Examen du lien entre la criminalité et la situation socio-économique à Ottawa et à Saskatoon : Analyse géographique à petite échelle

7. Résultats de l'étude no 2: quartiers de Saskatoon

7. Résultats de l'étude no 2 : quartiers de Saskatoon (suite)

7.6 Caractéristiques des secteurs à haut taux de criminalité

Le tableau 7.6 montre les valeurs moyennes pour chaque variable employée dans l'étude selon trois regroupements:

  1. tous les quartiers résidentiels (n=55)
  2. les secteurs à haut taux de criminalité, Toutes les infractions (n=10)
  3. les secteurs à haut taux de criminalité, crimes de violence (n=12).

Le tableau révèle des écarts socio-économiques considérables entre les SHTC et les conditions générales dans les quartiers de Saskatoon. En moyenne, les SHTC ont des proportions beaucoup plus grandes de personnes seules, de personnes ayant déménagé récemment, de résidents autochtones et de jeunes ne fréquentant pas l'école. La faible scolarité est un problème important dans les SHTC où en moyenne, plus de 40% des résidents de 20 ans et plus n'ont pas de diplôme d'études secondaires, comparativement à la moyenne globale d'environ 27%. De plus, la proportion de résidents ayant fait des études universitaires est moins de la moitié de la moyenne globale. Par ailleurs, les résidents des SHTC sont beaucoup plus dépendants vis-à-vis des transferts gouvernementaux et sont plus susceptibles de vivre avec un revenu faible. Le taux des familles à faible revenu est plus du double de la moyenne des quartiers.

Le tableau 7.6 indique également des écarts notables dans les conditions de logement, les SHTC ayant des proportions considérablement plus grandes de locataires de même que de vieux logements et d'habitations ayant besoin de réparations majeures. La valeur moyenne des habitations et le prix de vente moyen des maisons sont également nettement plus bas dans ces secteurs. Enfin, les conditions d'emploi sont moins favorables dans les SHTC, comme en témoignent des taux de participation beaucoup plus faibles et des taux de chômage nettement plus élevés. Ces problèmes socio-économiques sont particulièrement aigus dans les cinq SHTC énumérés dans le tableau 7.7, qui sont tous situés sur la rive ouest de la South Saskatchewan River, dans le cœur et autour du cœur de la ville.

7.7 Résumé des constatations et questions d'orientation pour Saskatoon

Les conclusions principales de la présente étude peuvent contribuer à plusieurs grandes initiatives stratégiques visant la prévention du crime, la valorisation sociale et le développement communautaire. Il est évident que le taux de criminalité élevé de Saskatoon est dû, en grande partie, à une forte concentration de la criminalité dans plusieurs quartiers, dont le Central Business District (CBD), Pleasant Hill, Riversdale, Caswell Hill et King George. La majorité des crimes dans le CBD sont liés à des crimes mineurs contre les biens, en particulier le vol. C'est dû au fait que le secteur du centre-ville offre une abondance d'opportunités criminelles puisqu'on y trouve beaucoup d'activités de vente au détail et d'immeubles à bureaux. La plupart des districts commerciaux centraux au Canada ont des taux de criminalité plus élevés pour cette raison. Par conséquent, il conviendrait d'adopter des stratégies de prévention du crime dans lesquelles les policiers travaillent en collaboration avec le milieu des affaires du centre-ville pour réduire les vols et d'autres crimes mineurs contre les biens en améliorant la sécurité et les méthodes de surveillance. Le service de police de Saskatoon a actuellement un «programme de sécurité des entreprises».

Dans d'autres SHTC, en particulier dans les quartiers centraux énumérés ci-dessus, les mesures stratégiques devraient se concentrer sur le développement social dans quatre domaines connexes:

  1. la qualité et le caractère abordable des logements,
  2. l'éducation et la formation,
  3. les programmes et les services destinés aux jeunes et
  4. la violence chez les Autochtones.

