur les jeunes de la rue. En outre, l'équipe de recherche a collaboré à un projet communautaire d'Ottawa consacré aux jeunes et à la violence, et un document (p. 102-112) à l'intention des personnes qui participent à des conférences sur la violence et les jeunes est annexé à leur rapport. Ce rapport utilise le deuxième modèle schématique de Brannigan et Caputo (1993, 103, fig. 2) pour caractériser les divers éléments de la population des fugueurs et des itinérants de telle sorte à cerner un éventail complet de comportements typiquement associés aux jeunes de la rue et à fournir une intervention communautaire appropriée. Les auteurs analysent les résultats d'entrevues effectuées avec des employés de première ligne et des agents de surveillance travaillant pour des organismes fournissant des services aux jeunes, avec des jeunes vivant dans la rue ou vivant une situation de marginalité, et avec des jeunes ne vivant pas dans la rue. Les entrevues avaient pour but d'explorer les caractéristiques de la population des jeunes de la rue, les antécédents familiaux, la participation des jeunes de la rue à des activités à haut risque ou illégales, et « …la connaissance et l'utilisation des services offerts aux jeunes de la rue »
(p. 3). Leur analyse révèle, par exemple, que la vaste majorité des jeunes de la rue connaissent les services disponibles aux jeunes ainsi que les organismes qui les offrent, et que la plupart ont une haute opinion des services de santé mais qu'à l'opposé, plus de la moitié ont une opinion négative de la police.
CAPUTO, Tullio, R. WEILER et Katherine KELLY. Phase II of the Runaways and Street Youth Project: The Saskatoon Case Study, rapport final no 1994-12, Ottawa, Solliciteur général du Canada.
Ce rapport, qui est modelé sur l'étude d'Ottawa réalisée par les mêmes auteurs (voir ci-dessus, p. 4) et sur une partie du deuxième volet du projet visant les fugueurs et les jeunes de la rue, se veut une étude en profondeur des mesures mises en place à l'intention des fugueurs et des jeunes de la rue, à Saskatoon. Notant que plus de 75 % de ces jeunes sont des Autochtones (p. 30), les auteurs appliquent à leur analyse le deuxième modèle schématique de Brannigan et Caputo (1993, 103, fig. 2). Ainsi, l'étude s'appuie sur les deux dimensions principales du modèle schématique pour caractériser quatre groupes de jeunes :
« les jeunes traditionnels qui…[habitent à la maison et] ne se mêlent qu'à l'occasion au monde de la rue; les jeunes qui ont été victimisés et qui ne se mêlent pas beaucoup encore au monde de la rue mais dont la situation précaire les rend extrêmement vulnérables à ce danger; les jeunes délinquants, qui ne vivent pas dans la rue mais qui s'adonnent fréquemment à des activités illégales et dangereuses caractéristiques du milieu de la rue; et les jeunes marginaux, qui n'ont plus de foyer et sont fortement impliqués dans le milieu de la rue» (p. 13).
L'analyse fournit des aperçus et des évaluations du rôle des services sociaux, éducatifs, de santé, judiciaires et communautaires qui sont destinés aux jeunes de la rue. On se penche sur des questions problématiques telles que l'accès peu encouragé à ces services, la formation inadéquate du personnel, les attentes irréalistes des écoles et des services éducatifs, les préjugés de la classe moyenne envers le système de justice pénale, et l'existence d'un nombre trop restreint de programmes sensibles à la culture des jeunes Autochtones de la rue. On discute de la nécessité de faire participer davantage la collectivité et les jeunes Autochtones de la rue à l'élaboration, la mise en œuvre et l'évaluation des services destinés aux fugueurs et aux jeunes de la rue. En outre, les auteurs (p. 21) estiment que « les stratégies d'intervention et les ordres de traitement ne tiennent pas compte de la réalité des jeunes Autochtones de la rue »
. Même si l'on accorde une grande attention au point de vue des jeunes qui vivent dans la rue, particulièrement s'ils sont des Autochtones, on ne fait aucunement mention des jeunes gais et lesbiennes ni des jeunes ayant des handicaps qui vivent dans la rue. En général, les opinions des jeunes ne sont pas réparties par sexe, origine ethnique ou orientation sexuelle. Les auteurs ne font qu'effleurer les questions comme l'insuffisance des services de santé mentale tenant compte de la culture, et bien qu'ils mentionnent l'existence de programmes de contrôle des naissances, ils n'abordent pas le sujet de la grossesse chez les fugueurs et les jeunes de la rue. Malgré ces omissions, l'étude représente une évaluation relativement exhaustive des services offerts aux jeunes de la rue.
CHAND, Manjit, Lisa B. THOMPSON et Coralys CUTHBERT. You Have Heard This Before: Street-Involved Youth and the Service Gaps, Vancouver, Interministerial Street Children's Committee, City of Vancouver Social Planning Department, 1997.
