La conduite automobile sous l’influence de drogues : recueil d’études de recherche

Sources annotées

Études internationales

1. Bates, M. N., et T. A. Blakely

« Role of cannabis in motor vehicle crashes », Epidemiology Review, no 21 (1999), p. 222-232.

Aperçu

Exposé de synthèse sur le rôle du cannabis dans les collisions de véhicules à moteur

Type d’étude, population(s) et fraction contrôlée

Synthèse de cinq études où sont examinés les risques liés au cannabis dans les collisions de véhicules à moteur

Les données fournies dans les études examinées ont été analysées une nouvelle fois dans la plupart des cas

Analyse de la responsabilité

Drogues examinées
Méthode de dépistage et moyen utilisés

Diverses méthodes ont été utilisées pour mener les différentes études

Autres variables dépendantes
Constatations (y compris méthodes statistiques)

Trois études montrent un risque réduit de responsabilité à l’égard d’accidents mortels – RC (rapport de cotes) pondéré de 0,59, p=0,05

Deux études sur les blessures, dont une montre un risque accru et l’autre, un risque réduit

Le risque associé à la consommation concomitante de cannabis et d’alcool est plus élevé que pour l’alcool seul, mais pas de manière significative (petit nombre de cas)

Observations

Les auteurs dégagent plusieurs facteurs qui limitent la validité des études de responsabilité

Les conducteurs qui ont consommé du cannabis modifient leur comportement au volant pour masquer ce qui peut être perçu comme un affaiblissement de leurs facultés, par exemple, en conduisant plus lentement, en prenant moins de risques et en laissant une plus grande distance entre leur véhicule et celui qui les précède

Il n’est pas possible d’exclure la possibilité que la consommation de cannabis, seul ou avec une autre substance, augmente le risque de collision dans les cas d’accidents moins graves

2. Gemmell, C., R. Moran, J. Crowley et R. Courtney

Literature Review on the Relation between Drug Use, Impaired Driving and Traffic Accidents, CT.97.EP.14, Lisbonne, Portugal, Observatoire européen des drogues et des toxicomanies, 1999.

Aperçu

Ce rapport résume des constatations générales sur la conduite sous l’effet de différentes drogues et analyse certains problèmes soulevés par des études épidémiologiques et expérimentales en ce domaine

Type d’étude, population(s) et fraction contrôlée

Étude documentaire

Drogues examinées (valeurs repères pour détection)
Constatations (y compris méthodes statistiques)
Études épidémiologiques

Pas d’indication claire d’une relation causale directe entre la drogue en question et des accidents

Souvent, pas de groupe témoin

Il y a souvent consommation concomitante de drogues et d’alcool

La présence de drogues ne signifie pas nécessairement des facultés affaiblies

Techniques de simulation
Questions entourant l’artificialité de cette méthode, et problèmes d’éthique vu les fortes doses données aux sujets
Alcool
Aucune drogue dépistée plus fréquemment que l’alcool
Méthadone
Rarement dépistée, et les études ne permettent pas de conclure à un affaiblissement suffisant des facultés
Cannabis
Une des drogues les plus couramment dépistées, bien que souvent simultanément avec de l’alcool, ce qui accroît la probabilité du risque d’accident
Benzodiazépines
La drogue licite la plus souvent dépistée, qui peut multiplier par deux le risque d’accident, particulièrement chez les conducteurs âgés (plus de 65 ans) ou lorsqu’elle est associée à l’alcool
Antihistaminiques
Rare relation causale avec des accidents
Antidépresseurs
Les effets d’une dépression grave peuvent avoir un impact plus important sur la conduite
Amphétamines
Preuves insuffisantes, essentiellement à cause de l’absence d’études contrôlées, mais, à haute dose, accentuent probablement l’affaiblissement des facultés des conducteurs
Ecstasy et autres drogues synthétiques
Des recherches plus approfondies doivent être menées, mais ces drogues rendent probablement la conduite dangereuse

3. Kelly, E., S. Darke et J. Ross.

« A review of drug use and driving: epidemiology, impairment, risk factors and risk perceptions » , Drug and Alcohol Review, no 23 (2004), p. 319-344.

Aperçu

Étude documentaire sur la conduite et la consommation de drogues

Type d’étude, population(s) et fraction contrôlée

Étude documentaire

Drogues examinées (valeurs repères pour détection)

Cannabis

Méthode de dépistage et moyen utilisés
Autres variables dépendantes
Constatations (y compris méthodes statistiques)

Taux de prévalence de la conduite sous l’influence de drogues : environ 4 % au cours des 12 derniers mois

Jusqu’à 25 % des conducteurs impliqués dans des accidents ont été dépistés positifs à des drogues

Le cannabis est la drogue la plus communément dépistée, suivie des benzodiazépines, de la cocaïne, des amphétamines, des opioïdes – la polytoxicomanie est courante, de même que la consommation concomitante de drogue et d’alcool

Le cannabis et les benzodiazépines augmentent les risques

Le lien entre des problèmes de toxicomanie et la conduite sous l’influence de drogues n’est pas clairement établi

La conduite avec facultés affaiblies est un sujet qui suscite moins d’inquiétude parmi les conducteurs qui consomment de la drogue que parmi ceux qui consomment de l’alcool : l’impression générale est que les drogues n’affectent pas significativement les facultés des conducteurs

La perception des risques varie selon le type de drogue dont il est question : on considère que le cannabis affecte moins les facultés que les autres drogues, y compris l’alcool

Les recherches et les interventions devraient être ciblées sur les groupes à haut risque

4. Ramaekers, J. G., G. Berghaus, M. van Laar et O. H. Drummer

«Dose related risk of motor vehicle crashes after cannabis use », Drug and Alcohol Dependence, no 73 (2004), p. 109-119.