La ville de Saskatoon a mis en œuvre plusieurs plans locaux qui prévoient des consultations auprès de la collectivité pour évaluer les problèmes des quartiers et élaborer des politiques afin de guider la croissance future et d'améliorer la qualité de vie. Par exemple, le plan local de Pleasant Hill a été mis au point en 2002 et il a permis de relever plusieurs problèmes persistants dans le quartier, comme la détérioration des infrastructures, la mauvaise qualité des logements, la pauvreté et l'augmentation de la criminalité. Plusieurs recommandations ont été formulées, dont l'investissement dans l'entretien de l'infrastructure et des routes, des modifications du zonage pour encourager le développement commercial et résidentiel, la limitation du nombre de bureaux de prêteurs sur gages, l'exécution d'une vérification de la sécurité locale et la modernisation des installations des parcs et des installations récréatives et patrimoniales (City of Saskatoon, 2002). Des plans locaux ont été élaborés pour d'autres quartiers centraux, dont Caswell Hill et King George et plusieurs autres sont en voie d'élaboration (Riversdale) ou prévus dans un proche avenir (City Park et Westmount).

En plus des plans locaux, la ville de Saskatoon a élaboré une série de politiques du logement. Même si la ville n'est pas propriétaire de logements et ne gère pas des programmes de logements, elle fait la promotion d'options de logements abordables et s'associe à des organismes, dont plusieurs organismes du secteur privé, pour restaurer des habitations plus vieilles ayant besoin de réparations, en particulier dans le cœur de la ville. Un nombre suffisant de logements abordables de bonne qualité est la pierre angulaire de la création de quartiers stables.

Quant aux initiatives communautaires, la police et la ville ont ouvert plusieurs centres d'accueil pour les jeunes, y compris un prévu pour Pleasant Hill, et ils ont lancé des programmes visant à décourager les jeunes d'adhérer à des gangs. Selon le Criminal Intelligence Service Saskatchewan (2005), les gangs et en particulier les gangs d'Autochtones constituent un problème croissant et grave à Saskatoon puisqu'ils se livrent à des actes de violence, au trafic de stupéfiants, au recrutement et à l'intimidation et ils ont semé la peur dans les quartiers centraux. Il faudrait intensifier les interventions dans ces collectivités en vue d’offrir des solutions de rechange aux jeunes à risque de s'engager dans des gangs. Par exemple, les travaux exécutés pour produire les plans locaux peuvent servir de catalyseurs pour offrir plus de services ou de programmes aux jeunes, en particulier en ce qui concerne les parcs, les loisirs, les arts, la culture et l'éducation.

Si efficaces que ces programmes puissent être pour réduire les taux de criminalité et améliorer la qualité de vie, il est clair que la ville de Saskatoon a besoin de plus d'aide des instances gouvernementales supérieures, en particulier au plan fédéral. Une caractéristique importante de Saskatoon, comme d'autres villes de l'Ouest canadien, est l’afflux considérable d'Autochtones provenant des réserves et des régions rurales. Dans la plupart des cas, la migration des réserves signifie que des Indiens inscrits ne relèvent plus de la compétence du gouvernement fédéral et la prestation des services sociaux à ces personnes devient la responsabilité des administrations provinciales et municipales. Tel que mentionné, la recherche effectuée par La Prairie (2002) montre que certaines villes, dont Saskatoon, compte pour beaucoup dans la sur-représentation des Autochtones dans le système de justice. Le gouvernement du Canada devrait élargir sa Stratégie pour les Autochtones vivant en milieu urbain (SAVMU) afin de fournir une aide financière additionnelle et de travailler en collaboration avec la province de la Saskatchewan et la ville de Saskatoon afin d'améliorer la disponibilité de logements abordables et les possibilités d'éducation et de formation, en particulier pour les jeunes Autochtones des quartiers centraux. La SAVMU a été mise en œuvre en 1998 et elle finance actuellement des projets pilotes dans plusieurs villes, dont Saskatoon. Si les trois paliers de gouvernement agissaient de concert, l'objectif devrait être d'améliorer le niveau de vie des Autochtones et des non-Autochtones qui vivent dans des quartiers défavorisés et avec le temps, de réduire les niveaux de violence et les contacts avec le système de justice

Tableau 7.1 - Statistiques descriptives (n=55)

Tableau 7.2 - Puissance explicative de l'analyse des composantes principales
Composante Valeur propre % de la variance totale % cumulatif
1 13,6 46,8 46,8
2 3,6 12,7 59,6
3 2,3 7,9 67,5
4 2,0 7,0 74,6
5 1,6 5,5 80,1
6 1,1 4,0 84,2