Ce projet a pour but de « …cerner certaines lacunes dans les services offerts aux jeunes de la rue à Vancouver »
(p. 4). Parmi ces lacunes, notons le nombre insuffisant d'installations d'hébergement à court et à long terme et de services de désintoxication à long terme destinés aux jeunes. On retrouve également l'absence de services offerts 24 heures par jour, une mauvaise coordination de ceux-ci, de même que l'intégration inadéquate de la gestion des cas chez les fournisseurs de services. Une attention particulière est prêtée à la nécessité de doter les refuges d'une buanderie et d'installations de douche, ces mesures sont susceptibles d'aider les jeunes à se trouver un emploi, et à diverses lacunes dans les services de soins de santé disponibles. Enfin, on fait mention des « promesses à tenir concernant la réforme des lois et des politiques aptes à protéger les jeunes de la rue »
(p. 4). Des recommandations sont présentées en vue de corriger ces lacunes, mais on fait peu référence aux répercussions des recommandations sur les questions touchant le sexe, l'origine ethnique, les handicaps ou l'orientation sexuelle. La question de la victimisation n'est pas abordée non plus.
FITZGERALD, Michael D. « Homeless youths and the child welfare system: implications for policy and service », Child Welfare, vol. 74, no 3 (1995) p. 717-730.
Selon l'auteur (p. 717), les services d'aide à l'enfance qui existent au Canada sont inadéquats pour les jeunes âgés entre 16 et 19 ans, et les organismes communautaires ne disposent pas des ressources nécessaires pour aider les jeunes se situant dans ce groupe d'âge. L'article traite des politiques et des pratiques canadiennes actuelles en matière de protection de l'enfance qui sont destinées aux jeunes sans-abri. On y décrit également un programme d'hébergement à long terme pour les jeunes sans-abri et les répercussions du programme sur le bien-être de ces derniers, et des recommandations sont présentées à cet égard. Fitzgerald fait remarquer que bien qu'il soit généralement reconnu que la vie des jeunes de la rue reflète l'impact continu de leurs « milieux peu réceptifs et nuisibles »
(p. 718), le système canadien de protection de l'enfance offre peu de ressources pour traiter les conséquences émotionnelles, sociales, légales et économiques associées à ces milieux. Les adolescents sans-abri ne reçoivent pas de soins ni une protection efficaces en raison du manque de formation des intervenants travaillant auprès des jeunes, de la limite d'âge de 16 ans des jeunes visés par la plupart des lois touchant la protection de l'enfance, et de l'intégration inadéquate des ressources médicales, financières et d'hébergement. L'auteur examine ensuite la Phoenix House, qui est un programme d'hébergement à long terme qui s'adresse aux jeunes sans-abri d'Halifax. Il décrit la structure de ce service communautaire à but non lucratif, en notant que celui-ci « …fournit à ses résidents et résidentes (âgés de 16 à 24 ans) un cadre de vie sécuritaire et stable ainsi qu'un éventail de programmes éducatifs, récréatifs, et de renforcement des compétences »
(p. 725). Le programme vise à favoriser une plus grande responsabilisation et indépendance chez les résidents au moyen de programmes d'entraînement aux compétences sociales et à la vie courante animés par le personnel, de conseils sur le plan affectif, de cours en informatique et de préparation à l'emploi, de mesures visant à traiter la toxicomanie et d'activités récréatives. Selon l'auteur, bien que Phoenix House tente de traiter les problèmes touchant les jeunes de la rue, la difficulté à fournir, en raison d'un manque de ressources, des services de qualité et abordables par des employés dévoués, adéquatement rémunérés et compétents au public nuit au fonctionnement du programme. L'auteur propose un certain nombre d'améliorations, notamment :
- l'élaboration d'une politique nationale de protection de l'enfance permettant d'uniformiser les lois et les services;
- une sensibilisation accrue de la population et une meilleure formation des professionnels travaillant pour la protection de l'enfance;
- la création de programmes créatifs fondés sur les besoins des enfants et de leurs familles;
- des politiques qui offrent une protection égale à tous les adolescents et reconnaissent leurs besoins spéciaux; et
- la mise en place de services offerts aux gens de la rue et de services communautaires.
GREENE, Jody M. et Christopher L. RINGWALT. « Pregnancy among three national samples of runaway and homeless youth », Journal of Adolescent Health, vol. 23, no 6 (1998), p. 370-377.