Aperçu

Revue d’études sur la prévalence du cannabis et le risque relatif que cela présente pour la conduite de véhicules. Analyse d’études épidémiologiques et expérimentales

Type d’étude, population(s) et fraction contrôlée

Étude documentaire

Drogues examinées (valeurs repères pour détection)
Constatations (y compris méthodes statistiques)
Études épidémiologiques

Taux de prévalence de THC entre 4 et 14 % chez les conducteurs blessés mortellement ou non

En l’absence de groupes témoins, le rôle du THC dans les accidents ne peut pas être déterminé

Études de la responsabilité

On constate une augmentation significative des taux de responsabilité dans les cas où il y a consommation concomitante de cannabis et d’alcool

En ce qui concerne plus précisément la présence de THC, le taux de responsabilité augmente en fonction de la dose (RC de 2,7 par comparaison avec les conducteurs n’ayant consommé aucune drogue)

Études cas-témoins

Le RC relatif aux accidents et aux blessures parmi les conducteurs chez qui le THC a été dépisté ou qui avaient consommé du cannabis au cours d’une période donnée avant de prendre le volant se situe entre 2,3 et 2,9

Pour la consommation concomitante avec l’alcool, le RC se situe entre 4,6 et 80,5

Études expérimentales

Les études effectuées à l’aide de simulateurs interactifs (dose jusqu’à 200 kg), montrent que le THC accentue la variabilité de la position latérale, de l’intervalle entre véhicules et de la vitesse, et fait que les sujets ne tiennent pas compte de la signalisation routière, heurtent des obstacles et réagissent plus lentement à des demandes secondaires

En situation réelle (dose de THC de 8,4 mg), la concentration, l’attention et le jugement au volant sont affectés de façon significative

En cas de consommation concomitante de cannabis et d’alcool, on a constaté un affaiblissement plus marqué des facultés des conducteurs

5. Thomas, R. E.

« Benzodiazepam use and motor vehicle accidents -- systematic review of reported association », Médecin de famille canadien, no 44 (1998), p. 799-808.

Aperçu

Examen de la relation entre la consommation de benzodiazépines et les accidents impliquant des véhicules à moteur

Type d’étude, population(s) et fraction contrôlée

Examen d’études cas-témoins, de rapports de police et de services d’urgence, ainsi que d’études expérimentales sur les effets des benzodiazépines sur la conduite

Drogues examinées (valeurs repères pour détection)
Méthode de dépistage et moyen utilisés
Autres variables dépendantes

Examen de la conduite avec facultés affaiblies, d’accidents, de taux de mortalité, de dossiers médicaux et de taux d’hospitalisation

Constatations (y compris méthodes statistiques)

Le RC relatif à la mortalité et au traitement médical d’urgence se situe entre 1,45 et 2,4

Dans les études basées sur des rapports de police et des services d’urgence, les benzodiazépines sont un facteur dans les collisions dans une proportion de 1 à 56 % (généralement entre 5 et 10 %)

Lorsque le taux d’alcoolémie était inférieur à la limite légale, des benzodiazépines ont été dépistées dans 43 à 65 % des cas

Dans une étude contrôlée, des benzodiazépines ont été dépistées chez 5 % des conducteurs impliqués dans un accident et 2 % de ceux du groupe témoin

Les benzodiazépines multiplient par deux le risque d’accident impliquant des véhicules à moteur

Chez les conducteurs de plus de 65 ans, le risque augmente s’ils prennent des benzodiazépines à effet prolongé ou en plus grandes quantités

6. Ward, N. J. et L. Dye.

Cannabis and Driving: A Literature Review and Commentary, Road Safety Research Report, No 12, London, Department for Transport, Local Government and the Regions, 1999.

Aperçu

Étude documentaire sur le cannabis au volant

Type d’étude, population(s) et fraction contrôlée

Étude documentaire commentée

Drogues examinées (valeurs repères pour détection)

Méthode de dépistage et moyen utilisés

Autres variables dépendantes

Constatations (y compris méthodes statistiques)

Constatations basées sur des tâches exécutées en laboratoire : le cannabis affaiblit clairement les facultés en ce qui concerne, par exemple, le contrôle de la trajectoire ou l’attention

Constatations basées sur des tâches exécutées en situation réelle ou à l’aide de simulateurs : la détérioration des facultés n’est pas aussi prononcée

On peut penser qu’un effort compensatoire est fourni pour contrebalancer les effets de la détérioration des facultés

Dépistage positif de cannabis dans 4 à 12 % des accidents mortels – dans la plupart des cas, l’alcool est un facteur de confusion

Aucune donnée de base sur les cas où il n’y a pas eu d’accident

Les auteurs émettent l’hypothèse que l’équivalent, pour le cannabis, du taux d’alcoolémie légal (80 mg/100 ml) serait de 11 ng de THC/ml

Les auteurs notent le caractère fragmentaire et lacunaire des recherches, ainsi que les nombreux problèmes rencontrés. Aucune conclusion ferme n’a pu être tirée