Cet article a pour but de comparer le nombre de grossesses chez trois groupes d'adolescentes âgées entre 14 et 17 ans vivant dans la rue, dans des refuges, et à la maison. Bien que des études antérieures portant sur les jeunes de la rue mentionnent des taux de grossesse s'élevant de 25 % à 60 % dans diverses villes américaines, Greene et Ringwalt sont les premiers à examiner trois études d'envergure nationale touchant des jeunes de ces trois groupes d'âge afin de déterminer leurs taux de grossesse. L'objectif des auteurs est de fournir de l'information empirique plus fiable pouvant être utilisée par les planificateurs de programme pour évaluer l'étendue des besoins en matière de planification familiale et de services prénataux, et élaborer des propositions de financement pour de tels services. Des techniques d'échantillonnage à plusieurs degrés ont été utilisées dans le cadre de l'analyse relative aux refuges afin d'obtenir un échantillon représentatif à l'échelle nationale de 169 jeunes femmes résidant dans de grands et petits refuges financés ou non par le gouvernement fédéral. Au total, 85 jeunes femmes vivant dans la rue ont participé à l'étude, pour laquelle on a procédé à un « échantillonnage par choix raisonné »
(p. 372) comprenant des emplacements situés dans 10 villes américaines où l'on pouvait s'attendre à trouver un nombre élevé de jeunes vivant dans la rue. Des employés de divers programmes offerts aux gens de la rue et programmes communautaires, ainsi que les services de police, ont contribué à déterminer les endroits et les moments de la journée les plus propices à la rencontre d'un grand nombre de jeunes de la rue. Des questionnaires presque identiques ont été utilisés pour les deux études, et les répondants se sont vus remettre des denrées ou des coupons alimentaires. On a utilisé une étude déjà réalisée sur les comportements à risque chez les jeunes dans le but de réunir des données sur les jeunes femmes vivant au sein d'une famille en 1988. Les trois études comportaient des questions semblables concernant les grossesses. L'âge et la race/groupe ethnique (Blanc, Noir et autre) ont été notés dans chacune des études. Les données des trois études ont été normalisées et pondérées afin de tenir compte des variations dans les caractéristiques démographiques, et des tests du chi carré ont été utilisés pour évaluer l'importance statistique des différences entre les taux de grossesse normalisés pour les trois groupes visés. Les résultats indiquent que « …les jeunes vivant dans la rue ont le taux de grossesse le plus élevé (48 %), ceux-ci étant suivis des jeunes résidant dans des refuges (33 %) »
(p. 370). Pour ce qui est des jeunes habitant dans un foyer stable et ayant ou non vécus récemment dans la rue, le taux de grossesse est de moins de 10 %. Les différences notées dans les taux relatifs aux jeunes de la rue et les jeunes hébergés dans des refuges ne sont pas assez significatives sur le plan statistique lorsque les variables démographiques sont prises en considération. Selon les auteurs, les adolescentes sans-abri, qu'elles vivent dans des refuges ou dans la rue, présentent un risque élevé de grossesse en raison de divers facteurs :
- elles peuvent avoir été abusées sexuellement dans leur foyer et sont devenues enceintes par la suite;
- elles se sont adonnées à des activités sexuelles à risque élevé, par exemple en ayant des partenaires multiples;
- du fait de leur pauvreté, elles se sont senties obligées d'avoir recours à l'échange de faveurs sexuelles comme moyen d'assurer leur subsistance;
- elles ne peuvent se payer des contraceptifs efficaces comme la pilule, des dispositifs intra-utérins, des diagrammes ou des condoms;
- elles sont exposées à des agressions sexuelles dans la rue ou les refuges; et
- elles ont un
« …accès restreint à des services médicaux et à des services de planification familiale »
(p. 370).
Plusieurs facteurs problématiques susceptibles de biaiser les résultats ont été cernés : il est possible que des grossesses n'aient pas été déclarées dans les cas où les jeunes femmes ne savaient pas qu'elles étaient enceintes ou étaient peu disposées à admettre qu'elles étaient enceintes; il est également possible qu'un nombre trop élevé de grossesses ait été déclaré dans le cas de jeunes femmes sous-alimentées, consommant des drogues ou subissant un stress qui auraient mal interprété l'arrêt de leurs règles. Dans leur conclusion, les auteurs font remarquer que les résultats de leur étude ont de nombreuses incidences sur les politiques, dont la nécessité de mettre en place des programmes de prévention des grossesses et de réduction des risques liés au sexe pour les jeunes de la rue, de distribuer des condoms, de fournir des services prénataux près des centres où se réunissent les jeunes sans-abri, de créer des projets d'enseignement des soins à donner aux nourrissons, et de mettre en place des programmes de préparation à la vie autonome et de formation en vue d'un emploi pour les jeunes femmes ayant un enfant en bas âge et vivant dans la rue.
HOYT, Dan R., Kimberly RYAN et Ana Mari CAUCE. « Personal victimization in a high-risk environment: homeless and runaway adolescents », Journal of Research in Crime and Delinquency, vol. 36, no 4 (1999), p. 371-392.
Reconnaissant les failles dans les études antérieures ayant utilisé une perspective faisant appel à des théories sur les occasions d'actes criminels, Hoyt et coll. tentent d'effectuer un examen plus rigoureux sur les tendances de victimisation dans le contexte particulier des jeunes sans-abri et des jeunes vivant dans la rue. À la page 372, les auteurs reconnaissent également que «le résultat le plus important qui se dégage des écrits portant sur les occasions de criminalité… est que l'emplacement est un facteur important »
. Ils appliquent ces théories à diverses questions, notamment :
- les types d'exposition permettent de prédire une situation de victimisation;
- le raffinement des critères de visibilité et d'accès;
- l'élaboration de mesures visant à déterminer l'attrait de la cible et la tutelle, et leur incidence sur la victimisation.
Une attention particulière est accordée aux deux questions suivantes : « la participation à des activités déviantes et le temps écoulé avant la victimisation »
(p. 373). Des données ont été recueillies dans le cadre d'une étude longitudinale réalisée à Seattle sur des adolescents âgés entre 13 et 21 ans ayant un mode de vie instable. Hoyt et coll. notent que les jeunes sans-abri et les jeunes de la rue « …ont accès à moins de ressources leur permettant de faire face à leur expérience de victimisation »
(p. 377), et que « le fait même d'être sans abri entraîne le recours à des stratégies de subsistance déviantes »
(376). L'auteur émet l'hypothèse que divers facteurs liés à l'exposition, la tutelle et l'attrait de la victime produit des variations importantes sur le plan de la victimisation. Quatre facteurs d'exposition sont fortement associés à l'augmentation des risques de victimisation tant chez les garçons que chez les filles, soit :
- la période d'itinérance;
- l'importance de la consommation d'alcool et de drogues;
- le niveau de participation à des activités de bandes; et
- le fait d'avoir déjà été victime de violence.
Il est particulièrement intéressant de noter que « le risque de victimisation est environ deux fois et demi plus élevé si le jeune a déjà été victime d'agressions »
(p. 387). L'un des facteurs, soit le degré de participation à des activités déviantes, n'a pas une incidence importante sur le risque de victimisation. En outre, aucun lien significatif n'a été découvert entre le temps passé dans un foyer stable et la diminution du risque de victimisation tant pour les garçons que pour les filles, mais une gestion intensive des cas réduit considérablement le risque de victimisation pour les filles. Deux facteurs liés au degré d'attirance ont peu d'incidence sur l'augmentation du risque de victimisation, tant pour les garçons que pour les filles : les symptômes de dépression intériorisée et une apparence malpropre dénotant un laisser-aller. À la page 388, les auteurs concluent que non seulement l'exposition est fortement reliée à la victimisation, mais également que la « victimisation des jeunes de la rue n'est pas seulement due au fait d'être sans abri et dans un environnement non sécuritaire; elle dépend également de ce que font les jeunes dans ce milieu »
. Ils soutiennent que leur étude ainsi que les projets semblables réalisés dans d'autres villes américaines permettent de mettre à l'épreuve la valeur des modèles relatifs aux occasions d'actes criminels en lien avec la victimisation.
KURTZ, P. David, Elizabeth W. LINDSEY, Sara JARVIS et coll. « How runaway and homeless youth navigate troubled waters: the role of formal and informal helpers », Child and Adolescent Social Work Journal,vol. 17, no 5 (2000), p. 381-402.
Cette étude, qui s'inscrit dans un projet de recherches plus vaste (voir également Lindsey et coll., 2000, ci-après), a pour but d'identifier les sources d'aide officielles et non officielles qui permettent aux fugueurs et aux adolescents sans-abri ayant quitté leur foyer pour échapper à une situation familiale conflictuelle ou dangereuse d'acquérir des compétences et des stratégies pour résoudre leurs difficultés, composer avec les dangers de la vie dans la rue, et atteindre un niveau minimal de « réussite personnelle au début de l'âge adulte »
(p. 381). Les auteurs font remarquer que les adolescents sont souvent réticents à solliciter de l'aide auprès des organismes officiels et qu'il est essentiel que les planificateurs de programmes et les professionnels comprennent quels types d'aide sont perçus par les jeunes de la rue comme étant utiles, fiables et pertinents. L'équipe de recherche a utilisé des méthodologies qualitatives, y compris des groupes de discussion dirigée réunissant des pairs-éducateurs et des intervenants des services sociaux, ainsi que des entrevues en personne semi-structurées avec douze jeunes âgés entre 18 et 25 ans ayant cessé de vivre dans la rue. Les répondants ont désigné trois types d'aidants – parents, amis et professionnels – et cinq types de mesures d'aide qui ont grandement contribué à leur faire accepter de l'aide (compassion, confiance, délimitation des frontières et responsabilisation des jeunes, aide concrète et counseling – (p. 387). Les jeunes ont nommé deux conditions essentielles pour qu'ils demandent et acceptent de l'aide : percevoir les aidants comme étant digne de confiance et être prêts à accepter de l'aide. Les auteurs se penchent sur certains résultats importants de l'étude et font remarquer que les participants ont accordé plus d'importance aux relations solidaires multiformes avec des aidants patients et intentionnés (parents, amis ou professionnels), qu'à des programmes de traitement ou des services spécifiques. Ainsi, ils affirment que les programmes destinés aux jeunes de la rue doivent être souples et personnalisés, permettre les prises de décision autonomes, et éviter d'étiqueter ou de faire des jeunes des parias.
LINDSEY, Elizabeth W., P. David KURTZ, Sara JARVIS et coll. « How runaway and homeless youth navigate troubled waters: personal strengths and ressources », Child and Adolescent Social Work Journal, vol. 17, no 2 (2000), p. 115-140.
Lindsey et coll. soulignent que bien que nous disposions d'une grande quantité d'informations au sujet « …des raisons pour lesquelles les fugueurs et les jeunes sans-abri quittent leur foyer, des dangers qui les guettent et de leur mode de vie »
(p. 116), très peu d'études se sont penchées « …sur la façon dont ces jeunes règlent leurs problèmes et leurs difficultés et parviennent à entreprendre avec succès leur vie d'adulte »
(p. 116). Ils examinent une étude qualitative qui s'inscrit dans un projet de recherche de plus grande envergure (voir aussi ci-après Kurtz et coll., 2000) et qui analyse les « …forces et ressources personnelles »
(p. 115) auxquelles les jeunes font appel pour réussir cette transition. Ces forces et ces ressources sont décrites comme étant « …l'apprentissage de nouveaux comportements, les qualités personnelles et la spiritualité »
. Les données ont été recueillies au moyen d'une « méthode phénoménologique visant à déterminer…1) la nature des éléments catalyseurs dans la vie de ces jeunes gens; 2) les facteurs personnels et contextuels qui leur ont permis de résoudre leurs difficultés et d'atteindre un certain niveau de réussite personnelle dans leur vie de jeune adulte; et 3) comment ils définissent la réussite personnelle »
(p 177). Quatre membres de l'étude de recherche ont mis en pratique des idées issues de groupes de discussions réunissant 30 pairs-éducateurs intervenant dans des refuges destinés aux jeunes et d'entrevues effectuées auprès de 22 donneurs de service travaillant dans de tels refuges en vue d'élaborer une méthode d'entrevue semi-structurée ayant pour but de recueillir des données. On a interrogé 12 participants âgés entre 18 et 25 ans selon un mode conversationnel en vue d'obtenir de l'information démographique et des récits de moments difficiles et les stratégies utilisées pour surmonter ces difficultés, et de connaître les éléments catalyseurs de leurs vies, leur situation actuelle, leur définition du succès, et leurs espoirs et projets. Les transcriptions des entrevues initiales ont été analysées au moyen d'une « méthode comparative constante »
(p. 119), selon laquelle des résultats préliminaires sont utilisés pour concevoir des entrevues futures. Un procédé de codage a été élaboré afin d'organiser dans des catégories conceptuelles plus englobantes les « …trente et quelques facteurs mentionnés par les jeunes »
(p. 119) comme étant des éléments importants de leur capacité à passer d'un état d'itinérance et d'aliénation à un sentiment de réussite personnelle. L'article dresse le profil des douze participants avant d'examiner les résultats touchant trois catégories de forces et de ressources personnelles. La première catégorie, « apprentissage de nouvelles attitudes et de nouveaux comportements »
(p. 124), comprend les apprentissages eux-mêmes ainsi que la nature du processus d'apprentissage, l'apprentissage le plus important étant ce que les jeunes avaient appris d'eux-mêmes et ce qu'ils avaient appris au sujet de leurs relations avec autrui. Dans cette première catégorie, nous retrouvons des idées tirées de la partie portant sur « la connaissance de soi-même »
(p. 124), y compris celles qui suivent : acquérir de la confiance en soi, apprendre à s'aimer, apprendre à prendre soin de soi, se fixer des buts et tirer des leçons tant de ses propres erreurs et expériences que de celles des autres (p. 131). Cette première catégorie comporte d'autres éléments importants, comme apprendre à agir avec plus de considération, à être plus responsable et prudent dans ses relations avec autrui, et à accepter la responsabilité de ses actes. La deuxième catégorie, soit les « qualités personnelles »
(p 133), regroupe des qualités comme la détermination, l'indépendance, la responsabilité et la maturité, que les participants ont jugé être des qualités internes plutôt que des comportements appris. La troisième catégorie, soit la « spiritualité », a été mentionnée par plus de la moitié des 12 jeunes, qui l'ont définie comme étant « …la croyance en Dieu ou en une puissance supérieure, une intervention divine dans leur vie, ou un engagement actif vis-à-vis de leur puissance supérieure grâce à la prière »
(p. 134). Selon les auteurs, cette étude amènerait à percevoir les jeunes de la rue comme des personnes débrouillardes tentant de relever les défis que présente la vie dans la rue plutôt que comme des individus dysfonctionnels et à problèmes, comme cela est présentement le cas. Lindsey et coll. soutiennent que les programmes comme « Scared Straight », qui met l'accent sur les conséquences négatives des comportements traditionnels sont sans doute plus utiles pour les jeunes qui ont besoin « …d'appréhender dans la réalité d'éventuelles conséquences en lien avec leurs propres vies
» (p. 137). Les auteurs soulignent l'importance des programmes d'intervention précoces qui n'étiquettent pas les adolescents aux prises avec des problèmes comme des « fauteurs de troubles ou pire »
(p. 138) et des mesures que peuvent prendre les travailleurs sociaux pour aider les jeunes en réfléchissant sur ce qu'ils peuvent apprendre d'une mauvaise décision ou d'un problème non réglé de manière inefficace, en favorisant le renforcement de leurs qualités personnelles telles qu'ils les définissent eux-mêmes, et en créant des programmes dans le cadre desquels les jeunes peuvent apprendre des choses sur eux-mêmes et sur leur relation avec autrui. Enfin, ils soulignent que les résultats fondés sur des études qualitatives effectuées au moyen de petits échantillons doivent être soigneusement analysés avant de les appliquer à des groupes différents plus importants.
MCCARTHY, Bill. Mean streets: the Streets: Youth in Vancouver, Victoria (C.-B.), Ministry of Social Services, 1995.
Ce rapport comporte une « …analyse de données disponibles ainsi qu'un aperçu concernant la situation des jeunes de la rue à Vancouver »
(1). McCarthy examine certains paramètres de leur existence tels leurs antécédents familiaux, leur milieu de vie, leurs expériences scolaires, les emplois qu'ils ont occupés et leur participation à des crimes. Le document porte essentiellement sur cette dernière variable. On définit les jeunes de la rue comme étant des : « …personnes âgées de 14 à 24 ans qui n'ont pas un accès régulier à un refuge permanent et sont de ce fait difficiles à inclure dans les analyses sociales traditionnelles. De façon typique, ces personnes vivent à certains moments dans la rue, et à d'autres moments dans des centres pour itinérants, des foyers de groupe, des hôtels, avec des amis ou des parents, ou encore dans leur propre appartement »
(1). À la page 2, l'auteur fournit une analyse statistique accompagnée de citations provenant d'entrevues « …afin de rendre la notion abstraite de la vie dans la rue et de l'immédiateté de celle-ci »
, mais ces citations ne nous renseignent pas beaucoup sur des facteurs comme le sexe, l'origine ethnique, les handicaps ou l'orientation sexuelle. À la page 47, McCarthy note que comparativement aux jeunes qui restent dans leur foyer et poursuivent leurs études, les jeunes de la rue semblent avoir des antécédents familiaux et des expériences scolaires beaucoup plus problématiques, en plus d'avoir davantage de démêlés avec la justice. À la page 47, ils mentionnent également que leurs recherches souvent infructueuses pour de la nourriture, un abri et un emploi occupent non seulement une grande partie de leur temps, mais les rendent également vulnérables à la violence et au crime, qu'ils en soient la victime ou l'auteur. À la page 47, ils concluent que « …les politiques visant à réduire le temps qu'un jeune sans-abri passe dans la rue a une influence majeure sur leur participation à des crimes »
et que l'accès à des refuges sécuritaires « …devrait faire diminuer le degré de participation des jeunes de la rue à des activités à haut risque »
.
MCCARTHY, Bill et John HAGAN. « Mean streets: the theoretical significance of situational delinquency among homeless youth », American Journal of Sociology, vol. 98, no 3 (1992), p. 597-627.
Les auteurs comparent des jeunes qui vivent dans la rue avec des jeunes qui sont aux études et évaluent des facteurs relatifs aux antécédents familiaux afin de cerner les facteurs contribuant à la délinquance. Ces conditions sont : 1) la faim, qui amène les jeunes à voler de la nourriture, 2) la faim et un abri inadéquat, qui conduisent à des vols sérieux,« et 3) les problèmes de chômage et d'hébergement »
(p. 597), qui mènent à la prostitution. Reconnaissant les théories sociologiques traditionnelles sur l'origine des crimes qui reposent sur les expériences de vie, McCarthy et Hagan se penchent sur les « causes d'avant-plan »
(p. 623), c'est-à-dire « …les circonstances défavorables auxquelles ont été confrontés les jeunes de la rue sans-abri »
(p. 597). Ils examinent le rôle de ces circonstances qui, alliées au contrôle social faible et tendu, mènent les jeunes à la délinquance. L'étude porte sur des jeunes Canadiens de la rue âgés de 19 ans et moins vivant à Toronto. Une stratégie en deux volets a été utilisée, soit : 1) une méthode d'auto-divulgation « …où des coupons de restaurant de 10 $ ont été remis à ces jeunes »
(p. 603), et 2) une méthode similaire pour un échantillon d'adolescents vivant dans leur foyer et fréquentant l'école. Trois variables indépendantes ont été choisies aux fins de l'analyse : le vol de nourriture, le vol sérieux et la prostitution. Les deux dernières variables ont été choisies « …parce qu'elles étaient susceptibles de révéler des tendances spécifiques au sexe, soit des préoccupations et difficultés situationnelles entraînant plus probablement le vol chez les garçons et la prostitution chez les filles »
(p. 605). Ces mesures ont été utilisées pour analyser les difficultés situationnelles propres au milieu de la rue (1 – non-emploi depuis le départ du foyer, 2 – fréquence de la faim et manque de nourriture et 3 – hébergement). En recoupant ces indicateurs avec des données sur les difficultés et le contrôle exercé dans le foyer des jeunes, les auteurs présentent des modèles statistiques qui permettent de déterminer la mesure dans laquelle les antécédents familiaux et les difficultés vécues dans la rue . À la page 613, les auteurs affirment que, « …si on les compare avec les adolescents qui vivent toujours dans leur foyer, les jeunes de la rue proviennent en plus grand nombre de familles caractérisées par des tensions et une absence de contrôle »
, et que « …les relations les plus fortes et consistantes mettent en cause deux facteurs liés à des problèmes situationnels et deux variables liées au milieu de la rue : la faim et l'hébergement, et le temps passé dans la rue ainsi que l'arrestation d'amis vivant dans la rue. À l'opposé, le troisième facteur situationnel, c'est-à-dire le non-emploi, n'est associé de manière significative qu'avec l'un des indicateurs des crimes commis dans la rue, soit la prostitution »
(p. 614). À la page 614, ils indiquent également qu'il existe « …des preuves selon lesquelles les crimes de la rue varient selon le sexe; …comme on peut s'y attendre, les garçons sont plus susceptibles de commettre des vols et les filles à échanger des faveurs sexuelles »
. À la page 625, McCarthy et Hagan concluent que « …bon nombre des problèmes plus sérieux relatifs au milieu de la rue dérivent des conditions propres à ce milieu, y compris les problèmes d'alimentation et de sécurité engendrés par ce milieu »
, et que les changements aux conditions liées à la vie dans la rue devront être appuyés par des politiques.
MOON, Martha W., William MCFARLAND, Timothy KELLOGG et coll. « HIV risk behavior of runaway youth in San Francisco: age of onset and relation to sexual orientation », Youth and Society, vol. 32, no 2 (2000), p. 184-201.
Parmi le nombre important de jeunes sans-abri qui vivent dans la rue ou dans des refuges aux États-Unis, jusqu'à 35 % consomment de la drogue et présentent ainsi un risque élevé de contracter une infection au VIH. La proportion de ceux qui ont un comportement sexuel à risque élevé s'élève à plus de 27 %, plusieurs échangeant des faveurs sexuelles pour assurer leur subsistance (p. 185). À San Francisco, où cette étude a été réalisée, les jeunes gais, lesbiennes et bisexuels présentent un risque particulièrement élevé d'infection au VIH, mais les auteurs font remarquer que très peu d'études précisent l'orientation sexuelle des jeunes de la rue. Moon et coll. établissent cette distinction afin de mieux comprendre les différences dans les comportements sexuels et la consommation de drogues. Ils comparent l'information recueillie au sujet des jeunes hétérosexuels et des jeunes gais, lesbiennes et bisexuels. Les participants ont été recrutés alors qu'ils tentaient d'obtenir des services médicaux dans deux cliniques de santé. Ils ont été inclus dans l'étude s'ils étaient âgés entre 12 et 21 ans et étaient en mesure de consentir à se soumettre à une entrevue et à un test de dépistage du VIH. Après avoir effectué le test sanguin et l'entrevue, ils ont reçu des coupons alimentaires ou des coupons échangeables dans un magasin d'aubaines, ou encore 20 $ en argent comptant. En comparant les comportements sexuels et la consommation de drogues avec l'orientation sexuelle, ils ont conclu que « …le risque de contracter le VIH était plus élevé chez les jeunes sans-abri gais, lesbiennes ou bisexuels que chez les jeunes hétérosexuels »
(p. 195); les premiers étaient sexuellement actifs plus jeunes, et avaient commencé plus tôt à consommer de l'héroïne, de l'alcool, des amphétamines et de la cocaïne. « Les différences dans le niveau de risque selon l'orientation sexuelle étaient particulièrement prononcées chez les filles »
(p. 193). Les auteurs recommandent que les documents d'information sur le VIH soient adressés à un groupe d'âge plus jeune, soit « …10 ans ou même plus jeune afin d'avoir la plus grande influence possible sur les comportements à risque avant que ces derniers deviennent bien établis »
(p. 190). De plus, Moon et coll. soutiennent que des programmes conçus et offerts par des pairs doivent être mis en place afin de promouvoir la tolérance et de prévenir l'homophobie et les comportements autodestructeurs chez les jeunes gais, lesbiennes et bisexuels.
SMART, Reginald G. et Alan C. OGBORNE. « Street youth in substance abuse treatment: characteristics and treatment compliance », Adolescence, vol. 29, no 115 (1994), p. 733-745.
Cette étude est axée sur les jeunes de la rue qui suivent des traitements de désintoxication et souligne le fait que la population actuelle des jeunes de la rue est aux prises avec des problèmes de consommation et des problèmes psychiatriques graves. En se fondant sur des données recueillies auprès de 867 jeunes traités dans des centres en Ontario, les auteurs comparent 261 jeunes sans-abri avec 586 jeunes « traditionnels » sur le plan des caractéristiques «sociales et démographiques, des antécédents en matière de consommation d'alcool et de drogues, et des résultats des traitements suivis »
(p. 734). Un questionnaire conçu spécialement pour l'étude et comportant des questions d'ordre psychosocial a été utilisé pour réunir des données et fournir le moyen d'évaluer l'efficacité des programmes de traitement. Dans l'ensemble, les comparaisons indiquent que les jeunes de la rue ont davantage de problèmes et que leurs problèmes sont plus sérieux que les jeunes qui ne vivent pas dans la rue. Ces problèmes sont de nature sociale ou économique et sont liés à la consommation. Les jeunes sans-abri sont plus susceptibles de ne pas avoir d'emploi, d'être prestataires de bien-être social et d'avoir des problèmes avec la justice, et leurs antécédents familiaux ont tendance à comporter de la violence. De plus, les jeunes de la rue ont davantage tendance à avoir des problèmes psychologiques (p. ex. dépression, piètre estime de soi et hyperactivité), et ils sont plus susceptibles de s'avouer dépendants à l'alcool et à des drogues. L'une des conclusions principales de l'étude est que les jeunes de la rue ont davantage tendance à abandonner les programmes de traitement avant de les avoir terminés. Les auteurs indiquent qu'il serait nécessaire de tenter plus d'expériences sur le plan de la prestation de services aux jeunes, y compris « …des interventions planifiées et courtes, le recours à des intervenants communautaires pour garder contact avec les décrocheurs, et l'ouverture de résidences à long terme supervisées pour les jeunes qui suivent des traitements »
(p. 745).
SMART, Reginald G. et Gordon W. WALSH. « Predictors of depression in street youth », Adolescence, vol. 28, no 109 (1993), p. 41-53.
Cet article documente l'étendue des dépressions et des autres problèmes psychiatriques parmi un échantillon de 145 jeunes de la rue âgés de 24 ans ou moins, à Toronto. On y examine la relation entre la dépression et divers facteurs, y compris la consommation d'alcool et de drogues, les réseaux de soutien social, l'estime de soi et les antécédents familiaux. Pour leur étude, les auteurs ont choisi (p. 43) des jeunes utilisant les services d'organismes d'aide et des jeunes de la rue en fonction de divers critères associés aux situations suivantes : être un décrocheur, vivre dans la rue, avoir affaire aux services sociaux, et être sans abri. Une somme de 20 $ a été remise aux jeunes qui ont répondu à un questionnaire et ont participé à l'entrevue. On a mesuré le degré de dépression, l'estime de soi, le soutien social, les problèmes de consommation d'alcool et de drogues ainsi que l'instabilité familiale au moyen d'une série d'échelles, et leurs liens sont évalués dans le cadre d'une analyse de régression. À la page 51, les auteurs concluent que les indicateurs les plus fiables pour les jeunes de la rue en ce qui a trait à la dépression sont l'estime de soi et le temps passé dans des centres pour itinérants. Ils se sont rendu compte (p. 51-52) que non seulement une faible estime de soi était sujette à l'autorenforcement, mais que « les jeunes de la rue qui sont dépressifs sont probablement moins en mesure de faire face au problème d'hébergement et se tournent plus souvent vers les centres pour itinérants… qui sont parfois malpropres, bruyants, dangereux et surpeuplés »
, ce qui aggrave leur dépression.
SOBO, Elisa J., Gregory D. ZIMET, Teena ZIMMERMAN et coll. « Doubting the experts: AIDS misconceptions among runaway adolescents », Human Organization, vol. 56, no 3 (1997), p. 311-320.
Cet article présente les attitudes et les idées concernant l'information et les conseils relatifs au VIH/SIDA chez les jeunes de la rue « …dans le but d'améliorer l'efficacité des programmes d'éducation touchant le SIDA/VIH qui visent les adolescents »
(p. 311). Les auteurs font remarquer que les jeunes sans-abri qui sont dans les villes peuvent présenter un risque accru de contracter le SIDA en raison de leurs comportements sexuels à haut risque et de leur consommation de drogues. Ils soulignent que la pauvreté et la nécessité de trouver de la nourriture, un abri et de l'argent prennent la priorité sur l'obtention de condoms. Une étude a été menée auprès des jeunes fréquentant deux refuges à Cleveland, dans l'état de l'Ohio, au moyen « …d'une entrevue en personne semi-structurée »
(p. 311) et d'un questionnaire auto-administré, en vue de réunir des données concernant les décisions de nature sexuelle de même que de l'information sur les attitudes envers les spécialistes du SIDA et leurs conseils. Les données ont ensuite été analysées en fonction du sexe et de l'origine ethnique, mais non de l'orientation sexuelle. Les résultats font entrevoir de nombreuses idées fausses et du cynisme quant à l'information fournie aux jeunes au sujet du SIDA, les jeunes Noirs et les jeunes filles ayant tendance à être plus cyniques et soupçonneux vis-à-vis de l'information qui leur est cachée. À la page 318, Sobo et coll. suggèrent « une méthode davantage axée sur les origines ethniques ainsi qu'une observation plus étroite des participants et un contact permanent avec les jeunes qui participent à une étude »
afin d'améliorer la fiabilité des données et de réduire l'auto-divulgation, qui peut être influencée par « l'acceptabilité sociale »
(p. 318).
WEBER, Marlene. Street Kids: The Tragedy of Canada's Runaways, Toronto, University of Toronto Press, 1991.
L'ouvrage de Weber, qui repose sur un nombre important d'entrevues effectuées auprès de jeunes de la rue dans plusieurs villes canadiennes de façon non systématique, est intéressant en raison des récits racontés par de jeunes garçons et de jeunes filles provenant de divers groupes ethniques. À la page 14, l'auteure soutient que « le racisme, l'homophobie et le sexisme sont fort répandus dans la rue »
, et elle présente des exemples fournis par des jeunes de la rue qu'elle a interrogés « à l'heure et à l'endroit qui leur convenaient »
(p. 5). L'étude aborde les dangers relatifs à l'hébergement, à la provenance de la nourriture, à la vulnérabilité aux abus et à la violence, et aux « problèmes lourds »
(p. 225) liés à la consommation de drogues et d'alcool. Bien que l'ouvrage ne fournisse pas une analyse scientifique de la vie des jeunes de la rue, une lecture attentive des résultats d'entrevue permet de discerner une panoplie de problèmes, allant de la température froide à la grossesse, auxquels sont confrontés les jeunes de la rue. Plusieurs de ces agents stresseurs ne sont pas décrits dans les autres écrits examinés.
WITT, Peter A. et John I. COMPTON, éd. Recreation Programs That Work for At-Risk Youth: The Challenge of Shaping the Future, State College (Pennsylvanie), Venture Publishing, 1996.
Cet ouvrage renferme 38 études de cas communautaires de programmes modèles destinés aux jeunes à risque mis sur pied par des ministères de loisirs et des parcs partout en Amérique du Nord dans le but de diminuer les problèmes sociaux touchant les jeunes à risque. Parmi les programmes conçus spécifiquement pour les jeunes de la rue, citons le Programme jeunesse 2000, qui est un projet multiculturel montréalais qui rassemble des jeunes de la rue et des adultes « animateurs »
(p. 137). Ces derniers agissent comme modèles et facilitent la participation et l'engagement responsable chez les jeunes. En outre, les Northern Fly-In Sports Camps, qui s'adressent aux jeunes Autochtones du Manitoba, visent à rapprocher les cultures autochtones et non-autochtones et à combler « …les besoins concernant des programmes et des formations mettant l'accent sur l'importance de l'activité physique »
. Dans le même ordre d'idée, l'étude mentionne le programme Late Night Recreation, qui s'adresse à des groupes culturels comme les insulaires de l'Asie et du Pacifique, ainsi qu'un partenariat communautaire pour les jeunes sans-abri d'Olympia, à Washington, qui rassemble les services communautaires à l'intention des jeunes, les parcs et les loisirs, ainsi que le service de police de la ville. Les gens de la rue participent pleinement à la conception, à l'élaboration et à la mise en œuvre de tous les programmes, lesquels sont soumis à des évaluations. Même si plusieurs de ces programmes comportent des volets qui s'adressent aux jeunes de diverses origines ethniques et aux adolescentes enceintes qui vivent dans la rue, aucun volet consacré aux jeunes filles, aux jeunes gais ou lesbiennes, ou aux jeunes ayant des handicaps n'est mentionné.
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